Preview monstre : THE GOON !
Le 19/03/2009 à 13:06Par Arnaud Mangin
On en parle encore très peu dans nos contrées, mais l'une des œuvres phares de la bande dessinée américaine contemporaine risque de devenir un véritable événement cinématographique l'année prochaine. Pour des raisons qui nous subjuguent encore un peu (mais qui confirment toute l'autodérision qu'il a généreusement insufflé à son Fight Club, sans malheureusement le réitérer depuis) le génial David Fincher a jeté son dévolu sur le tout aussi génial (mais tellement loin de lui) comics The Goon, écrit et illustré avec un amour incandescent pour les fondements de la BD pulp un peu Z par Eric Powell. Un juste retour des choses quand l'auteur lui-même reconnaît, à la fois franchement dans ses propos et à demi-mot lorsque l'on parcourt ses cases, que son Goon n'aurait jamais vu le jour sans une vraie culture cinéphilique un peu foutraque où se sont mélangés aussi joyeusement que possible la Hammer, Roger Corman, Romero, Fulci et toute une tripotées de choses plus ou moins bien fagotées entre les années 50 et 80 mais qui ont fait le bonheur de millions de bisseux curieux réunis dans les salles d'exploitation à travers le globe.
Un bonheur n'arrive effectivement jamais seul. Non seulement The Goon s'apprête à envahir les salles de cinéma (bon d'accord, l'année prochaine, mais quand même...) et c'est déjà une chose totalement inespérée en soi, mais Fincher, le grand, l'unique, l'adulé de toutes parts David Fincher supervise la chose d'un œil passionné. Certes, il n'épousera que le statut de producteur pour l'occasion (Powell, l'auteur de la BD, écope de la casquette de scénariste) mais l'événement constitue un chouette revirement de situation pour ceux qui craignaient que le bonhomme ne soit tombé dans un excès de maturité un peu trop affiché dans son charmant mais pas transcendant L'Etrange histoire de Benjamin Button. La maturité, on la laisse donc de côté dans cet impayable melting-pot culturel, ayant parfaitement su réunifier les atmosphères old school de vieux sérials fantastiques et d'horreur de la BD comme du cinéma... Et de la télévision même, parce que The Goon, c'est un peu l'accouplement de la série TV Batman avec Adam West et un Scoubidou rempli de créatures échappées des EC Comics et dans lequel on aurait balancé un cousin de Hellboy pour faire le ménage... Une vraie fascination du puéril formel joliment entretenue et mise au service d'un discours cynique, se moquant franchement des us et coutumes américaines contemporaines, en pointant du doigt l'infantilisation un peu kitsch des illustrés d'il y a 30 ans...
Mais de quoi parle The Goon, exactement ? Parce qu'un film - il parait - et la BD dont il est tiré, c'est une histoire, celle du Goon est surtout celle d'un gamin des rues qui a appris à devenir un homme par la force des poings après que sa tante, catcheuse dans un cirque ambulant, a été tuée par un voyou cherchant un refuge dans une caravane. Ayant ensuite grandi dans un brumeux pays portuaire hors du temps en compagnie de son pote Franky, fidèle, mais aussi nerveux, psychopathe et confiant que pourrait l'être un Joe Pesci (normal quand on traîne avec un molosse qui aplatirait n'importe qui d'un simple coup de poing), Goon impose rapidement sa loi auprès des criminels de carnaval, des piliers de bars, des tricheurs au poker ou des petites vieilles qui traversent en dehors des clous. Devenu l'homme de main d'un terrible parrain puissant mais que personne n'a jamais vu, il est le gorille de tout un patelin que tout le monde craint, mais que tout le monde prend néanmoins en sympathie. Car l'autre faculté du Goon, et pas des moindres, est de pouvoir se débarrasser facilement des nombreux monstres de tous poils qui essaient d'assiéger la région. Des zombies gangsters, en première ligne, dirigés par un prêtre savant fou qui a un peu trop lu Lovecraft en voulant donner vie à tout et n'importe quoi, mais aussi des vampires, loups-garous, hommes-poissons et autres mollusques surdimensionnés...
Premières images du film :
Avec Fincher à la production, et l'auteur de la BD à l'écriture, The Goon pourrait imposer un véritable revirement dans l'industrie du cinéma d'animation 3D américain en étant le premier du genre à s'adresser uniquement aux adultes, s'il respecte ses petites entorses natives à la bienséances (le sexe et le gore font partie du programme). Une grosse attente, une curiosité en soi, la réponse à la déception Monstres contre Aliens (qui n'exploite pas suffisamment son filon) et pourquoi pas une énorme surprise...
Sortie courant 2010