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Gutterballs : Le slasher hardcore interdit aux moins de 18 ans

Le 03/10/2008 à 09:48
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Notre avis
6 10

Fou, furieux, dangereux, dérangeant, jubilatoire et fichant un monumental coup de pompe dans l'industrie horrifique contemporaine, Gutterballs est une œuvre qui tire vers le haut son aspect bancal, voire fauché, pour en faire la plus grande des qualités. Résultat : un très chouette retour dans les slashers bizarres des années 80, age d'or où les sales garnements restaient plantés devant les VHS aux jaquettes délirantes du rayon horreur de leur vidéoclub de quartier pendant des heures... Et si c'était ça le vrai GrindHouse ?


Le film Gutterballs : un slasher hardcore

Pour être parfaitement honnête, chez FilmsActu on se coltine pas mal de films d'horreur bis, titillant nos sens et nourrissant l'espoir de se payer enfin le film zarbi qui nous réveillera. Enfin on en reçoit beaucoup, des directs to DVD, sur lesquels on jette un œil curieux de temps à autre. On est en 2008, on rêve un peu, mais bon...  Neuf fois sur dix, ça relève de l'exécrable et on ne compte plus les Burger Kill (un truc avec un Ronald McDonald métaleux qui découpe les clients en morceaux), Fanatique (un oncle et une nièce cinéphiles qui baisent ensembles et qui tuent un groupe d'autres cinéphiles sur une île déserte), ou encore Steel Trap (un Scream-Like dans un building tourné en Tchétchénie mais qui prétend se dérouler à Washington). En gros des titres du pourtant sympathique éditeur Free Dolphin qui se trimballe une coltinée de nanars tout juste sortis du four, tournés avec trois kopeks et qui ont le malheur de vouloir singer les films de studios. Faux sur toute la ligne ! On leur doit quand même deux ou trois trucs sympas du genre Black Water, un film de crocodiles naturaliste assez bien foutu. Voilà, on s'est racheté sur ce coup-là même si, comme vous pouvez le constater, nous autres journalistes avons parfois vraiment un travail très difficile...

 

Le film Gutterballs : un slasher hardcore

 

C'est pour ça que le dossier de presse de Gutterballs n'a pas fait exploser notre braguette plus que de raison malgré des arguments qui avaient tout du tapin désespéré : "Le film en version extrême avec plus de meurtres, plus de sang, plus de sexe et autres foufounes bien rasées". Mouais... admettons. On prend le truc sous le bras, parce qu'il semblait nous dire, clope au bec, "Tu viens, chéri ?" et parce que de toute façon, on n'aura pas toujours l'occasion de repartir avec une production fringante, jeune, fraîche et siliconée. Et puis voilà que le titillement reprend. D'abord parce que ce n'est pas Free Dolphin qui distribue (votre Black Water est vachement bien, les mecs), mais surtout parce que Néo Publishing n'a pas pour vocation de faire dans la dentelle fine et cumule la distribution de films crassouillards du plus bel effet. D'ailleurs, en s'y penchant encore un peu plus prêt, Gutterballs se traîne derrière lui une réputation de film vraiment hardcore ayant déchaînée quelques hystéries lors de ses projections en festivals. On se rendra vite compte que c'est vrai.

 

Le film Gutterballs : un slasher hardcore

 

Histoire d'enfoncer le clou, Neo le propose dans deux versions. La version censurée, déjà craignos et interdite au moins de 16 ans dans toutes les bonnes crémeries au rayon Lyrisme au prix modique de 14,99 euros. Et puis il y a la version extrême, encore plus craignos, carrément interdite au moins de 18 ans et uniquement disponible sur Internet sur le site de l'éditeur pour le prix déjà moins modique de 24.99 euros dans une version limitée, numérotée, avec 5 photos en sus. Le plus bizarre là dedans, c'est que dans la version à 14, un bon d'échange est proposé et permet au consommateur de recevoir gratuitement le disque de la version extrême. A moins que d'ici là, le prix des timbres aient grimpés à 10 euros, un simple calcul permet de choisir la démarche la plus avantageuse. A moins, bien évidemment, que vous souhaitiez absolument acquérir 5 photos collector et une boite numérotée pour un film que vous n'avez pas encore vu ni entendu parlé ... Et puis bon, c'est pas du Orson Welles non plus.

 

Le film Gutterballs : un slasher hardcore

 

Je vous imagine déjà, la main sur le cœur, en train de brailler des "Merci FilmsActu.com pour ces chaleureux conseils financiers. Comment ferions-nous sans vous ?". C'est vrai, on se le demande aussi. En tout cas, étant donné le public auquel s'adresse le film, la version extrême s'impose d'elle-même puisqu'elle lui donne tout son intérêt. Avec seulement 6 minutes en rab, le nouveau montage créé une sacrée différence, basculant dans la crudité la plus pure. Plus de meurtres, non, parce que ce sont les mêmes qui cannent ; mais alors plus de sang et plus de sexe, oui. De l'hémoglobine par tonneaux qui gicle de tous les orifices pour repeindre le murs, de la foufoune rasée - comme promis - en gros plan pour le chirurgien coloscope qui sommeil en chacun de nous et même de la quéquette à la pelle. Plus de sexes, oui, avec un S à la fin ! C'est confirmé, l'interdiction aux moins de 18 ans est mille fois justifiée, pour ses scènes de cul ouvertement explicites (on a droit à une belle turlutte frontale), pour sa violence extrême faisant régulièrement grincer des dents, et surtout pour son ambiance un brin malsaine, qui lorgne entre les séquences clairement dérangeantes et du bon gros potache bien lourd, comme on en attend systématiquement sur un produit comme ça.

