Comme pour ses précédents titres, Gaumont et l'équipe du laboratoire Eclair ont effectué une totale restauration de ce film bien que La Main du diable ait visiblement subi un peu plus les outrages du temps de par ses éléments d'origine provenant d'une pellicule au nitrate. Les jeux abstraits, complexes et sophistiqués d'ombres et de lumières, signés par l'immense chef opérateur Armand Thirard (Hôtel du Nord, Quai des Orfèvres, Les Diaboliques), bénéficient du soutien solide de l'encodage AVC, à ceci près qu'un voile agaçant se dessine dès les tous premiers plans réalisés à l'aide de modèles réduits. Ce voile, à coup sûr résultant des conditions de conservation d'origine, aura tendance à réapparaître sans pour autant que cela perturbe les conditions de visionnage. Si quelques rayures verticales ainsi que divers fourmillements dans les arrière-plans et un léger bruit vidéo subsistent, la copie est impressionnante de netteté, les blancs voient leur clarté renchérie par l'apport du transfert HD et les scènes diurnes sont les plus belles de cette édition. De par son encodage, les contrastes et la palette de gris sont affermis par rapport à l'édition SD, exceptés sur les fondus enchaînés qui demeurent plus instables avec un grain récidivant. Enfin, le piqué n'est certes pas aussi tranchant que sur certains autres films édités par Gaumont mais quelques détails se montrent spécifiquement bluffants sur plusieurs plans rapprochés. En dépit de quelques accrocs mentionnés, il semble aujourd'hui difficile d'offrir une qualité d'image aussi réhabilitée que celle présentée ici.
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Comme pour l'image, la bande-son originale a elle aussi subi les affres du temps, donc un brillant nettoyage, et la piste sonore présentée en DTS-HD Master Audio 1.0 accuse un agréable confort acoustique quand bien même nous discernons diverses saturations lorsque la musique du film s'emballe. Le phrasé si particulier de Pierre Fresnay manque également parfois d'intelligibilité comme si la voix du comédien s'accompagnait d'un petit souffle chronique, mais cette fois encore, il n'y a rien de véritablement embarrassant et l'ensemble garde une jolie homogénéité. Le mixage est propre, laisse une belle place à la musique et aux effets divers.
Test Image et Son : Sabrina Piazzi
L'éditeur complète le disque d'un documentaire donnant la parole à Serge Bromberg, aux scénaristes Pierre Billard et Jean Cosmos, ainsi qu'aux chefs opérateur Alain Choquart et Ricardo Aronovic. Ce documentaire est l'occasion de revenir sur la création de la Continental Films par Joseph Goebbels afin de conserver la mainmise sur l'industrie française du cinéma. Le ministre de la Propagande du Parti Nazi en accordera la direction à Alfred Greven, ancien militaire francophile et cinéphile averti. Seulement ce dernier ne suivra pas les recommandations de Goebbels qui souhaite un cinéma abrutissant, et produira notamment l'adaptation d'Au Bonheur des Dames d'Émile Zola (auteur naturellement proscrit sous l'occupation pour son article J'accuse !) ou encore Le Corbeau de Henri-Georges Clouzot. Il embauchera également des Juifs tel que Jean-Paul Le Chanois, né Jean-Paul Étienne Dreyfus, scénariste et dialoguiste de La Main du Diable justement. "Il mérite de ne pas être considéré comme les fanatiques au service duquel il était", soutient Jean Cosmos.
Cela n'empêchera pas les metteurs en scène et techniciens de travailler avec une économie de moyen, la pellicule notamment étant soumise au rationnement, interdisant "des plans trop long et un trop grand nombre de prises", il fallait par conséquence "que les techniciens soient vraiment au summum de leur vigilance et de leur maîtrise technique" assure Alain Joquart dans le documentaire. La seconde partie du documentaire est davantage consacrée au film lui-même, notamment à la collaboration entre Maurice Tourneur et son assistant Jean Devaivre. Pour l'anecdote, Bertrand Tavernier s'inspirera de ses mémoires (Actions !, 2002) pour mettre en scène Laissez-passer (2002).
Test Bonus : Yann Rutledge