Birds Of Prey : "Leon de Luc Besson mais aussi Pulp Fiction ont été des modèles" Harley Quinn interview
Le 04/02/2020 à 15:17Par Olivier Portnoi
Quatre ans après Suicide Squad, Birds Of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn (au cinéma le 5 février) nous permet d'enfin retrouver Margot Robbie chez DC.
Sauf que cette fois-ci pas de Joker. Harley est seule dans Gotham et va croiser la route d'autres filles badass (Black Canary, Huntress) en prenant la défense d'une jeune voleuse, Cassandra Cain, poursuivie par l'horrible Black Mask (Ewan McGregor).
Filmsactu a pu discuter de ce retour d'Harley Quinn avec Cathy Yan, la réalisatrice sino-américaine remarquée à Sundance en 2018 avec son film Dead Pigs.
"On filme une version de Gotham que vous n'avez jamais vu"
Vous êtiez familier avec DC avant d’être contactée pour Birds Of Prey ?
Cathy Yan : J’ai grandi avec les films Batman. Je connaissais bien l’univers autour de Gotham. J’ai toujours aimé ce monde plus sombre que dans les autres histoires de super-héros. J’aimais aussi ses méchants. Cela a été super motivant pour moi de pouvoir créer mon propre Gotham.
Dans d’autres interviews, vous avez cité Trainspotting, Pulp Fiction et même Leon comme des références pour ce film. L’idée pour vous était de sortir du format classique du film de super-héros ?
Oui. Je voulais que le film soit plus sale et granuleux d’une certaine manière et plus tactile. Parfois sur de grosses productions, tout devient trop lisse. Sur Birds Of Prey, une grosse partie du budget est allée dans les détails, dans les décors, ou dans la manière dont on a tourné le film. Mais pas dans les effets spéciaux comme sur les autres films de super-héros. D'ailleurs notre budget n'était pas si énorme au vu de ceux des autres (on parle de 90 millions de dollars là où Shazam en a coûté 100 et Aquaman 180 millions -ndr). Mais oui l’idée était de créer un univers que l’on n’avait pas encore vu au cinéma. Cela reste Gotham mais on explore des endroits encore inexplorés de Gotham.
"On avait Leon en tête dans la relation entre Harley et Cass face à ces hordes de gangsters.
En quoi Leon de Luc Besson a pu influencer Birds Of Prey ?
L’histoire suit Harley qui protège une jeune voleuse de 12/13 ans, Cassandra Cain. On avait Leon en tête dans la relation entre Harley et Cass face à ces hordes de gangsters.
Et Pulp Fiction ?
Dans la structure qui n’est pas conventionnelle. Comme l’histoire est racontée par Harley, elle part dans tous les sens et pas toujours de manière chronologique. Puis Tarantino compte parmi mes réalisateurs fétiches. Mais Orange Mécanique aussi a été une influence. Notamment pour Black Mask et son club.
Que diriez-vous à ceux qui n’ont pas aimé Suicide Squad ?
Que Birds Of Prey n’a rien à voir. Ni dans son narration, ni dans sa mise en scène, ni dans ses personnages. Si ce n’est Harley Quinn. Et encore, c’est notre version d'Harley Quinn. Chaque film avec Harley Quinn est indépendant des autres. The Suicide Squad que tourne James Gunn sera également complètement différent.
"On ne voit jamais ou peu de films Rated-R liés aux super-héros."
Birds Of Prey a été conçu dès le départ comme un film Rated-R ou le succès du Joker a conforté Warner dans l’idée de rendre le film plus violent ?
J’ignore ce qu’ont été les conversations internes chez Warner mais Margot a toujours présenté le film comme un Rated-R.
Pourquoi ?
