Avatar 2 repoussé à 2021 ? Le producteur de James Cameron explique pourquoi
Le 13/05/2019 à 18:26Par Olivier Portnoi
Avatar 2 a une nouvelle fois été repoussé. Disney a annoncé que la suite tant attendue du blockbuster SF de James Cameron ne sortira plus en décembre 2020 mais en 2021, soit 11 ans après le premier film.
Quant à Avatar 3 (tourné simultanément), il sera sur nos écrans en 2023. Pour Avatar 4 et 5, également en préparation, il faudra attendre 2025 et 2027. Mas le public aura-t-il cette patience ? Attend-il d'ailleurs toujours Avatar 2 ? Quel impact va avoir le rachat de la Fox par Disney ?
Ce sont les questions que l'on a pu poser à Jon Landau, producteur et ami de James Cameron, venu à Paris pour la promo de l'impressionnant spectacle Toruk Avatar du Cirque du Soleil.
"On ne voulait pas de cliffhanger. Pas d'infinity War ou d'Empire contre-attaque."
Comment se fait-il qu’Avatar 2 nous parvienne si longtemps après le premier film ? A cause des défis technologiques nécessaires à la vision de Cameron ?
Jon Landau : Oui en partie. Il est essentiel que les suites d'Avatar soient aussi incroyables que le premier film. Les Avatar ne sont pas juste des films. Ils sont bien plus que celà. Avant de démarrer toutes ces suites, on tenait à avoir les quatre scénarios achevés. On devait savoir où on allait pour que chaque film ait sa propre conclusion. On ne voulait pas de cliffhanger. Pas d'infinity War ou d'Empire contre-attaque. Chaque film Avatar doit se tenir par lui-même.
Que pouvez-vous nous dire sur Avatar 2 et ses suites?
On a pris la décision de situer les quatre suites sur Pandora. Dans les autres films de SF, quand les scénaristes ont besoin d’eau ils envoient les personnages sur une planète avec des océans, quand ils veulent de la neige ils les envoient sur une planète de glace. Ce que nous construisons avec Avatar, c'est une métaphore du monde dans lequel nous vivons. On pourrait voyager toute notre vie sur Terre sans découvrir toutes les merveilles qu'elle recèle. A travers les suites d'Avatar, on va découvrir la variété incroyable d’environnements que cache une planète. Mais surtout on va découvrir d’autres clans de Na'vi. Pandora est aussi riche que peut l'être notre planète.
On a entendu parler de scènes sous-marines révolutionnaires dans Avatar 2...
Il y aura beaucoup de scènes sous l’eau, mais aussi au dessus et sur terre. Mais de manière démesurée. Pour répondre à votre question, oui vous allez être bluffés.
"James Cameron est un explorateur.... Jim a réellement voulu tourner dans l’Espace et y a travaillé."
Que pouvez-vous nous dire sur James Cameron que l’on ignore ?
Les gens ne se rendent pas forcément compte que Jim est un explorateur. Jim explore dans sa vie, il n'hésite à plonger au fond des mers dans des endroits où personne n'est allé, Jim explore dans son écriture et dans ses films. Il est toujours à la recherche de cette prochaine frontière à franchir. Il aime se lancer des défis. Pas question pour lui de se reposer sur ses lauriers.
Que manque-t-il aux blockbusters aujourd’hui d’après vous ?
L’histoire. Techniquement on peut tout faire. Mais sans histoire à quoi cela sert ?
Christopher McQuarrie a déclaré que seules deux personnes étaient assez folles pour tourner dans l’espace. Tom Cruise et James Cameron.
C’est exact (rires). A un certain point, Jim a réellement voulu tourner dans l’Espace et y a travaillé. Mais je crois qu’il a pris une bonne décision en choisissant plutôt d’emmener le public à la découverte de Pandora, une lune lointaine. En espérant qu’ainsi ils regarderont notre planète différemment et auront envie de préserver la nature.
Y a-t-il un avant et un après Avatar ?
"Je ne vois pas de meilleur partenaire que Disney."
Est-ce vrai qu’aucun studio ne voulait d’Avatar au départ ?
