Test Blu-ray : Carmen

Tourné entièrement dans les décors naturels andalous (entre Ronda, Carmona et Seville), Carmen bénéficie ici d'un traitement de faveur quasi-irréprochable. Dès le premier plan, ce master lisse restitue toute la richesse de la fiévreuse photographie signée par le chef opérateur Pasqualino De Santis (L'Innocent, Lucky Luciano, Mort à Venise), la copie ayant été nettoyée de fond en comble, aucune scorie n'entâche le visionnage. L'apport de la HD se manifeste dès l'ouverture du film avec un relief exceptionnel visible lors des contre-plongées, et une clarté parfois aveuglante sur toutes les séquences diurnes. Si les couleurs manquent légèrement de mordant, le transfert privilégie une palette colorimétrique crayeuse et sableuse du plus bel effet (où se distinguent nettement le vert des uniformes et le rouge de la passion), la définition n'étant prise en défaut que sur les séquences en basse lumière à l'instar du deuxième acte se déroulant dans le camp des bohémiens. Ici, la HD apparait moins flagrante, un léger bruit vidéo est même perceptible et les noirs s'avèrent plus grumeleux. Mise à part cette séquence à la définition plus flottante, le piqué s'avère aiguisé tout du long, les arrière-plans sont stables, la profondeur de champ admirable (malgré le format 1.66) et la dernière séquence se déroulant une fois de plus dans l'arène est confondante de beauté avec une impression de 3D lors des déplacements de la caméra tout du long des tribunes. Une renaissance édifiante.

 

Retrouvez nos captures Blu-Ray en Full HD (1080p) :

 

 

 

L'opéra de Bizet étant français, Francesco Rosi respecte l'oeuvre d'origine en faisant chanter tous ses protagonistes dans la langue de Molière. De son côté, Gaumont livre une DTS Plein Débit 2.0 (pour les puristes) ainsi qu'une DTS HD Master Audio 5.1 particulièrement énergique pour les amateurs d'ambiances surround. Certes nous y perdons légèrement en naturel mais le spectacle est joliment assuré tout du long avec des latérales actives, soulignant efficacement quelques séquences musicales, à l'image de la première séquence où les rumeurs et les hourras des spectateurs s'élèvent graduellement. Ne vous attendez pas à un déluge d'effets mais plutôt à une plongée somme toute prenante dans l'action du film. Comme le réalisateur l'indique dans le documentaire présent dans les suppléments, un énorme travail a été effectué au mixage afin de rendre les dialogues et les paroles le plus intelligible possible. L'éditeur honore ce parti-pris sur les deux options acoustiques proposées, et nous ne déplorons aucun accroc de compréhensibilité. Si certains échanges verbaux se détachent des passages musicaux (enregistrés en préproduction) c'est qu'ils ont été repris en postsynchronisation comme c'était souvent le cas dans le cinéma italien. De son côté, la stéréo se révèle d'une limpidité confondante, laissant passer d'excellentes percées des flûtes et des basses à de multiples occasions. Si vous n'avez jamais eu l'occasion d'assister à une véritable représentation de Carmen, ces deux pistes sonores sont faites pour vous !

Carmen, journal d'un tournage (HD - 47min34)

Dans cet unique, passionnant et exhaustif documentaire rétrospectif, nous retrouvons Julia Migenes (Carmen), le cinéaste italien Francesco Rosi (dans un français parfait), le producteur Patrice Ledoux, Ruggero Raimondi (Escamillo), la conseillère artistique Janine Reiss, pour un tour d'horizon complet du tournage de Carmen et de sa préparation. Tout au long de ce documentaire, vous aurez l'occasion de voir de nombreuses images du tournage montrant Francesco Rosi à l'oeuvre derrière sa caméra ou en grande conversation avec ses acteurs et techniciens. De nombreuses anecdotes s'enchainent sans temps mort et nous y apprenons entre autre que c'est Daniel Toscan du Plantier qui est venu chercher Francesco Rosi pour lui proposer de réaliser cette adaptation cinématographique de l'opéra de Bizet. Avouant lui-même qu'il n'est pas particulièrement mélomane, le metteur en scène italien déclare avoir accepté cette adaptation à la seule condition de réaliser ce film dans les mêmes conditions que ses précédents longs métrages, en ancrant l'histoire de Carmen dans un contexte réaliste filmé entièrement dans les décors naturels d'Espagne. S'ensuit l'évocation de la préparation des décors changés pour l'occasion (une centaine d'habitations transformées de Seville à Malaga), du travail avec les comédiens, de l'adaptation de l'opéra pour le cinéma proprement dit. Les comédiens mais surtout interprètes du film Ruggero Raimondi (chanteur d'opéra baryton-basse) et Julia Migenes (soprano) reviennent quant à eux sur les conditions de tournage et l'enregistrement des airs célèbres de Georges Bizet, tandis que Janine Reiss passe en revue le travail acharné effectué avec Julia Migenes pour donner vie au personnage principal.

 

 

L'interactivité se clôt sur la bande-annonce (2min07).