Est-il nécessaire de revenir sur la vitalité du cinéma de genre espagnol qui aura dernièrement accouché (n'ayons pas peur des allitérations) de passionnantes petites pépites pelliculaires telles Abandonnée, L'Orphelinat, Le Crime Farpait et bien entendu Le Labyrinthe de Pan. Au point que les regards de tous les cinéphiles fantasticophiles sont à raison dirigés au-delà des Pyrénées vers cet eldorado de cinéastes soucieux d'un cinéma populaire de qualité. Dernière preuve en date de cette vitalité, Timecrimes qui après avoir fait le tour d'une flopée de festivals internationaux (dont Gérardmer, où il a remporté le Prix du Meilleur inédit video), débarque directement dans nos bacs sans passer, et c'est regrettable, par la case salles obscures. Regrettable parce que Nacho Vigalondo, dont c'est le premier long-métrage après une série de courts tout aussi remarqués, parvient habilement à mêler thriller, voyage temporels et humour noir sans s'emmeler les pinceaux ni tomber dans la roublardise du film plus malin que son public.


Hector, la quarantaine, marié, sans histoire, est poursuivi par un mystérieux homme au visage recouvert de bandages après avoir été témoin du meurtre d'une jeune femme. Il trouvera dans sa course refuge dans un labo où il sera accidentellement transporté dans le temps, une heure en arrière. En cherchant à tout prix à réparer cette erreur et à revenir au présent, il va déclencher sans le vouloir une série de désastres irréparables... Un pitch astucieux que Rod Serling n'aurait certainement pas dénié intégrer dans sa cultissime Quatrième Dimension. Timecrimes raconte comment un gars banal s'enfonce de plus en plus en tentant de se dépêtrer face à l'impensable. Comment l'adversité le pousse dans ses retranchements. Tout autant scénariste que réalisateur de la chose, Vigalondo n'a pas pour ambition de paumer le spectateur afin de se prouver plus futé que lui (ça c'est pour le petit malin qui a conçu Primer). Ludique dans sa structure, Timecrimes aurait peut-être gagné en efficacité en tant que moyen métrage, car en l'état, comme un trou d'air se fait sentir en milieu de métrage. Timecrimes se laisse pour autant regarder sans déplaisir.