J’aimerai pouvoir dire qu’aucun studio n’en voulait. Mais il était difficile pour eux de voir dans Avatar ce que l’on y voyait. Pour eux, c’était une histoire de personnages bleus avec des queues. Dans leur esprit, personne n’avait envie de payer une place de cinéma pour un tel film. C’était une histoire trop concernée par les problèmes d’environnement pour eux. Au cours de ma carrière, j’ai pu prendre conscience que les exécutifs des studios ne se font pas virer parce qu’ils n’acceptent pas un film mais au contraire parce qu'ils en produisent. Du coup, ils évitent les risques.
Avatar a révolutionné la 3D à sa sortie. Depuis, la 3D est essentiellement devenue un argument commercial et non plus artistique.
La 3D doit avoir une raison artistique dans un film. On ne croit pas à ce processus de transformer un film en 3D six semaines avant sa sortie et demander au public de l’accepter. Pour nous, la 3D doit être une fenêtre sur un autre monde et pas un monde sortant d’une fenêtre. Robert Rodriguez, dont on a produit le film Alita sur un scénario de Jim, soutient la même philosophie. On a tourné Alita en 3D. Alita n’a pas été converti en post production. La 3D fait parti de notre façon de raconter l’histoire.
Que Disney ait acheté la Fox change-t-il quelque chose pour vous ? Ont-ils peur du coût phénoménal des suites d’Avatar ? Y at-il une pression supplémentaire à ce qu’Avatar 2 soit un carton au box office ?
Jim et moi travaillons avec la Fox depuis 30 ans. Nous sommes tristes qu’ils aient décidé de vendre. Mais s’ils vendaient, je ne vois pas de meilleur partenaire que Disney. On a travaillé huit ans avec eux sur l’attraction The World Of Pandora à Orlando. Ils ont appris à nous connaître. On a appris à les connaître. On a réussi à créer l’attraction la plus appréciée du parc, les gens font parfois 3 voire 4 heures de queue pour y entrer, du jamais vu à Disney.
"Ce que James fait mieux que tout le monde, c’est qu’il déniche des histoires qui ont des thèmes universels et leur offre un contexte extraordinaire."
Vous collaborez étroitement avec James Cameron depuis des années. Qu’est ce qui selon vous fait de lui un cinéaste à part ?
Ce que James fait mieux que tout le monde, c’est qu’il déniche des histoires qui ont des thèmes universels et leur offre un contexte extraordinaire. Le thème, c’est ce que vous emportez avec vous en sortant du cinéma. Le scénario, on le laisse dans la salle. Le thème a une connexion émotionnelle avec nous. Et quand le thème fonctionne, vous voulez y retourner. Cela fonctionne aussi bien avec Avatar, Titanic que Toruk, le spectacle du Cirque du Soleil. L’histoire est celle de personnes sur lesquelles on aurait jamais miser qui deviennent des héros. C’est un message à nous tous. En chacun de nous il peut y avoir un héros.
C’est le thème récurrent des films de James Cameron depuis Terminator dans lequel une simple serveuse se retrouve à sauver l’humanité.
C’est exact. Ripley aussi. Le thème d’Aliens est une histoire entre une mère et une fille. Ce n’est pas juste une histoire d’horreur. Titanic, Avatar, il y a des thèmes forts dans tous ces films. Même True Lies. Jamie Lee Curtis doit s’imposer et se découvre alors qu’Arnold doit affronter son mariage.
James Cameron a toujours été attiré par les personnages féminins forts. Comment l’expliquez-vous ?
Il a grandi entouré de femmes. Elles ont été un modèle et une source d'inspiration pour lui. De plus, il est père de plusieurs filles. Jim a toujours écrit de superbes rôles pour les femmes.
"Chaque projet Avatar a pour ambition de raconter sa propre histoire."
Comment est né Toruk Le Premier Envol ? C’était une envie du Cirque du Soleil ?
Lighstorm (la société de production de James Cameron et Jon Landau) et le Cirque du Soleil sont en contact depuis que Jim les a aidés à réaliser un film sur l'ensemble de leurs spectacles à Las Vegas. Personnellement, j’ai dû voir tous leurs spectacles produits en Amérique du Nord. J’adore le Cirque du Soleil et Jim adore le Cirque du Soleil. Quand Jim s’est penché sur l’idée d’étendre l’univers d’Avatar, on a tout de suite pensé au Cirque du Soleil.
Etendre l’univers Avatar est une priorité pour vous dans les prochaines années ?
