C'est ce qu'on appelle un lifting de premier ordre ! Dès le premier plan, les yeux de Dustin Hoffman brillent de mille feux et la luminosité est éblouissante. Le célèbre générique d'ouverture où Benjamin se laisse porter par le tapis roulant affiche une granulation jusqu'à la fin des credits et aura tendance à reparaître durant les séquences en basse lumière ou reprises en postproduction (la vue subjective du scaphandre). Par exemple la séquence où Ben et Elaine marchent dans la rue avant de se rendre au club de strip-tease (58ème minute) a été tournée en caméra cachée et s'avère la plus altérée de ce master HD, le grain étant plus agressif et la saturation des couleurs quelque peu perturbée. Pareillement, les noirs tendent parfois sur le vert (visible sur les gros plans de Ben reposant sur ses coussins) et manquent légèrement de densité. Faute de quoi, la palette colorimétrique est exceptionnelle et d'une richesse ébouriffante, surtout quand on sait qu'il s'agit du premier film en couleur de Mike Nichols. Les séquences où Ben se détend à la piscine sont exceptionnelles avec des bleus d'une étourdissante limpidité. Evidemment, le piqué de la définition n'est pas aussi acéré que pour un film récent, mais le résultat est là, rarement la photo stylisée d'un film des années 60 tourné en 2.35 aura été aussi rutilante en HD.
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L'éditeur ne lésine pas et livre pas moins de cinq pistes sonores. Tout d'abord la version originale, celle qui nous préoccupe évidemment le plus, est la plus éclatante et la plus riche de toutes avec des dialogues très percutants pour une 2.0 DTS HD Master Audio qui a visiblement subi un lifting tout aussi exigeant que l'image. La version française se montre quant à elle assez couverte, les dialogues ont même une petite tendance à saturer y compris les passages chantés par Simon & Garfunkel, comme l'atteste le générique avec The Sound of silence. On avoue néanmoins une petite tendresse pour cette version et ce en raison de la voix de Patrick Dewaere, alors âgé de 20 ans, qui double Dustin Hoffman avec conviction et énergie. Seulement les voix prennent le pas sur les effets et les bruitages semblent avoir été amplifiés dans la langue de Molière à l'instar des gargouillements de l'aquarium dont le volume change d'une langue à l'autre. Si la version espagnole est la plus abimée des langues proposées en raison d'un souffle et craquements sporadiques, la version allemande se voit enrichie d'une piste 5.1, nettement moins probante que la 2.0 DTS HD Master Audio en terme d'ardeur. Pour résumer, seule la version originale procure une dynamique harmonieuse et naturelle, ainsi qu'un confort de visionnage indiscutable.
Rencontre avec un auteur - Charles Webb (20min11)
Le film de Mike Nichols est adapté du roman éponyme écrit par Charles Webb en 1963. Réalisée en 2006, cette interview montre un homme serein, visiblement toujours heureux de parler du livre, et évidemment du film, qui lui ont valu une grande notoriété. L'auteur américain, vivant en Angleterre, revient sur son adolescence et sa vie à l'université dont il s'est grandement inspiré pour écrire Le Lauréat à l'âge de 21 ans. Ce qui lui a permis de s'exprimer et de se révolter contre son éducation. Après cette présentation, Charles Webb en vient sur l'adaptation de son roman ainsi que sur les hauts et les bas que lui ont apporté la célébrité. Visiblement toujours animé par l'amour de l'écriture, Charles Webb a publié la suite des aventures de Benjamin Braddock en 2007 et intitulée Home School.
Le Lauréat - Un film dans son époque (12min57)
Heureusement que l'éditeur ait pu conservé cette remarquable analyse du film réalisée par l'écrivain et réalisateur Michael Muszlak. Inscrivant le film dans le contexte social, politique et culturel des Etats-Unis de la fin des années 60, notre interlocuteur en dit plus long dans cette analyse que Thomas Koebner dans son commentaire audio. En disant au passage qu'il partageait les mêmes sentiments que le personnage de Benjamin Braddock à l'époque de la sortie du film, Michael Muszlak commente quelques séquences du film (dans le fond mais aussi dans sa forme) avec une rare pertinence en insistant sur la situation des jeunes de son âge, plongés dans une contre-culture révoltée sur les campus universitaires, tous unis contre le conformisme. Un film caractéristique de son époque nous dit Michael Muszlak où émergeait la liberté sexuelle, l'égalité entre les races et le pacifisme à l'aube des départs pour le Vietnam. A ne pas louper.
