Interview Carlotta Films : planning septembre à décembre
Le 06/07/2010 à 15:30Par Sabrina Piazzi
Un an après notre précédent entretien, nous sommes reparti à la rencontre de Vincent-Paul Boncour et Fabien Braule de Carlotta afin de parler de leur travail éditorial et des sorties prévues pour le second semestre 2010. Entre autres, les amateurs de Haute Définition et les cinéphiles seront heureux d'apprendre que l'éditeur réserve de très bonnes surprises en la matière avec des inédits Blu-ray à venir. Un line-up éditorial toujours aussi éclectique que nous vous proposons de découvrir au fil de cet entretien.
Nous avons le sentiment, à mi-année 2010, que vous avez abordé ce premier semestre de "nouveaux" auteurs, que Carlotta nous a fait découvrir des œuvres totalement inconnues, comme les films de Lionel Rogosin ou de Joseph Strick, là où l'année précédente, dans l'ensemble, vous travailliez sur des auteurs dont vous aviez déjà sorti des œuvres (Antonioni avec La Chine, Pasolini avec Carnet de notes pour une orestie africaine, le coffret Douglas Sirk - Partie 3) comme si vous clôturiez une étape en ouvrant 2010 sur de "nouveaux auteurs", moins connus du public...
Ce n'est pas faux. D'année en année nous avons une ligne éditoriale bien définie avec différentes thématiques, un travail sur les auteurs, sur de grands films de l'histoire du cinéma que nous présentons dans de très belles éditions comme Assurance sur la mort, Ariane... des films qui sont des redécouvertes. Nous avons toujours été aussi sur un travail, que ce soit pour les sorties cinéma comme pour les sorties DVD, de recherche de perles rares, de films moins connus comme Le Petit Fugitif que nous avons sorti l'an dernier. Ce sont des films qui "ne sortent" nulle part. Ce sont des films que l'on retrouve d'année en année. La seule petite différence sur ce premier semestre c'est qu'effectivement nous avons sorti plutôt de manière condensée un certain nombre de titres de cinéastes auxquels nous avons rendu hommage et qui sont beaucoup moins connus du grand public, comme le coffret Lionel Rogosin, The Savage Eye, ou les quatre films de Mauro Bolognini qui sortent en juillet prochain (Bubu de Montparnasse, Liberté, mon amour !, Vertiges et Les Garçons), ce dernier n'étant pas parmi les auteurs italiens les plus connus ou reconnus. C'est davantage lié à un concours de circonstances de titres que nous avons décidé de sortir à ce moment-là, de thématiques que nous avons développé. En novembre et décembre prochain, nous retrouverons d'autres thématiques avec un gros coup de projecteur sur le cinéma muet américain de la fin des années 20. C'est un peu le hasard des calendriers. Cela étant, cela reste cohérent dans notre approche de se pencher à la fois sur des films plus connus que nous avons envie de faire redécouvrir et de faire exister le plus possible et sur d'autres films moins connus. Concernant Lionel Rogosin et Joseph Strick, cela suit le travail que nous réalisons sur le cinéma indépendant américain et ses origines, initié l'année précédente avec les œuvres de Morris Engel et Ruth Orkin.
Etais-ce un pari risqué que de sortir de The Savage eye ?
On sait que c'est difficile. Ce n'est pas simple à faire exister par rapport au marché, même par rapport à la cinéphilie - quand bien même il y a une vraie envie de découverte des cinéphiles - comme on a pu le remarquer avec le coffret Lionel Rogosin qui a généré beaucoup d'intérêt au niveau de la presse car les films sont forts, situés entre le documentaire et la fiction, et sortent un peu de nulle part. Malgré l'exposition qu'on peut en faire, malgré l'édition ou la qualité du coffret, nous savons que cela reste toujours compliqué en terme de commercialisation et surtout en terme de vente. Mais cela correspond à notre approche de ne pas se contenter des choses qui peuvent être les plus évidentes. Souvent des titres qui n'étaient pas forcément évidents au premier abord ont réussi à exister. On ne réussi pas forcément tout le temps. C'est un travail de longue haleine de faire en sorte que les films soient plus connus et reconnus, plus établis.
