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Boxers

Le 29/07/2008 à 07:07
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Notre avis
7 10 On connaissait Ong Bak, Born to Fight ou encore L'Honneur du Dragon, autant de films valant pour leurs séquences de pure baston décérébrée. Avec Boxers, le cinéma d'action thaï passe à la vitesse supérieure en intégrant la boxe thaï dans un film doté d'un scénario bien construit dépeignant un milieu sportif gangrené par les mafias. Dynamisée par une mise en scène stylisée, Boxers est une fresque sentimentale dont les héros, classiques mais attachants, se déchaînent dans des combats d'une violence viscérale réservant quelques moments anthologiques. Bonne surprise.

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Avec Ong Bak en 2003, le cinéma thaïlandais gagnait une aura nouvelle en matière de cinéma d'action pur, celui qui bastonne et qui fait mal, comme on en trouvait à Hong Kong jusqu'au milieu des années 90. Une renommée soudaine longtemps associée à la seule personnalité de Tony Jaa, artiste martial propulsé au rang de star internationale et d'icône des arts martiaux grâce au long métrage de Prachya Pinkaew. Avec le recul, on constate que l'industrie thaï ne possède pas encore les moyens de prendre définitivement la relève de l'ex-colonie britannique, faute de pouvoir financer un nombre suffisant de productions. Ong Bak n'était pas pour autant le fruit d'un hasard, comme sont venus en témoigner par la suite Born to Fight (2004), réalisé par le chorégraphe Panna Rittikrai, L'honneur du Dragon (2005), seconde collaboration entre Tony Jaa et Prachya Pinkaew, et quelques autres. Des films minimalistes sur le plan de l'intrigue mais d'une redoutable efficacité dès lors qu'il s'agit de combats spectaculaires ou de cascades suicidaires. Avec Boxers, le cinéma d'action thaï monte d'un cran en intégrant les scènes d'action démentes dont il est capable dans une fresque moderne où se côtoient les grands sentiments et l'ultraviolence.

 

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Réalisé en 2007, Boxers marque la seconde incursion de Kongkiat Khomsiri dans la réalisation de long métrage après Art of the Devil 2 et bénéficie une fois de plus du soutien de l'incontournable Tanit Jitnukul en tant que producteur. Pour les novices, Tanit Jitnukul oeuvre depuis les années 80 et n'est autre que le réalisateur du film barbare Bang Rajan, autre choc thaï découvert par le public français à Deauville en 2001, mais aussi de Kunpan : Legend of a Warlord (2002) - deux films dont Khomsiri était déjà l'un des scénaristes. Si la mention de la boxe thaï dans la bande annonce évoquera immédiatement Ong Bak, Boxers n'a de commun avec le métrage de Pinkaew que l'emploi de l'art martial et l'ambition élevée de ses scènes d'action. En effet, plutôt que de se contenter de créer des situations propices à des bastons de plus en plus spectaculaires, Boxers développe des personnages crédibles sur la durée, s'appuyant sur le canevas certes classique mais toujours parlant des amis d'enfance amenés à suivre des voies différentes à l'âge adulte. Le film utilise comme fil directeur les destins croisés et opposés de Pao (Thawatchai Phanpakdee) et Piak (Akara Amarttayakul), le premier aspirant à une vie honnête tandis que le second, personnage tragique par excellence, effectue une véritable descente aux enfers en tombant dans les griffes de la mafia. On pourra certes reprocher quelques élans mélodramatiques un peu trop appuyés dans la dernière partie, mais Boxers n'en est pas moins une charge noire contre la corruption qui sévit dans le milieu de la compétition officielle et la cruauté qui règne dans celui des combats clandestins, la frontière entre ces deux mondes interdépendants s'avérant en fin de compte très ténue.

 

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Outre ses qualités narratives, Boxers se distingue par ses séquences d'action particulièrement réalistes, atteignant un degré de violence viscérale assez inédit qui entre en opposition avec le caractère très sentimental des personnages. Tandis que les scènes sur le ring misent sur le réalisme, l'emploi des coudes et des genoux étant toujours à l'honneur avec le Muay Thaï, les combats clandestins valorisent les coups les plus vicieux et les plus douloureux dans un pur esprit ultimate fighting, le Chaiya venant toujours à bout des autres styles grâce à sa redoutable efficacité. Le métrage s'achève par ailleurs dans une séquence d'action anthologique à armes blanches et saupoudrée d'une sympathique touche western, la violence qui se déchaîne faisant presque passer le final de City of Violence pour une promenade d'enfants. Mentionnons enfin que Boxers ne nous épargne pas quelques détails croustillants sur les conséquences parfois sordides des blessures des combattants.

 

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Les séquences d'action n'ont pas pour seul mérite de mettre en oeuvre des chorégraphies terre-à-terre, mais aussi de bénéficier d'une esthétique soignée, et c'est là l'un des aspects les plus réjouissants. Comme on s'en souvient, si Art of the Devil 2 ne réussissait pas à convaincre sur le fond, Kongkiat Khomsiri y montrait déjà l'importance qu'il accordait au style visuel de ses films. Entre le monteur Sunij Asavinikul (Bang Rajan) et le directeur de la photographie Sayombhu Mukdeeprom (Syndromes and a Century, Midnight My Love), Kongkiat Khomsiri s'entoure de collaborateurs décidément brillants. Rythmés par une bande son burnée aux accents hard rock, les combats délivrent des plans d'une clarté irréprochable, les jeux de contrastes venant judicieusement souligner le tranchant des lames dans les affrontements à armes blanches, tandis que la palette de couleurs chaudes imprime aux combats nocturnes une moiteur presque charnelle.

De par son ultraviolence, Boxers ne constitue donc pas un spectacle tout public. En tout cas, cela fait plaisir de voir les arts martiaux thaïlandais se voir offrir la place qu'ils méritent dans un film artistiquement ambitieux.

 

 

L'éditeur nous propose de découvrir dès le 6 août prochain Boxers dans des conditions techniques bluffantes, le film étant accompagné de suppléments originaux mettant le Muay Thaï Chaiya à l'honneur. Retrouvez le test de l'édition DVD ci-dessous en cliquant sur la jaquette...

 

 

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