Critique : Paradise Kiss - Episode 1 à 4
Le 05/11/2009 à 08:09Par Valérie Frot
Paradise Kiss est visuellement un véritable petit bijou. On en prend plein les yeux, le chara design de Nobuteru Yuki est fort réussi et les décors sont extrêmement soignés à l'instar de ceux du manga de Ai Yazawa. Ses autres atouts sont ses personnages hétéroclites terriblement attachants et une véritable fraîcheur scénaristique, avec des pointes d'humour habilement disséminées tout au long de Paradise Kiss. La trame de la série reprend relativement fidèlement celle du manga et l'on retrouve avec grand plaisir plusieurs des personnages de l'oeuvre précédente de l'auteure. Pas de fausse note pour ce premier DVD enchanteur.
Paradise Kiss d'Ai Yazawa (Nana, Je ne suis pas un ange, Last Quarter, Princess Aï...) a été prépublié entre 2000 et 2004 au Japon dans le magazine Zipper qui a la particularité d'être dédié à la couture. Or le manga est justement axé sur le monde de la mode, à l'instar de Gokinjo, une vie de quartier (ou Gokinjo Monogatari), dont il est une sorte de spin-off. Il en reprend notamment plusieurs personnages, même si les deux oeuvres peuvent être lues indépendamment l'une de l'autre. Il en va de même pour les séries animées respectives. Réalisée en 2005, la série Paradise Kiss qui compte 12 épisodes est une production Madhouse. Il s'agit de la seconde adaptation du studio d'une œuvre de Ai Yazawa, la première étant justement Gokinjo Monogatari.
Yukari se fait aborder dans la rue par un étrange garçon au look punk. Elle est ensuite amenée à rencontrer ses futurs camarades aux allures tout aussi peu conventionnelles les uns que les autres. Constatant sa grande taille et sa minceur, les jeunes étudiants de la « Yazawa art » lui demandent instantanément d'être leur mannequin pour leur défilé de fin d'année. A leur contact, la vie de Yukari, si terne jusqu'à présent, va soudainement basculer. Elle semble enfin avoir trouvé sa voie mais ses parents ne l'entendent pas de cette oreille. Elle va alors se rebeller et accepter malgré tout, la proposition de George, Miwako, Arashi et Isabella.
L'héroïne, Yukari Hayasaka, est une jeune lycéenne studieuse qui sous la pression parentale, passe le plus clair de son temps à étudier pour ses examens. Sa vie va radicalement changer lorsqu'elle rencontrera fortuitement des élèves de l'école de stylisme « Yazawa » (Yazawa étant bien entendu un clin d'œil au nom de l'auteure de la série). Paradise Kiss aborde certains problèmes liés à l'adolescence puisque Yukari est elle-même une jeune fille mal dans sa peau et peu sûre d'elle. Ai Yazawa dénonce avec réalisme la pression soutenue aux allures de chantage que peuvent quelquefois faire subir certains parents à leurs enfants en ce qui concerne leurs études. L'héroïne, étouffée par son milieu rigide et étriqué, décide de prendre sa vie en main. Mais certains choix que l'on fait dans l'urgence peuvent s'avérer ensuite malencontreux... Paradise Kiss parle également des doutes suscités par les premiers émois amoureux ainsi que de la difficulté de faire des concessions au sein d'un jeune couple.
La trame de la série reprend relativement fidèlement celle du manga et l'on retrouve avec grand plaisir plusieurs des personnages de Gokinjo Monogatari : les parents de Miwako et Arashi ainsi que le concierge de leur immeuble, Noriji, font tous une petite apparition au cours de l'histoire. D'une manière générale, les personnages s'avèrent véritablement attachants. Si l'héroïne est dans un premier temps agaçante et immature, elle évolue au fil des épisodes et devient de plus en plus intéressante. Mais c'est Miwako, la femme-enfant de Paradise Kiss, qui retient dans un premier temps toute notre attention, sa fragilité et sa bonne humeur constante étant très touchantes. L'une des performances de la série est qu'elle ne délaisse aucun des protagonistes, chacun d'entre eux est traité avec autant d'égard quelque soit sa place dans l'intrigue.
L'exercice de transposer le manga de Ai Yazawa à l'écran n'était pas évident, mais il faut constater que le résultat est très réussi et Paradise Kiss est indiscutablement une série de grande qualité. Le somptueux chara design de Nobuteru Yuki (Vision of Escaflowne, X-1999) rend un bel hommage au trait délicat et élégant de la mangaka. La musique, assez rythmée, est en parfaite adéquation avec le thème de la série lié à la mode et la création. L'opening de Tommy february6, Lonely in Gorgeous, et l'ending de Franz Ferdinand, Do what you want to, se conjuguent précisément avec les images originales et divertissantes des génériques.
La nouvelle est tombée récemment : la Fox est en pourparlers pour produire un film live de Paradise Kiss avec la société japonaise de production IMJ pour un budget de 3 à 4 millions de dollars.