Quels sont les titres sortis en 2010 qui vous semblent forts ?
Signore e signori de Pietro Germi qui est un film plus facile d'accès et qui a suscité de l'intérêt depuis sa ressortie en salles l'année dernière. C'est un peu trop tôt pour le dire car la sortie DVD vient de démarrer mais nous misons également sur Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon, qui est un film plus « costaud » fait par un réalisateur pourtant méconnu aujourd'hui. Le titre et l'acteur principal (Gian Maria Volontè) jouissent d'une forte réputation ainsi que d'un côté culte et peu vu. On espère qu'il va très bien marcher. Dans un autre registre, Les Désemparés de Max Ophuls a été plutôt une bonne surprise.
Depuis dix, douze ans que l'activité DVD bat son plein, est-il difficile de trouver des titres inédits, pas encore exploités et surtout de mettre la main sur les droits ?
Oui et non. Nous n'avons pas le sentiment que ce soit plus difficile qu'avant. Nous sommes dans une période où il y a effectivement beaucoup de choses qui existent. C'est une période de renouvellement de droits pour l'ensemble des éditeurs. Il y a des titres qui continuent à exister soit dans la même édition, soit dans une nouvelle édition DVD ou Blu-Ray ; et puis il y a d'autres titres qui sont arrivés à échéance et qui n'ont pas été renouvelés par tel ou tel éditeur. C'est le cas de Rue Cases-Nègres qui n'est pas un inédit DVD mais dont nous avons acquis les droits et que nous allons sortir dans une belle édition. C'est l'exemple d'un titre qui a du potentiel et sur lequel il y a un véritable travail éditorial à faire derrière afin de le maximiser. Avec plus de cent ans d'histoire du cinéma, il y a vraiment matière à chercher tel ou tel film, à avoir l'opportunité d'en acquérir les droits. Il y a encore beaucoup de choses à faire mais on nous amène également des projets et des choses que nous ne connaissions pas nous-mêmes.
Vos choix sont-ils toujours dictés par vos envies ?
Par nos envies et aussi par le potentiel que nous pouvons espérer d'un titre. Il faut faire en sorte que notre travail trouve un écho auprès de la profession, de la presse et du public. Après, l'écho est plus ou moins trouvé sur chaque sortie, mais il ne faut pas se dire que cela n'intéressera que nous et personne d'autre. Notre approche est de partager et de faire découvrir de nouvelles oeuvres. Nous partons toujours sur l'envie de travailler sur un auteur, sur un film... Nous sommes également toujours dans la même logique qualitative, aussi bien au niveau de l'objet, du packaging, du graphisme, des suppléments, de la qualité du master, des bonus, des sous-titres... Nous souhaitons suivre une logique qualitative et satisfaire un public cinéphile qui nous suit. Cela passe par le titre en premier lieu évidemment mais aussi par l'édition et l'objet en eux-mêmes.
Votre public s'élargit-il avec les années ?
C'est difficile à savoir... mais nous l'espérons. Cependant, cela dépend du film. Certains peuvent trouver un plus large public. L'idée est d'être constamment dans le renouvellement de génération de cinéphiles. Il y a un peu plus de dix ans, lorsque le DVD est apparu, celui-ci a joué un rôle important dans le renouvellement de la cinéphilie. Notre approche, même sur des projets difficiles ou pointus, n'est pas de se réserver un public déjà acquis mais de l'élargir. Par la promotion, la communication...
Etes-vous dans une même logique pour les sorties cinéma ?
Oui, c'est la même logique. Nous jugeons que chaque film a tel ou tel potentiel. Il faut savoir juger de quelle manière élargir le public autour d'un film en ciblant évidemment les cinéphiles mais pas seulement. Nous essayons de toucher le coeur d'un public qui n'est pas obligatoirement cinéphile. Cela est autant valable sur le travail réalisé sur les sorties en salles que sur les sorties DVD.