 

Le film Gutterballs : un slasher hardcore

 

Sinon, de quoi que ça cause Gutterballs, quand même ? En bon slasher, ça ne vole évidemment pas bien haut, mais ça a au moins le mérite de ne pas (trop) plomber son scénario d'artifices comme le genre semble malheureusement en nécessiter aujourd'hui. En gros, on sait très vite qui est derrière le masque du tueur (un sac pour transporter sa boule de bowling avec deux trous pour les yeux) et pourquoi il fait ça. On n'est pas chez Agatha Christie, ce qui compte c'est que ça charcle vigoureusement. C'est en tout cas ce que déverse à l'écran le réalisateur Ryan Nicholson, qui, comme tous les jeunes cinéastes du genre, déclare être un fan inconditionnel des grands classiques et patati et patata. Sauf que là, c'est vrai, ça se voit, appuyé par une charte de couleurs popy (y'a du néon rose et bleu partout) et des fringues très 80's, des personnages clichés fraîchement démoulés (surtout les filles, le hasard faisant bien les choses) et beaucoup d'indices disséminés, ça et là. Le mec s'est farci tous les Vendredi 13 avant Scream et tant mieux. Par ailleurs, l'une de ses affiches pastiche sobrement le Maniac de William Lustig. Une très noble référence qui annonce déjà la couleur. C'est donc l'histoire d'une bande de méchants glandus qui agressent d'autres glandus (plus gentils) dans le bowling local parce qu'ils n'ont pas d'autres moyens de s'exprimer et que "Beuargh, on est les plus forts". Si forts qu'ils en profitent pour faire une tournante avec l'une des nénettes dans une hallucinante scène de viol  dans une salle d'arcade ne durant pas moins de dix minutes, où rien ne nous est épargné : coups, insultes et pénétrations sanglantes avec des objets surdimensionnés. Un coup de massue après une précédente pantalonnade propre aux films un peu cheap de la bonne époque.

 

Le film Gutterballs : un slasher hardcore

 

Et le coup de massue, il n'est pas fini mais cette fois-ci, revanche oblige, ce sont les agresseurs qui vont s'en prendre plein la gueule. Dès le lendemain soir, au même endroit, alors que s'engage une partie comme si de rien n'était... Scènes gores, ultra gores et malsaines s'enchaînent ainsi plus ou moins joyeusement pour à nouveau changer de ton, histoire de perturber le spectateur qui ne sait pas vraiment s'il a affaire à du lard du cochon. A priori, c'est du cochon. Très cochon même. Toutes les filles du film montrent leur nichons, ça c'est bien. Et la plupart des mecs montrent leurs kikis... ça c'est plus anecdotique. Bien que l'on ait droit à  une fille qui montre aussi son kiki. Et puis une chose en amenant une autre, les gens finissent par s'accorder, les unes demandant d'être prises comme "des grosses chiennes" à quoi les prétendants répondront "oui pouffiasse" et autres restes des cours de poésie. Du sang pour sang Baudelaire. Le moins que l'on puisse dire c'est que le trip est vraiment particulier, allant chercher ses sources dans des genres vraiment disparate (Vendredi 13, donc, mais aussi La Dernière maison sur la gauche, Bloody Bird, Street Trash) pour mêler le burlesque au malsain, le sexy au potache, le glauque à la grosse déconne. Une façon atypique d'aborder les choses, comme replongé dans une époque où l'on négligeait la sensibilité avec la simple volonté d'interpeller sauvagement. Curieux objet, donc, que ce Gutterballs où se côtoient les perpétuelles engueulades avec un "fuck" toutes les cinq secondes, mais aussi les émasculations barbares en gros plan (dans le sens de la longueur, s'il vous plait), les sodomies à grands coups de quilles taillées en pointes, un 69 dans des chiottes crasseuses mais mortel et autres ravalements de façade la tronche enfoncée dans une machine à polir les boules... de bowling.

 

Le film Gutterballs : un slasher hardcore

 

Un film incontrôlable revendiquant sa zèderie comme s'il en était le porte-étendard, tout en misant à fond sur une atmosphère ne répondant plus du tout à la moindre convention récente. En méprisant toute véritable démarche artistique, Nicholson propose un bout de péloche qui ne ressemble qu'à lui-même, un melting-pot bâtard, fruit de milles curiosités, quasiment fait pour déplaire. Toujours est-il que Gutterballs peut se targuer de ne nous avoir fait souffler d'exaspération à aucun moment.








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