Si l'image proposée sur le DVD nous avait offert satisfaction, démontrant le professionnalisme de Metropolitan là où tous les éditeurs ont laissé tomber le support (cf l'image désastreuse de Inception en DVD), celle que l'on découvre sur le Blu-Ray confirme que l'éditeur est sans nulle doute l'un des meilleurs du marché français. Si son montage haché ne gâchait pas une partie du spectacle, on se rendrait compte que de nombreux plans du films de Sylvester Stallone sont assez beaux et mettent en valeurs quelques cadres richement fournis et détaillés. Et ce même s'il vaudra mieux se retourner vers John Rambo pour quelque chose de réellement esthétique, Expendables : Unité spéciale reposant sur un concept beaucoup plus rentre dedans. Toujours est-il que tout ceci prend toute sa dimension en Haute Définition et le Blu-ray en fait la démonstration immédiate. Le piqué est excellent, au point de se montrer presque horrifiant sur les gros plans (des grosses trognes plus toutes jeunes... ça ne pardonne pas), de même que la gestion colorimétrique dont les contrastes offrent de beaux noirs profonds et disposent d'un joli dégradé dans la séquence où Mickey Rourke fait une confession, plongé dans un néon bleuté - le DVD patine un peu sur ce passage. On n'en n'attendait pas moins, mais les conditions sont idylliques et c'est tant mieux !
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Alors là... Lors de l'utilisation d'un fusil quelque peut bruyant vers la fin du film, Sylvester Stallone s'écrie « Ça fait un boucan, ce truc ! ». C'est exactement la remarque que l'on se fait pendant le visionnage du disque ! L'aspect bourrin d'Expendables prend toute son ampleur si l'on est équipé du matériel nécessaire. D'un côté, nous avons une VO DTS HD Master Audio 7.1 qui se pose là, comme on jetterait une enclume par terre. Savamment burnée, cette piste anglaise fête la Saint-Jean à la moindre occasion en rendant la scène avant particulièrement criarde, puisque tout est pensé pour être imposant (effets et musique) et couvert par des graves qui ne s'arrêtent pratiquement jamais. Les coups de poings raisonnent comme des coups de feu, les coups de feu comme des explosions et les explosions comme... on ne sait pas exactement, mais les amoureux de gros son ne seront pas pris à défaut. Même si tout ceci manque clairement de finesse dans le mixage (ce n'est pas Fight Club, quoi), l'ensemble des canaux vit allègrement pour satisfaire les gourmands de ce genre d'expérience.
Si la VF se dispense de deux canaux puisqu'elle ne dispose que d'un DTS HD Master Audio 5.1, elle s'extériorise également avec une énergie sans borne qui n'a clairement pas à rougir face à la VO. On peut même dire que ça tape plus puisque le Blu-Ray s'offre une petite fantaisie en boostant un peu les décibels sur cette version doublée, qui s'avère plus puissante que l'anglais à volume égal. Chose extrêmement rare, on privilégiera cette version française pour ses qualités artistiques tant les voix, devenues cultes aujourd'hui, réunies en un seul film décuplent le charme du spectacle et la sensation de nostalgie.
L'éditeur fait un véritable carton plein puisque l'interactivité, en plus d'être fascinante, exploite les nombreuses possibilités du format Blu-Ray. De quoi renvoyer dans les cordes le DVD standard qui ne fait désormais plus le poids. On trouve en premier lieu le Commentaire audio d'un Sylvester Stallone moins inspiré qu'à l'accoutumée et dont la prestation n'est pas d'un intérêt primordial. Essentiellement parce qu'il ne semble pas avoir grand-chose à dire et parce qu'il tente de paraphraser longuement la psychologie de ses personnages et la narration de son film sans pratiquement n'évoquer aucun autre point. Pour les révélations et les secrets de fabrication, il faudra donc se retourner vers les autres bonus. On piochera néanmoins quelques petites infos échappées de ci, de là, dont un aveu assez inattendu sur son mécontentement à propos du combat opposant Jet Li à Dolph Lundgren. Cette séquence ayant été confiée à une seconde équipe, il la considère ouvertement comme ratée et promet de se rattraper dans le second opus en proposant un affrontement similaire digne de ce nom.