Depuis quelques mois, beaucoup de choses ont changé. La VOD se développe pas mal, les ventes de Blu-ray ont augmenté... Avez-vous une idée de vers où nous nous dirigeons ? Est-ce pour vous une période complètement floue ou bien faut-il se dire qu'il faut se lancer un peu dans tout cela à la fois ?
Concernant le marché du DVD, il est plutôt stable voire en augmentation. Comme nous sommes en marge dans notre travail avec le type de films que nous proposons, nous sommes toujours à la fois dans et en dehors du marché. Nous subissons moins les baisses comme les augmentations. Nous sommes parvenus à fidéliser par le travail éditorial un public qui nous suit. Et puis nous sommes toujours dans cette idée de renouvellement de génération en suivant les évolutions du marché. Nous avons commencé avec le Blu-ray il y a un an et demi avec la sortie de quelques titres. Là nous nous sommes aperçus de la difficulté du marché, du coût de fabrication, même s'il a quand même baissé depuis deux ans. Le marché du Blu-ray qui vivait ses balbutiements il y a deux ans est aujourd'hui en hausse. Il y avait alors un manque évident d'offres de films du patrimoine exploités en Blu-ray de la part de l'ensemble des éditeurs. Les titres que nous avons proposés il y a bientôt deux ans en Blu-ray étaient déjà sortis précédemment en DVD avec de belles éditions, comme Salo ou les 120 journées de Sodome ou le Casanova de Fellini. Nous nous sommes rapidement rendu compte que ressortir un film en Blu-ray déjà proposé en DVD dans une édition soignée n'attirait pas forcément le même public et qu'une bonne partie de celui-ci l'avait déjà.
Par conséquent, à la rentrée nous allons avoir un positionnement différent sur le Blu-ray. Nous allons être sur des sorties simultanées en DVD et Blu-ray et allons travailler sur de la nouveauté. Cela va être une approche différente. Nous allons pouvoir ainsi mesurer plus spécifiquement l'impact du Blu-ray en termes de vente, et avoir des chiffres spécifiques sur le public avec des approches différentes au cas par cas.
Concernant la VOD, cela faisait un petit moment que nous essayions de nous positionner, à savoir de quelle manière l'exploiter. S'il existe une économie du Blu-ray, alors sur la VOD il n'y en a pas et encore moins sur le type de cinéma que nous proposons (d'auteur et de patrimoine). Nous constatons qu'aujourd'hui la VOD vient plutôt en substitution de la location que de la vente. Le marché de la location s'est littéralement effondré et le public se retrouve sur la VOD. C'est une attitude et une consommation qui ne sont pas la même que la vente et l'acte d'achat. Nous avons donc ouvert notre site dédié à la VOD (www.carlottavod.com), une plateforme qui vient en prolongement de ce que nous avions déjà sorti en salle ou en DVD. Il s'agit de créer une vraie synergie entre les médias que nous exploitons maintenant, de travailler de manière transversale entre le cinéma et le DVD, l'internet et la VOD. De proposer une offre légale tout en créant des passerelles. Utiliser l'outil internet pour communiquer avec un public différent qui lit moins la presse par exemple. Nous souhaitons aller vers un public différent, une autre génération de cinéphiles qui se sert notamment plus d'internet. Nous savons que cela sera long à faire exister mais nous y croyons. Un média doit en servir un autre.
Est-il un peu trop tôt pour faire un petit bilan de votre nouveau site et du lancement de la VOD ? Car nous seulement vous proposez cela mais vous invitez également l'internaute à regarder des « petits sujets » sur des suppléments de DVD et à suivre des chroniques d'invités comme dernièrement Jean Douchet... Tout cela est-il aussi une nouvelle manière de repenser et de communiquer votre travail ?
