Le grand Dino Risi s'en est allé
Le 09/06/2008 à 10:35Par Sabrina Piazzi
Il n'aimait pas qu'on l'appelle Maitre mais il était pourtant l'un des derniers Pères du cinéma transalpin... Le réalisateur des Monstres, du Fanfaron et de Parfum de femme a tiré sa révérence avant-hier, samedi 7 juin, dans sa résidence de Rome. Lui qui défendait encore il y a peu l'un de ses films, Il Vedovo (1959), avec l'un de ses acteurs fétiches Alberto Sordi, dans une interview accordée en janvier 2008 pour l'édition française du DVD sorti le 4 juin dans les bacs.
Le cinéaste, qui ne tournait plus depuis 2002, n'hésitait pas à prendre la parole pour soutenir ses films ou relater insatiablement des anecdotes sur ses comédiens et les tournages de ses films qui faisaient le grand bonheur des cinéphiles, eux qui appréciaient son œuvre, son humour noir, et cette infinie tendresse pour l'humain, ses qualités comme ses bassesses.
Né en 1916 à Milan, Dino Risi se dirigera pour un temps vers des études de médecine avant de se consacrer au cinéma, d'abord en tant que scénariste. Il débute en réalisant des courts-métrages documentaires avant de passer au long avec Vacanze col gangster en 1951. En 1955, il participe à la trilogie Pain, amour et... en signant le dernier volet de la saga avec Vittorio De Sica et Sophia Loren. Dino Risi se spécialise principalement dans la comédie de mœurs, genre qu'il anoblit en mettant en lumière le génie à l'état pur d'acteurs comme Vittorio Gassman (son alter ego), Alberto Sordi et Ugo Tognazzi.
Dès le début des années 60, Dino Risi signe ses premiers grands succès : le road-movie à la renommée internationale Le Fanfaron, avec Vittorio Gassman et Jean-Louis Trintignant, Les Monstres, premier volet d'une trilogie incontournable de la commedia all'italiana, drôle et férocement cynique. Il fait tourner également les plus belles actrices italiennes comme Sophia Loren, Monica Vitti dans Moi, la femme (le DVD est prévu chez StudioCanal le 2 septembre - on vous en reparlera très bientôt) en 1971, ou bien encore la sublime Laura Antonelli dans Sexe fou (1973). L'année suivante sera l'année de la consécration avec Parfum de femme : Gassman y incarne un aveugle célibataire et seul n'acceptant pas de vivre avec son handicap, devinant la présence de femmes grâce à leur parfum. L'acteur rafle le prix d'interprétation à Cannes et le film sera nominé par deux fois aux Oscars en 1976. Le réalisateur poursuit l'exploration des travers de ses contemporains avec la suite des Monstres, Les Nouveaux monstres (1977) pour lequel il signe cinq sketches.
Dans les années 80, on retiendra le drame nostalgique Fantôme d'amour avec Marcello Mastroianni et Romy Schneider, apparaissant vieillie pour l'occasion, Les Derniers monstres (1982), suite et fin inégale mais amusante de sa trilogie permettant à ses interprètes d'offrir des partitions rocambolesques et inoubliables. Dino Risi fait tourner Coluche en 1985 dans Le Fou de guerre, puis se tourne vers la télévision pour laquelle il signe une deuxième version de La Ciociara avec Sophia Loren, reprenant son rôle de Cesira qu'elle tenait déjà en 1960 dans le chef d'œuvre de Vittorio De Sica.
Dino Risi ne s'est jamais caché avoir fait des films pour le public mais toujours avec un profond respect et un talent immense. En France, la Cinémathèque lui consacre une rétrospective en mars et avril 2003 et son autobiographie, intitulée Mes monstres, sortira l'année suivante.
Le cinéaste interviewé en janvier 2008
Le cinéma italien est aujourd'hui orphelin de l'un de ses plus grands monstres, à l'origine de certaines des plus belles perles de son âge d'or.
Retrouvez les chroniques de trois de ses films sortis en DVD chez nous et testés par nos soins (en cliquant directement sur le nom du film) :