Si ce commentaire est un peu décevant en l'état brut, il gagne un tout autre intérêt en faisant partie intégrante du Recon Mode (2h01). Désormais incontournable en tant que supplément interactif associé à la lecture d'un film, ce genre de bonus gagne un véritable intérêt lorsqu'il est bien maîtrisé. Ce qui est le cas ici. Si l'on imagine d'abord être devant un simple Picture In Picture lors des premières minutes, avec le commentaire d'un côté et une petite fenêtre en bas de l'écran de l'autre, la lecture via ce procédé prend soudainement de spectaculaires proportions. L'écran se scinde souvent en plusieurs parties, laissant apparaître Sylvester Stallone qui nous offre une analyse additionnelle qui prend le dessus sur le commentaire de base, illustrée par l'image. Soit par des vidéos du tournage, des extraits d'autres films, des arrêts sur image, des avances ou retours rapides pour appuyer la comparaison. Stallone se prête à l'exercice avec beaucoup plus d'entrain que sur le commentaire et donne en plus la parole à d'autres membres de l'équipe. En effet, son producteur, son assistant réalisateur et quelques comédiens sont invités à intervenir. C'est ainsi que Dolph Lundgren, moyennant un jeu de pauses et de redémarrages, nous livre un décorticage complet de son combat contre Jet Li. Ce bonus s'impose comme une belle analyse détaillée du film et rend immédiatement inutile l'écoute du commentaire audio tout seul...
Le Recon Mode fait presque office de making of dans ce qu'il dévoile mais, rassurons-nous, un making of officiel fait également partie du programme. C'est d'ailleurs bien plus que cela puisque Inferno : Le Tournage du film (1h32) s'inscrit non seulement dans la même veine que le journal de bord accompagnant John Rambo Director's cut, mais il s'agit certainement de l'un des plus beaux documentaires pris un peu sur le vif et dépeignant la vie comme le caractère d'un acteur/réalisateur. Nous sommes clairement devant un Sylvester Stallone à cœur ouvert, révélant une sincérité évidente et un amour flagrant pour les gens, pour son métier et pour la vie en général. Evidemment, le contexte d'un tournage comme celui d'Expendables : Unité Spéciale peut paraitre totalement incongru pour parler de valeurs humaines tant le film n'a d'autres ambitions qu'être un gros spectacle bourrin, mais le contraste entre le résultat final et le cœur mis à l'ouvrage offre plus d'impact à l'ensemble.
Comme c'était déjà le cas sur le making of de son film précédent, il s'agit moins de raconter le tournage que de parler de l'homme, de ses débuts difficiles, d'une carrière d'acteur qu'il juge ratée puisqu'il est obligé d'écrire ses scénarios, et de ses rapports avec la profession comme avec ses proches, ce qui donne lieu à de belles images lorsqu'il dirige ses acteurs. Plus qu'un bonus, c'est clairement un second film qui nous est proposé ici (et, à certains égards, meilleur que le titre principal), un film qui s'intéresse à un homme à part entière, d'une pugnacité et d'un professionnalisme qui imposent le respect. Rares sont les artistes du milieu du cinéma qui vont jusqu'à mettre leur santé en danger...
Pour rester dans les coulisses, nous trouvons From Ashes (26min36) qui retrace de façon immersive le travail effectué lors de la post-production. Là encore, Sylvester Stallone s'implique à 200% dans cette lourde tâche, focalisée sur le montage, le travail sonore, la musique et la promotion. Tenant à nouveau un discours rare, il admettra à demi-mot qu'il n'a pas forcément eu le temps de boucler le film comme il le désirait et qu'un prochain Director's cut devrait rattraper les lacunes imposées par les délais.
Généralement limité à un court module et entraperçu dans le bonus précédent, la case Comic Con (inévitable pour tout film de divertissement qui se respecte) s'étale ici sur plus de 45 minutes, dévoilant la conférence publique dans toute son intégralité. Sylvester Stallone y est accompagné par Randy Couture, Steve Austin, Terry Crews et Dolph Lundgren. Si l'on doit faire avec Harry Knowles jouant les types sympas et animant le show, le spectacle proposé ici s'avère des plus réjouissants : ça déconne plein tube, ça assume totalement le côté bourrin de l'entreprise, ça se targue d'une petite visite surprise du meilleur goût et ça révèle surtout que, malgré la montagne de muscles amoncelée ici, ces grands gaillards savent exactement dans quoi ils ont mis les pieds et sont moins crétins qu'on aimerait le penser...
Outre les bandes-annonces de l'éditeur, nous retrouvons pas mal de petites choses sympa à se mettre sous la dent. A commencer par les Prises ratées (5min03), soit un petit bêtisier pas désagréable, un court module sur les Avant-premières françaises (3min48), ou une Scène coupée (45sec) dans laquelle Dolph Lundgren dévoile qu'il raconte très mal les blagues. Mais ce qu'on appréciera tout particulièrement, c'est le bonus concocté par Metropolitan, qui se focalise sur Les voix françaises (10min51) des acteurs phares du film, toutes aussi cultes que les interprètes originaux. Malheureusement, si la démarche est excellente, les interviews ne sont pas intéressantes et les intervenants peu impliqués.