Concernant notre site, les visites sont en augmentation. Concernant cette nouvelle approche, nous la considérons comme une prolongation de ce que nous faisons déjà en DVD. De plus le site nous permet de prolonger notre travail éditorial en proposant directement en VOD des modules déjà présents sur les DVD et en offrant du contenu supplémentaire aux internautes. Par exemple pour Les Chaussons rouges, même si nous ne détenons que les droits cinéma, nous avons créé exprès des modules pour donner envie aux spectateurs d'aller voir le film en salle. Même chose pour le film de John Huston, Gens de Dublin, dont nous n'avons pas non plus les droits vidéo mais pour lequel nous détenons en DVD certains des films de ce réalisateur qui peuvent également intéresser les spectateurs.
Parlons un peu du Blu-ray. Il y a eu un grand trou entre la dernière sortie Blu-ray qui était celle de Salo ou les 120 journées de Sodome. Pourquoi ?
Y aura-t-il des inédits Blu-ray que vous avez prévu de sortir prochainement ?
Sur le patrimoine, il n'existe quasiment rien en Blu-ray. La question était de savoir s'il y avait une place pour le cinéma du patrimoine pour le support Blu-ray. Il faut avant toute chose créer une offre pour le savoir. Nous allons tout de même très prochainement tenter un petit coup de poker. De très belles choses sont prévues. Nous allons notamment éditer Le Monde sur le fil de Rainer Werner Fassbinder, qui a été diffusé à la Berlinale cette année, et que nous sortirons également en salles en octobre prochain. Le film sortira en double DVD Collector et Blu-ray Collector. La restauration a été réalisée par la Fondation R.W. Fassbinder et supervisée par l'immense directeur de la photographie Michael Ballhaus (Gangs of New York). Cette sortie est pour nous l'occasion de mettre en avant et Fassbinder et la Haute Définition de façon assez novatrice. Le Monde sur le fil a été créé pour la télévision, c'est une série télévisée en 16mm réversible tournée à 25 images par seconde. La restauration est magnifique, et le grain superbement restitué. C'est notre vision du Blu-ray et de la Haute Définition. Ne pas proposer d'image trop lisse, d'aller au maximum vers un rendu argentique. Le grain fait partie de l'oeuvre, surtout lorsque celle-ci a été produite dans les années 70 ! Voir Le Monde sur le fil en HD, c'est un peu découvrir les ficèles de Matrix, Existenz et Avatar 30 à 40 ans avant leurs sorties. Pour revenir à cette attente d'un an et demi, cette période nous a permis de véritablement savoir quels étaient les titres qui auraient un vrai potentiel en Blu-ray et d'avoir des éléments qui le justifient pleinement. Quand on part d'un master à la restauration somptueuse on voit tout de suite la différence en terme d'image et de son. Le potentiel du titre prône c'est certain mais l'état des éléments viennent tout de suite après. Le Monde sur le fil en Blu-ray prouvera si besoin est auprès de certains sceptiques, historiens comme cinéphiles qui ne savent pas trop encore. Lorsque nous avons sorti Salo ou les 120 journées de Sodome, One + One / Sympathy for the Devil et Le Casanova de Fellini, beaucoup de professionnels ne savaient même pas ce qu'était le support Blu-ray. Beaucoup n'étaient pas encore équipés pour lire les films. C'était révélateur à l'époque mais cela commence à changer. Certains journalistes nous contactent même pour avoir des conseils sur le matériel HD qu'ils devraient choisir !
Parmis les indépendants, vous êtes les seuls à sortir des films de patrimoine en Blu-ray...
Oui nous étions alors quasiment les premiers sur le marché français. Certains éditeurs indépendants se lancent d'ailleurs dans l'aventure comme ARTE, Opening, MK2, mais cela reste timide. Tout le monde a envie de se lancer dans le marché mais nombreux sont ceux qui restent encore prudents, voire trop. Parmi les majors, Gaumont s'y met également. Vu l'évolution du marché, l'état d'esprit commence à changer. On sent qu'il va y avoir une vraie proposition d'offre qu'il n'y avait pas auparavant qui devrait « booster » l'ensemble du marché et chacun d'entre nous. D'être isolé n'est jamais bon.