Parce que c’est quelque chose que l’on ne voit jamais. On ne voit jamais ou peu de films Rated-R liés aux super-héros. On a pensé le film en tant que film Rated-R. C’est la classification qui correspond aux filles que l'on présente. Et à leur langage. Aux US, si tu places des F-Bombs (le mot Fuck-ndr), tu es automatiquement Rated-R.
Avez-vous discuté avec James Gunn et David Ayer au sujet d’Harley Quinn ?
Non. Et c’était voulu afin que chaque réalisateur puisse créer son propre film. Bien sûr j’ai vu Suicide Squad, Margot a collaboré avec David (Ayer) et on a conservé certains éléments de son film. Notamment dans le look et les tatouages d'Harley. Mais cela a été libérateur de pouvoir créer mon propre film à ma façon. La seule réalisatrice que j’ai appelée a été Patty Jenkins (Wonder Woman). Jusqu’ici, je n’avais réalisé que des films indé et je n'avais aucune expérience dans ce genre de projet.
Quels conseils vous-a-t-elle offert ?
Je l’ai appelé à un moment où j’étais un peu perdue. Je me demandais ce que je foutais là et Patty m’a rassuré en me disant : « Souviens-toi que tu es celle qui connais le mieux ce film et toi seule sais ce dont il a vraiment besoin pour fonctionner ». Cela m’a vraiment aidé.
"C’est un préjugé de croire que parce que l’on est une femme, on a seulement envie de comédie dramatique ou de comédie romantique. L’action est tellement fun."
Que pouvez-vous dire sur votre collaboration avec Margot Robbie qui est aussi productrice du film ?
Elle est géniale. Elle est extrêmement impliquée et elle est douée pour quasiment tout. Ce qui peut être écoeurant pour les autres (rires). On s’en rend compte d’ailleurs en regardant Birds Of Prey sur grand écran. Elle fait vraiment du roller sur ces rampes de skate, elle skate derrière et devant les voitures, et question dramatique, elle transcende toutes les scènes. Puis en tant que productrice, elle tient tellement à ce film qu’elle a été disponible pour tous. Elle a été une véritable alliée pour les autres actrices.
Vous êtes la seconde femme après Patty Jenkins a réalisé un blockbuster de super-héros.
Oui. C’était une pression (rires). On ressent forcément la pression. Il y a si peu de femmes qui ont accès à ce genre de production. C’est éprouvant car tu sais que tu représentes les autres femmes. Mais j’ai essayé de ne pas trop y penser. De plus quand tu réalises, c’est tellement prenant que tu n’y penses plus, tu n’en as plus le temps.
C’est dingue qu’il ait fallu attendre 2020 pour avoir des gros films d’action réalisés par des femmes. Kathryn Bigelow a vraiment été une pionnière. Point Break a presque 30 ans.
Absolument. Kathryn Bigelow a été un modèle pour nous. Et c’est une incroyable réalisatrice. Tant de femmes adoreraient tourner des films d’action. C’est un préjugé de croire que parce que l’on est une femme, on a seulement envie de comédie dramatique ou de comédie romantique. L’action est tellement fun. Il n’y a rien qui fait que les femmes ne sont pas aptes pour en réaliser.
Des rumeurs courent que Chad Stahelski, réalisateur de John Wick, est venu vous prêter main forte. Est-ce vrai ?
Oui. Il s’est chargé de la seconde équipe lors des reshoot. Mais surtout on a pu travailler avec sa compagnie 87eleven. C’est elle qui a entraîné les filles pendant des mois et qui a géré la plupart des cascades. J’avais envie d’une ambiance comme les vieux Jackie Chan. Puis quand Chad a pu venir m’assister pour des scènes d’action supplémentaires, cela a été un bonheur. Il est tellement doué dans ce domaine.
Il a toujours été question ne pas inclure le Joker dans le film ?
Oui c’est l’histoire d’Harley et pas d’eux deux. Le film démarre avec leur rupture. C’est la trajectoire d’Harley pour acquérir son indépendance elle qui était si dépendante de lui.