Oui. On a une attraction à Disney en Floride. Chaque projet Avatar a pour ambition de raconter sa propre histoire. La grande question sur Toruk était de définir l’histoire que l’on voulait raconter. On leur a dit que l’on ne voulait pas qu’ils racontent l’histoire du film. On l’a déjà fait. Il fallait quelque chose de différent qui n’entre pas en conflit avec Avatar et ses suites au cinéma. L’idée a été de revenir des siècles avant le premier Avatar. Ils nous ont proposé de raconter l’histoire des premiers Toruk, ces Na'vis qui chevauchent les dragons de Pandora. On a adoré cette idée. On a collaboré étroitement ensemble pour que le spectacle entre officiellement dans le monde Avatar.
"Le Cirque du Soleil est parvenu à créer l’incroyable. Plonger les gens dans un film de James Cameron."
Vous avez donc travaillé avec eux sur le scénario…
On a parlé de la langue, des détails, du scénario... Des personnes de chez nous qui créent les décors des films Avatar sont allées travailler avec eux, la personne qui travaille sur les mouvements des Na'vi dans nos films est allée montrer au Cirque comment bouger. Leurs artistes bougent merveilleusement bien mais pas nécessairement comme les Na'vi. La personne qui travaille sur le langage parlé d’Avatar est venue participer aux dialogues. Cela a été une véritable collaboration.
Comment avez-vous réagi en découvrant le spectacle terminé ? Qu’est ce qui vous a le plus épaté ?
Ce qui m’épate le plus c’est de voir ce que le Cirque du Soleil a pu faire pour que le spectacle se déroule à différents endroits de Pandora. Quand vous regardez le spectacle, grâce aux quarante projecteurs, on ne va pas qu’à un endroit de Pandora mais à plusieurs endroits. C’est ce qu’adore le public. A chaque nouvel endroit, on découvre une autre culture, un autre clan. Et chaque clan est unique, dans ses vêtements, sa coiffure, dans ses capacités acrobatiques. Chaque scène propose quelque chose de différent. Et en live. C'est sidérant.
Vous ont-ils amené des idées que Jim et vous n’auraient pas eu ?
Il y a des créatures dans Toruk auxquelles on aurait pas pensé. Mais désormais elles font parti de notre monde. La musique a une grande importance dans le spectacle et leurs percussionnistes frappent d’une manière qui a été une inspiration pour les suites au cinéma. James Cameron aime se défier et défier ceux autour de lui. Il force ses collaborateurs à accomplir des choses qu'ils ne se pensaient pas capable d’accomplir. Et il attend la même chose du Cirque du Soleil en s’associant avec eux. Ce qu’ils ont fait est sans précédent. Même pour eux, alors qu’ils sont habitués aux spectaculaires et au jamais vu. A l’arrivée, le public y gagne à chaque fois. Le Cirque du Soleil est parvenu à créer l’incroyable. Plonger les gens dans un film de James Cameron.
"Les gens ne se lassent pas de Pandora. C’est une histoire qui est intemporelle."
Le timing est important ? Que ce spectacle arrive deux ans avant Avatar 2 est une aubaine ?
Ce spectacle est hors du temps. Les gens ne se lassent pas de Pandora. C’est une histoire qui est intemporelle. Ce spectacle peut être vu aujourd’hui, demain, avant les films, pendant, après. C’est ce que l’on voulait. Il était important que les gens ne se disent pas "il faut que je vois le film avant d’aller voir Toruk". Ou qu’ils se croient forcer de voir Toruk avant Avatar 2. Il fallait que ce spectacle se tienne seul dans l’univers Avatar.
Après le Cirque du Soleil et l’attraction Disney, qu’attendre de plus dans cet univers Avatar en dehors des films ?
On travaille avec une compagnie de jeux vidéos. On travaille avec Massiv, une filiale d’Ubisoft. Ils développent un jeu très ambitieux Avatar Pandora. On vient de lancer notre premier comic book en collaboration avec Dark Horse Comics. On a aussi des livres avec Penguin Random House. On construit notre univers.
Le thème environnemental d'Avatar est-il encore plus important aujourd’hui ?
Absolument. Il est essentiel. Le premier Avatar commence et se termine avec Jake Sully ouvrant ses yeux. Je vois cela comme un challenge pour que les gens ouvrent leurs yeux et comprennent que leurs actions ont des conséquences sur leur entourage et sur le monde. Turok aussi met en avant cette nécessité à préserver les merveilles de la nature. Il en va de notre survie.