Y avait-il une demande de la part de votre public de sortir plus de films en Blu-ray ?
Il y a toujours une demande mais après l'intérêt est de savoir qui passe véritablement à l'acte d'achat. La demande est vraiment là. Mais si demain on sortait quinze Blu-ray, tous les titres qui reviennent régulièrement, est-ce que l'acte d'achat serait toujours là ?
Les coûts de production ont-ils baissé pour réaliser un Blu-ray ?
Oui, mais cela reste toujours plus cher à réaliser qu'un DVD, que ce soit en termes de pressage, de pré-mastering et de restauration. Du début à la fin, cela reste toujours plus cher. Pour des ventes qui sont toujours pour l'instant moindres que sur les DVD.
Peut-on parler de chiffres sur le Casanova de Fellini ?
Casanova est épuisé. Cela a pris du temps, un an et demi, deux ans, mais il est aujourd'hui épuisé. Au finale, cela démontre qu'il y a eu un potentiel qui nous motive à sortir quelques nouveaux titres en fin d'année. Nous allons travailler sur le cinéma muet et notamment autour de deux cinéastes. Nous reviendrons en premier lieu vers un cinéaste sur lequel nous avons déjà travaillé : Friedrich Wilhelm Murnau. Puis sur Frank Borzage qui à notre sens est tout aussi important que Murnau. Ce sont les deux gros évènements de cette fin d'année. Le coffret Frank Borzage (regroupant L'Heure suprême, L'Ange de la rue et L'Isolé) réunira 3 DVD en plus d'éditions Blu-ray à côté. Concernant Murnau, nous ressortirons L'Aurore dans une nouvelle édition double DVD avec les deux versions du film et de nouveaux suppléments. Ainsi que City girl qui est un peu Les Moissons du ciel quarante ou cinquante ans avant le film de Terrence Malick. C'est la redécouverte totale de Murnau. Nous travaillons actuellement sur les éditions DVD et sur un coffret Blu-ray. A peu près tous les ans nous avons un gros coup de projecteur sur un cinéaste. Borzage est peut-être moins connu que Murnau mais les films sont du même niveau, aussi forts et aussi impressionnants, aussi bien au niveau de l'histoire, de la beauté du Noir et Blanc, de la technique, des travellings... Nous sommes à l'apogée du cinéma muet. Ces deux sorties vont véritablement mettre à piédestal DVD et Blu-ray d'autant plus que nous possédons de superbes éléments qui devraient séduire les fans et les cinéphiles.
Dans un autre genre, nous allons sortir en Blu-ray Jeannot l'intrépide. Nous espérons tenter quelque chose d'assez fort. Une seule édition regroupant le DVD, le Blu-ray et la copie numérique. C'est un vrai film familial, un grand dessin animé, Jeannot l'intrépide est le premier long-métrage d'animation, en Technicolor, proche de Fantasia. Nous avons effectué nous même la restauration à partir des derniers éléments encore disponibles aux Archives françaises du film et avons travaillé main dans la main avec CMC et Digimage. C'était un très gros travail de restauration, car ces derniers éléments étaient assez fatigués. Mais le résultat est vraiment intéressant, et les couleurs revivent enfin. L'idée, en sortant Jeannot l'intrépide est d'être sur tous les fronts. Certes c'est un film peut-être moins cinéphile mais qui nous parait plus fédérateur et plus large en termes de public car il touche les enfants et leur famille. C'est aussi original qu'excitant comme approche. Les mois d'octobre, novembre, et de décembre vont par conséquent être différents par rapport à ce que nous avons pu proposer durant le premier semestre. Nous promettions du Blu-ray, il y en aura donc 7 au total.
