Cinéman : Yann Moix raconte l'enfer du tournage dans un entretien choc
Le 09/07/2013 à 14:31Par Maxime Chevalier
Mis à part Bernard Henri-Levy, ceux qui ont vu Cinéman doivent encore en garder un souvenir douloureux. Que ceux-là se consolent : la conception de cette "comédie" avec Franck Dubosc et PEF a été plus douloureuse encore que son visionnage. C'est en effet ce que révèle le réalisateur Yann Moix dans un extraordinaire entretien paru il y a quelques mois dans Technikart, et enfin disponible en intégralité sur la toile. Dans cette interview vérité, les révélations sont nombreuses. Morceaux choisis ...
Yann Moix : l'interview vérité sur Cinéma parue dans Technikart
- Benoît Poelvoorde n'a pas voulu faire le film, car il jugeait le script mauvais : "La première fois que je lui ai donné au cours d'un dîner, il l'a oublié sur la banquette du resto ! Alors, on a commencé à s'embrouiller. Mais j'ai quand même été chez lui, en Belgique. Il était cloîtré et j'ai dû escalader la barrière pour rentrer dans sa baraque. Là, on passe la soirée ensemble et il me dit: "Ton film n'est ni fait ni à faire."
- Yann Moix s'est rabattu sur Franck Dubosc à contre-coeur : "Je le trouve drôle dans ses spectacles, sauf que je ne vois pas ce que je vais bien pouvoir en faire dans le projet. Cinéman, c'est l'histoire d'un mec qui ne ressemble à aucun des personnages. Le problème de Dubosc, c'est qu'il ressemble à tous les personnages – Clint Eastwood, Errol Flynn, etc. Mais je dois le prendre, c'est le seul qui me permette de monter le film pour des questions financières."
- Le tournage se déroule en Belgique et l'équipe présente sur place est odieuse avec Yann Moix et Franck Dubosc : "Dès le premier jour, une bagarre éclate entre deux techniciens. Une vraie baston, la baston des pays ! Pendant ce tournage maudit de quatre mois, l'équipe belge n'a jamais salué une seule fois Franck (Dubosc). Je m'aperçois aussi que les Belges disent à mon chauffeur de venir me chercher en retard. J'arrive donc systématiquement sur le tournage à la bourre de retard. J'ai fini par virer le mec." [NDLR : sous l'article de Technikart, un technicien - Benoît Luporsi, du département figuration - a tenu à réagir à ces propos : "Je n'ai jamais vu aucune bagarre entre techniciens sur le plateau, j'ai quotidiennement salué Franck Dubosc qui me l'a toujours bien rendu [...] Le plus drôle étant bien sûr la soi-disant consigne de retard au chauffeur. No comment. On pourrait par contre passer du temps sur l'attitude de Moix sur le tournage (certaines jeunes comédiennes belges s'en souviennent...)."]
- Les deux comédiens principaux, PEF et Dubosc, ne peuvent pas se voir en photo : "Ils se chamaillent comme des gosses puis ne s'adressent pas la parole de tout le tournage."
- Des accidents viennent ponctuer ça et là la production : "Dubosc se casse la gueule dans les escaliers, il gît au milieu d'une mare de sang, tout le monde le croit mort mais il finit par se relever en hurlant: "Cinéman vaincra !" Bilan: vingt- cinq points de suture et... tout le monde s'en fout. Lucy Gordon manque de se noyer sur une pirogue avec les mains attachées dans le dos. Enfin, le pire: mon chef op' fait un infarctus un soir durant le tournage. Heureusement, il n'est pas mort mais on a dû changer de chef op'."
- La production lâche le film en post-prod : "Jérôme Seydoux, le boss de Pathé, voit [Cinéman], il sort sans rien dire. Après avoir parlé avec lui, mon producteur me dit: "Votre monteur, faut le noyer. Ou vous. Ou tous les deux, peut-être."
- La critique positive de BHL a fait plus de mal que de bien : "Que Bernard Henri-Lévy me vienne en aide, c'est l'ultime catastrophe du film. Je lui demande de faire une bonne critique. C'est maladroit et personne n'est dupe, d'autant que j'avais écrit un bon article sur son film le Jour et la Nuit qui avait été massacré partout."