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Hammer : la fin du mythique studio en DVD

Le 15/07/2009 à 10:43
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La Collection Hammer : dossier sur la fin du mythique studio en DVD Après Seven7 il y a quelques années (qui avait édité une vingtaine de titres), c'est au tour de StudioCanal de lancer sa Collection Hammer avec une première vague de cinq films réalisés entre 1971 et 1976 alors que le célèbre studio britannique était sur le déclin. Le dernier film produit par la maison Une fille... pour le diable (To the Devil a Daughter) fait d'ailleurs parti du lot. La bonne nouvelle (ou moins bonne c'est selon) est que l'éditeur français se garde bien de sortir les légendaires films qui ont modernisés les grandes figures du cinéma d'épouvante de la Universal (Dracula, Frankenstein, La Momie etc...) et n'édite (mis à part deux films) des productions plus confidentielles, moins connues du grand public en tout cas. Faisant de cette première fournée une occasion de sortir des sentiers archi-rabattus.


Chronologiquement premier film de la collection, La Momie Sanglante (Blood From The Mummy’s Tomb) demeure une oeuvre insolite à plus d'un titre. Parce que la Hammer troque la traditionnelle figure bandelettée de la momie contre la charmante et sublime Valerie Leon possédée par l'esprit vengeur d'une vieille reine égyptienne, mais aussi et surtout pour la mise en scène vaporeuse de Seth Holt (déjà réalisateur du thriller psychologique Confessions à un cadavre et sa Bette Davis inquiétante) qui transforme cette Momie Sanglante en une sorte de songe éveillé, aérien et intemporel (est-ce un film d'époque victorienne ou contemporain?). Sans être un classique du studio au même titre que les oeuvres de Fisher, La Momie Sanglante se distingue singulièrement du reste de la production du studio et ce malgré sa production particulièrement mouvementée qui vu Andrew Keir remplacer au pied levé  après une journée de tournage Peter Cushing parti rejoindre sa femme mourante, ainsi que Michael Carreras - non crédité - s'occuper des derniers plans après le soudain décès du réalisateur Seth Holt à une semaine de la fin de tournage.


Lassé de l'horreur gothique, le public auparavant fidèle au studio britannique s'était tourné vers des films d'horreur modernes (La Nuit des morts-vivants, La Dernière maison sur la gauche), plus graphiques (L'Exorciste, les bisseries du type I Drink your blood) ou plus européen (Rosemary's Baby). Tentant de rappeler le chaland déserteur dans ses salles obscures, la Hammer ose produire quelques bobines à l'attrait érotique prononcé. Le fantasticophile se souvient avec émotion de la poitrine de Valerie Leon (et de la séquence où, au lit son ami à ses côtés, elle se délecte d'une banane), mais on comptera aussi The Vampire's Lovers de Roy Ward Baker (avec la plantureuse Ingrid Pitt), Lust for a vampire de Jimmy Sangster (et la sexy Yutte Stensgaard) et Les Sévices de Dracula de John Hough (avec les soeurs Collinson échappées de Playboy) qui forment à eux trois une trilogie. L'année suivante c'est au tour du nemesis du docteur Jekyll de se voir érotiser par le studio britannique, le pendant monstrueux du docteur philanthrope (Ralph Bates) se transformant sous l'oeil et la plume de Roy Ward Baker et son scénariste Brian Clemens en une femme vénale à l'allure androgyne (Martine Beswick). Docteur Jekyll et Sister Hyde est d'autant plus éloigné de la nouvelle de Robert Louis Stevenson que Hyde n'est pas ici un monstre qu'il faut à tout prix abattre, mais bien une prolongation de l'esprit malade de Jekyll (ayant ici de fortes accointances avec Jack l'éventreur) qui a besoin de corps pour mener à bien ses expériences contre la mort. Une production qui sans atteindre les incontestables réussites des beaux jours du studio n'en est pas moins attachante, énormément du à l'efficacité de la mise en scène de Roy Ward Baker (la transformation de Jekyll en Hyde - en un plan ! - est un exemple d'économie de moyens).


Au risque d'en surprendre certains, la filmo de la Hammer ne se réduit pas qu'à des films gothiques mais contient une flopée de petits thriller psychologiques tournés en noir et blanc a contrario des grosses productions horrifiques plus prestigieuses tournées elles en couleurs (pour accentuer l'impact du sang rouge écarlate). Un parti pris qui connu ses succès (comme nous l'avons dit plus haut, Confessions à un cadavre), mais qui s'avère dans le cas de Sueur froide dans la nuit malheureusement sans grande réussite. Partant d'un postulat somme toute classique et efficace d'une jeune femme dépressive interprétée par Judy Geeson attaquée à plusieurs reprises par un mystérieux manchot (Peter Cushing), Jimmy Sangster s'enfonce son film graduellement dans le ridicule, à force de pirouettes et de retournements de situation tarabiscotés. Reste à sauver du lot, un Peter Cushing comme d'habitude impeccable. Même constat pour Les Démons de l'esprit de Peter Sykes, pelloche hybride mêlant l'esthétique gothique des succès de la maison et troubles psychologiques. Malgré une photographie à tomber (c'est d'ailleurs le dernier film du chef opérateur Arthur Grant qui décéda la même année), le film de Peter Sykes pêche par un scénario auquel jamais nous n'adhérons. La chute du studio n'est pas loin... et viendra avec Une fille... pour le diable du même Peter Sykes.


Cachant en fait une seconde adaptation du roman de Dennis Wheatley intitulé Les Vierges de Satan/The Devil Rides Out - que Terence Fisher avait fidèlement porté à l'écran huit ans plus tôt en gardant le titre original - Une fille... pour le diable tente de surfer (maladroitement) sur le succès planétaire et inattendu de L'Exorciste de William Friedkin. Devant la caméra, un casting quatre étoiles : l'irremplaçable Christopher Lee, Nastassja Kinski (qui sortait tout juste du Faux Mouvement de Wim Wenders) et un Richard Widmark vieillisant. Gore, grotesque et abstrus, le film de Peter Sykes (Les Démons de l'esprit) est à mille lieues de ce que la Hammer était jusque là habituée à produire (graphique mais pas trop), ce qui en soi n'est pas plus mal, mais Sykes échoue à créer un semblant d'atmosphère angoissante alors même que l'enjeu de tout le film est rien de moins que d'empêcher la naissance de l'Antéchrist. Un dernier film peu glorieux pour ce studio qui aura offert quelques unes de plus belles pépites du cinéma fantastique.







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