VISUEL NON CONTRACTUEL
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Allez-vous retravailler avec la Cineteca de Bologne qui a réalisé un travail extraordinaire sur le coffret Lionel Rogosin?
Oui et notamment en septembre avec la sortie des documentaires de Vittorio De Seta, une série de courts-métrages de dix minutes en moyenne sur le Sud de l'Italie des années 50. C'est époustouflant ! C'est un peu la rencontre des premiers films de Visconti (La Terre tremble) et du cinéma anthropologique moderne. Les images sont superbes. Voilà une vraie découverte majeure, qui risque de vraiment séduire les cinéphiles curieux de raretés.
Encore le cinéma italien mis à l'honneur alors ! C'est une vraie passion que vous cultivez...
Oui c'est vrai que cela dure depuis deux ans ! Une véritable passion, c'est une cinématographie tellement riche, il y a tellement de cinéastes et de films encore inconnus ou méconnus. Bien qu'elle soit travaillée par d'autres éditeurs, la cinématographie italienne existe encore trop peu par rapport au cinéma américain. C'est encore plus difficile d'exister avec de très belles éditions. Nous sommes un peu plus noyés dans l'offre avec un classique américain à des prix beaucoup moins élevés. Le cinéma italien est un intérêt, une passion, il reste encore beaucoup de choses à découvrir. Nous allons sortir en août Nuits blanches de Luchino Visconti pour la première fois en DVD. L'année dernière nous avions édité 3 films de Mario Bava, qui était encore un autre genre.
Vous sortez également en juillet quatre films de Mauro Bolognini. Lui qui a réalisé beaucoup de films, comment s'est porté votre choix sur ces films là ?
C'est plus par rapport à des disponibilités de catalogue, par rapport à un travail récurrent que nous avons avec un certain nombre de vendeurs. Nous avons eu des propositions sur ces titres là.
Y a-t-il des comédies parmi ces films ? Car il est vrai que vous en sortez peu...
Ce sont des films doux-amers... et plus amers que doux ! Ce sont des films d'époque, des drames, des mélodrames, axés pour deux d'entre eux sur la Seconde Guerre mondiale. C'est représentatif du spectre que nous souhaitons explorer. Comme pour Vittorio De Seta dont les documentaires, extraordinaires, sont extrêmement pointus et difficiles.
Comptez-vous sortir d'autres Pietro Germi ?
Pour le moment non, mais il y en aura surement sans doute un jour...
Quels seraient les coffrets de réalisateurs que vous aimeriez sortir prochainement, ou qui vont se concrétiser ?
Nous avions prévu un coffret Edgar G. Ulmer, un peu dans la veine d'Allan Dwan, mais qui s'avérait difficile en terme de matériel car ce sont beaucoup de films du domaine public. Nous avons décidé de le reporter. Nous pensions le sortir en octobre-novembre mais comme un certains nombre de films sortent en individuel chez Bach Films, chez Wild Side, il faut être alors dans quelque chose de très fort éditorialement et techniquement. Nous n'étions pas prêts et avons décidé de le reporter, peut-être en 2011.
Il est vrai que nous n'avons pas cette année l'équivalent des coffrets Allan Dwan, Douglas Sirk, Mankiewicz, mais avec les coffrets Borzage et Murnau, nous sommes sur une période différente du cinéma américain, toute aussi passionnante et prestigieuse !
Pour 2011, nous avons un certain nombre de prévisions de sorties mais rien n'est véritablement défini pour le moment. Nous serons davantage sur de très beaux titres mais traités de manière indépendante plutôt que sous forme de coffret. Et nous espérons, si nos titres en Blu-ray décollent cette fin d'année, proposer de plus en plus régulièrement de sorties simultanées en DVD et Blu-ray.
Et concernant Assurance sur la mort en Blu-ray que vous aviez évoqué lors de notre précédent entretien ?
