(Update : découvrez notre critique de Tree of Life)

C'est peu dire que nous attendons Tree of Life depuis des lustres. Le film avait un temps été annoncé pour le 25 décembre 2009 avant d'être reporté à une date ultérieure. Les rumeurs d'une présentation au Festival de Cannes couraient bon train. Rebelote, Terrence Malick n'étant toujours pas satisfait. On évoquait une sortie fin 2010 pour entrer dans la course aux Oscars, mais toujours rien. Ce n'est officiel que depuis le 14 avril dernier : Tree of Life concourra cette année à la Palme d'or. S'il excite les cinéphiles depuis la sortie du Nouveau Monde il y a sept ans maintenant, l'origine de  Tree of Life remonte à l'été 78 alors que le cinéaste peaufinait Les Moissons du ciel, son deuxième film avec Richard Gere, Brooke Adams et Sam Shepard.


Suite aux succès artistiques des Badlands et des Moissons du ciel, Malick se sait attendu au tournant. Il se lance alors dans l'écriture d'un projet ambitieux au titre aussi simple qu'énigmatique : Q. Il présente ses 250 pages à Paramount Pictures, producteur de son deuxième film, qui se dit prêt à financer cette histoire se déroulant au Moyen Orient au cours la Première Guerre Mondiale. Que le film comporte un prologue prenant place durant la préhistoire ne dérange nullement le studio. Le jeune prodige a carte blanche et profite bien. Trop même. Après qu'une petite fortune ait été engloutie dans les repérages (un assistant part dix semaines au Moyen Orient) et les effets visuels, Paramount range son chéquier, excédé que le projet n'avance pas, ou si peu. Q est abandonné. Et Terrence Malik s'éloigne discrètement des plateaux de cinéma pendant une bonne vingtaine d'années.

Q renaît de ses cendres fin 2005 à la sortie du Nouveau Monde, sa variation de l'histoire de Pocahontas avec Colin Farrell et Q'orianka Kilcher. Si sept ans séparent La Ligne rouge du Nouveau Monde, il est rapidement annoncé que Malick prépare déjà son cinquième long-métrage, Tree of Life. Le financement est assuré par Percept Picture Company, un boite de production indienne. Farrell et Mel Gibson sont à l'époque attachés au projet. Puis silence radio jusqu'au mois d'octobre 2007 où l'on apprend que le producteur Bill Pohlad (Le secret de Brokeback Mountain, Into the Wild, Les Runaways) a pris la relève des financiers indiens. Exit Collin Farrel et Mel Gibson, remplacés par Sean Penn et Heath Ledger. Puis c'est au tour Brad Pitt d'entrer dans la danse et d'éclipser le Joker de The Dark Knight - Le Chevalier Noir.


Mais rien n'indique alors que Tree of Life et Q soient connectés. Le rapprochement est fait à la publication au mois de mars 2009 d'une interview accordée par Mike Fink au magazine britannique Empire Magazine dans lequel le superviseur des effets visuels, oscarisé pour son travail sur A la Croisée des mondes : La Boussole d'Or, assure travailler sur des séquences mettant en scènes des dinosaures jusqu'à l'apparition de mammifères sur Terre. A quel point le projet a-t-il été bouleversé en trois décennies, de la première version du scénario au dernier montage ? Réponse au mois de mai prochain à Cannes.