Re-cycle
Le 26/09/2007 à 22:20Par Elodie Leroy
Réalisé en 2006 par Oxide et Danny Pang, Re-cycle est l'exemple même du film qui déçoit précisément parce qu'il possédait un énorme potentiel. Plutôt réussi sur le plan formel, l'expérience stupéfie par un dénouement moralisateur aux relents réactionnaires des plus révoltants.
Romancière à succès, Ting-Yin se réfugie dans son travail pour oublier ses blessures personnelles. Alors qu'elle débute son nouveau roman, Re-Cycle, d'étranges phénomènes commencent à se produire autour d'elle. Une nuit, alors qu'elle s'aventure dans une ruelle, elle pénètre sans s'en rendre compte un monde surnaturel...
L'histoire débute de manière extrêmement classique par l'intrusion de phénomènes inquiétants et paranormaux dans la vie d'une femme, une romancière à succès du nom de Ting-Yin. Névrosée et solitaire, cette dernière se voit campée par une Angelica Lee dont le jeu a considérablement gagné en épaisseur avec les années, ce qui est une excellente nouvelle. Cheveux longs, coups de téléphone et effets de sursauts en tous genres constituent les ressorts de cette introduction qui n'a rien d'original mais qui reste efficace. Mais au bout d'une demi-heure de bobine, Re-cycle prend une toute autre direction à travers la plongée de Ting-Yin dans un monde parallèle peuplé de zombies et de créatures étranges. Agrémentée d'effets visuels inventifs, foisonnant d'idées intéressantes mêlant habilement le macabre et l'onirique, l'exploration des différents univers s'inspire ouvertement de l'esprit de jeux vidéo tels que Silent Hill, pour son structure narrative, son aspect ludique et ses enjeux dramatiques.
Malheureusement, à travers le dénouement, Oxide et Danny Pang se fourvoient dans une propagande anti-avortement des plus nauséabondes à grand renfort de chantage émotionnel, opérant au passage une confusion monumentale entre fœtus et enfants abandonnés. Ainsi, en dépit de la qualité de la première heure de métrage, il est difficile de ne pas se sentir révolté par tant de bêtise. A Cannes, une bonne partie de la salle est partie avant la fin de la projection et l'on comprend aisément pourquoi.