Les masters avaient brulé lors des incendies des studios il y a quelques temps. Nous l'avions effectivement prévu pour les 10 ans de Carlotta en 2008, en même temps que Le Casanova de Fellini et One + One / Sympathy for the Devil. Le master a été refait, nous le possédons, il est stocké et en sécurité ! Pour le moment, nous avons finalement choisi de nous pencher sur des nouveautés en Blu-ray. Nous nous sommes posés plusieurs fois la question sur la raison de ressortir quelques uns de nos titres forts sachant qu'il existait déjà de belles éditions DVD en terme de suppléments. Nous aurions envie de proposer plusieurs titres de notre catalogue, mais comment et à quel moment, nous ne le savons pas.
Vous restez toujours avec cette passion et une envie communicatives tout en restant totalement indépendant...
Oh oui, complètement ! Il a toujours été difficile de rester indépendant. Quand nous nous sommes lancés dans l'aventure il y a 12 ans, le DVD débutait à peine et nous ne travaillions que sur la distribution en salles de reprises de films du patrimoine. On nous disait : « tu es complètement fou, les films du patrimoine n'intéressent plus personne en salle aujourd'hui, c'est juste pour la télévision ». En revanche, nous nous disions qu'il y avait un public nouveau à conquérir. C'était très difficile avant, ça l'est toujours aujourd'hui. Maintenant ce qui fait la différence outre l'aspect économique c'est comment faire exister un film, comment donner l'envie... Nous nous sommes aperçus qu'il y a toujours autant voire plus d'intérêt aujourd'hui porté à l'histoire du cinéma. Même si l'offre est importante, cela veut dire qu'il y a un public. Nous avons beaucoup de chance en France d'avoir cette approche cinéphilique que beaucoup nous envient. Le plus important étant de savoir rebondir constamment par rapport aux goûts du public, par rapport aux sorties globales. Tout va tellement plus vite aujourd'hui.
Nous restons dans la même logique initiée depuis maintenant 12 ans en suivant par exemple un cinéaste à travers ses films. Lorsque nous nous dirigeons vers quelque chose de plus pointu, comme par exemple avec le coffret Lionel Rogosin, nous savons que cela va être plus difficile dans ce cas précis de toucher un nouveau public. Parce que même si les films sont magnifiques, cela reste difficile. Il n'y a pas de recette miracle pour ressentir les goûts des consommateurs. Il est toujours important pour nous de maximiser le potentiel d'un titre même si le titre en lui-même est déjà très fort comme ça a été le cas avec Ariane de Billy Wilder par exemple.
Certains autres titres que nous sortons n'ont jamais aussi bien fonctionnés. Les Chaussons rouges par exemple, mise à part lors de sa première sortie, n'a jamais aussi bien marché dans les salles que lors de notre présente réédition.
Il n'y a pas de règles, certains projets mettront du temps à aboutir, d'autres ne verront malheureusement jamais le jour. A l'arrivée, chaque année nous sommes vraiment heureux du line-up et de toutes nos sorties. Cet éclectisme nous correspond et restera l'image de marque de Carlotta.
Propos recueillis par Sabrina Piazzi et Kevin Prin
Un remerciement chaleureux à Vincent-Paul Boncour et Fabien Braule.
Cliquez sur ce lien si vous désirez en savoir plus sur les DVD Carlotta détaillés dans nos colonnes.
PLANNING CARLOTTA SEPTEMBRE A DECEMBRE 2010
Les prévisions de Carlotta pour la fin de l'année se placent sous le signe de la Haute Définition ! Une nouvelle qui devrait enfin réjouir les amateurs et voilà surtout un évènement pour l'éditeur qui n'avait pas sorti de Blu-ray depuis plus d'un an, le dernier en date étant Salo ou les 120 journées de Sodome.
La fin de l'année sera donc riche en Blu-ray de films inédits, l'éditeur promettant également d'autres trouvailles et nouveautés en DVD qui font toujours sa marque de fabrique.
