Satoshi Kon (1963 - 2010)
Le 25/08/2010 à 18:31Par Elodie Leroy
C'est un grand monsieur de l'animation et du cinéma en géléral qui nous vient de nous quitter : Satoshi Kon, l'auteur des magnifiques Perfect Blue, Millenium Actress ou encore Paprika, est mort hier d'un cancer. Il avait 47 ans. Véritable explorateur du septième art, Satoshi Kon était notamment connu pour son obsession des interactions entre les univers du rêve, de l'imaginaire et de la réalité, mais aussi pour ses expérimentations formelles et narratives.
D'abord mangaka, Satoshi Kon est repéré en 1980 par Katsuhiro Otomo (Akira), impressionné par son manga Kaikisen et dont il devient l'assistant. Otomo lui confie en 1991 le character design de Roujin-Z (Hiroyuki Kitakubo, 1991), avant d'adapter lui-même un manga de Kon avec la comédie horrifique World Appartment Horror (1991). La collaboration entre Satoshi Kon et Katsuhiro Otomo se poursuit avec le segment Magnetic Rose de Memories (1995), dont Kon signe les layouts.
S'il poursuit parallèlement sa carrière de mangaka, Satoshi Kon passe à la réalisation en 1998 avec le célèbre Perfect Blue, prévu à l'origine pour la télévision mais remis à niveau pour le cinéma avec l'aide de Katsuhiro Otomo. L'histoire s'intéresse à une idole qui décide d'abandonner sa carrière de chanteuse afin de se consacrer au métier d'actrice et qui sombre peu à peu dans la schizophrénie et la paranoïa. Audacieux et oppressant, Perfect Blue déroute par sa mise en scène des troubles mentaux du personnage principal et de son rapport à son corps et à son image. Le film est salué par la critique et conquiert le public japonais, avant de faire le tour du monde pour propulser Satoshi Kon au rang des réalisateurs qui comptent dans l'animation.
Avec son métrage suivant, Millennium Actress (2001), Kon bénéficie d'un vrai budget de long métrage et signe un petit bijou du cinéma d'animation qui rend un hommage vibrant au septième art à travers une mise en abyme centrée sur le parcours d'une actrice. D'un ton plus léger, le sympathique Tokyo Godfathers (2003) vient confirmer le talent d'un réalisateur et révèle son empathie pour les exclus de la société. Le rêve se poursuit avec Paranoïa Agent, série télévisée fantastique dont l'histoire tourne autour d'une suite d'agressions perpétrées par le mystérieux "gamin à la batte". En treize épisodes, Paranoïa Agent développe une intrigue étrange et captivante cultivant une fois encore les ambigüités entre réalité, rêve et imaginaire, et se dote d'un contenu très riche sur la société japonaise à travers des personnages de laissés pour compte d'horizons variés, autre thème récurrent de l'œuvre de Kon. Paprika (2006) vient enrichir deux ans plus tard un parcours sans faute et plante son histoire dans un futur où une technologie permet d'entrer dans les rêves des gens - le récent Inception de Christopher Nolan doit beaucoup à Paprika.
Satoshi Kon s'est éteint alors qu'il planchait sur The Dreaming Machine, qu'il définissait lui-même comme un conte futuriste et folklorique. Si ses sources d'inspiration vinrent chercher du côté des plus grands cinéastes tels que David Lynch, Terry Gilliam ou encore Michael Powell, Satoshi Kon laisse derrière lui une œuvre novatrice dont le génie et la poésie n'ont pas fini de fasciner.
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