Après un premier semestre consacré dans un large ensemble au cinéma italien et au cinéma indépendant américain (Rogosin, Maddow, Strick, Meyers), Carlotta retrouve le réalisateur espagnol de L'Esprit de la ruche, Victor Erice, pour un autre inédit DVD intitulé Le Songe de la lumière qui ressortira simultanément en salle.
Pour la fin septembre, l'éditeur se penchera sur un auteur et documentariste sicilien Vittorio De Seta dont dix courts-métrages, véritables témoignages du sud de l'Italie dans les années 50, seront réunis dans un coffret qui proposera pour l'occasion un entretien avec le réalisateur, dont le travail se situe à mi-chemin entre un Robert Flaherty et Jean Rouch.
Le titre vraiment exaltant de ce planning est sans aucun doute la sortie simultanée en double DVD Collector et Blu-ray Collector du Monde sur le fil, série télévisée de Rainer Werner Fassbinder, remastérisé en Haute Définition et supervisé par le chef opérateur allemand Michael Ballhaus (directeur de la photo entre autres de Martin Scorsese). On nous promet un film dingue à la mise en scène époustouflante, vertigineux et inclassable.
Grand classique du cinéma antillais précédemment édité, Rue Cases-nègres sortira courant octobre avec un master restauré.
Mais l'évènement de la fin de l'année réside dans la sortie de deux coffrets dévoués au cinéma muet, le premier consacré à Frank Borzage réunissant L'Heure suprême, L'Ange de la rue et L'Isolé, en coffret 3 DVD Collector limité et 3 éditions Blu-ray collector séparées. Tous les films seront remastérisés en Haute Définition, et sera inclus La Femme au corbeau (1929). Un beau livret accompagnera chaque édition ainsi que de nombreux suppléments.
Le second coffret sera consacré à F. W. Murnau dont Carlotta détient déjà les droits DVD de son chef d'oeuvre, L'Aurore. Le film sera pour l'occasion proposé pour la première fois en Blu-ray collector. Autre chef d'oeuvre du cinéaste allemand, City Girl se verra offrir le même traitement. Ces deux films sortiront simultanément en édition DVD Collector début décembre.
Après une sortie en salle en février 2010, Jeannot l'intrépide, premier long métrage d'animation réalisé par Jean Image en 1948, s'offre une sortie en vidéo de haute volée puisque l'édition se présentera sous la forme d'un combo DVD + Blu-ray ainsi qu'une copie numérique du film, à l'image des sorties actuelles des classiques de Walt Disney.
Du côté des sorties Bodega films, nous retrouverons La Religieuse portugaise du français Eugene Green (Le Pont des arts), encensé par la critique lors de sa sortie en salle en novembre 2009.
RAPPEL DES SORTIES CARLOTTA :
8 SEPTEMBRE 2010
LE SONGE DE LA LUMIERE
22 SEPTEMBRE 2010
VITTORIO DE SETA - LE MONDE PERDU
6 OCTOBRE 2010
LE MONDE SUR LE FIL - EDITION DOUBLE DVD COLLECTOR
LE MONDE SUR LE FIL - EDITION BLU-RAY COLLECTOR
20 OCTOBRE 2010
RUE CASES-NEGRES
3 NOVEMBRE 2010
COFFRET FRANK BORZAGE : L'HEURE SUPREME / L'ANGE DE LA RUE / L'ISOLE - EDITION 3 DVD COLLECTOR LIMITE
EDITIONS BLU-RAY COLLECTOR : L'HEURE SUPREME / L'ANGE DE LA RUE / L'ISOLE
18 NOVEMBRE 2010
JEANNOT L'INTREPIDE - EDITION COMBO DVD + BLU-RAY et Copie numérique du film
8 DECEMBRE 2010
COFFRET F.W. MURNAU : L'AURORE / CITY GIRL - COFFRET BLU-RAY COLLECTOR
EDITIONS DVD COLLECTOR : L'AURORE & CITY GIRL
RAPPEL DES SORTIES BODEGA FILMS :
22 SEPTEMBRE 2010
LA RELIGIEUSE PORTUGAISE