Le Lauréat - 25 ans après (22min21)
Egalement présent sur la précédente édition DVD sortie en septembre 2008, par ailleurs la plus complète à ce jour, ce documentaire rétrospectif réalisé en 1992 donne principalement la parole à Dustin Hoffman, Buck Henry (scénariste mais aussi le réceptionniste dans Le Lauréat) et Katharine Ross dont nous pouvons apprécier le screen-test. Les anecdotes s'enchaînent pour notre plus grand plaisir, à l'instar de Dustin Hoffman se rappelant la venue d'une célèbre chroniqueuse hollywoodienne à la fin de la première du film qui lui alors déclamé comme une prophétie qu'il devait désormais s'attendre à voir sa vie professionnelle changée du tout au tout. Les auditions, la musique de Simon & Garfunkel, l'interprétation de la fin ambigue, rien n'est omis dans ce documentaire mais on déplorera l'absence de Mike Nichols et la trop grande part laissée aux extraits du film. Ce segment se clôt par un extrait du film de Robert Altman, The Player, dans lequel Buck Henry joue son propre rôle et propose le pitch d'une suite possible au chef d'oeuvre de Mike Nichols.
Commentaire audio du professeur Thomas Koebner (version allemande sous-titrée français)
On ne sait pas où l'éditeur a pu dégoter cet enregistrement mais nous perdons les deux excellents commentaires audio présents sur la précédente édition DVD. Exit le commentaire de Dustin Hoffman accompagné de Katharine Ross, ainsi que celui de Mike Nichols mené par Steven Soderbergh, et c'est bien dommage. Il faudra se contenter d'un commentaire très lent où le dit professeur (qui ne se présente pas croyant sûrement que tout le monde le connait) s'apparente à un Henri Chapier teuton dont le phrasé traaaaaaînant laisse place à quelques silences finalement reposants. Pour tout dire vous n'apprendrez absolument rien sur le film puisqu'ici la paraphrase est reine. Décrivant ce qui passe à l'écran à la manière d'une piste en audiovision, Thomas Koebner s'extasie certes avec raison sur la réalisation de Mike Nichols mais ne parvient jamais à se rendre intéressant. Notons que le traducteur a eu visiblement du mal à comprendre où voulait en venir le professeur puisqu'une absence de sous-titres est à signaler à un certain moment.
Analyse de scène (12min10)
S’il ne vous a pas endormi précédemment, vous serez heureux de retrouver le professeur Thomas Koebner, tournant le dos à sa console d’enregistrement pour en remettre une louche ! Les plus courageux seront encore plus désabusés puisqu’encore une fois, notre interlocuteur n’a absolument rien de captivant à nous dire. La pire des choses est qu’il se permet face caméra de commenter quelques scènes du Lauréat (la scène de séduction, la chambre de Benjamin, la révélation, le mariage) en reprenant exactement les non-arguments entendus dans le commentaire audio. On mettra cela sur le compte de Thomas Koebner qui voulait absolument se montrer à l’écran, mais c’est ce qu’on appelle enfoncer le clou.
Le rôle de la musique dans le film (7min55)
Le professeur de musique (rien n’est indiqué mais on le suppose) Helga de la Motte réalise un petit exposé sur, comme le titre du module l’indique, le rôle de la musique signée Simon & Garfunkel dans le film de Mike Nichols. Il y a au final peu de choses nouvelles à glaner dans cette petite analyse si ce n’est d’apprendre que les chansons du duo existaient déjà avant le film exceptée Mrs Robinson. Cette chanson n’était d’ailleurs pas terminée au moment de la sortie du film et c’est la raison pour laquelle Simon & Garfunkel se contentent souvent de fredonner l’air plutôt que de chanter véritablement. Par ailleurs, Mrs Robinson n’a pas vraiment grand-chose à voir avec le film mais le réalisateur aimant l’ébauche de la chanson écrite par Paul Simon, décide de l’inclure dans Le Lauréat en demandant au compositeur de changer le nom de la femme évoquée dans sa chanson préalablement appelée Mrs Roosevelt.
L'interactivité se clôt sur la bande-annonce (3min23) montrant tout le film y compris la fin, ainsi qu'un raccourcis vers les chansons du film où sont entendues les quatre chansons de Simon & Garfunkel. + un livret de 20 pages rédigé par Marc Webb, scénariste et réalisateur de 500 jours ensemble.
On regrettera que l’éditeur n’ait pas replacé d'autres suppléments présents sur l'édition collector 2 DVD sorti en 2008, notamment un tête à tête passionnant avec Dustin Hoffman réalisé en 1992. Dans cette interview de plus de 20 minutes, le comédien s’y livrait comme rarement sur le film de Mike Nichols, parlait longuement de ses débuts, de son casting et évoquait même l’idée d’une suite où son personnage Benjamin Braddock devenait pour ainsi dire "Mrs Robinson" en entretenant une liaison avec la copine de son fils qu’il aurait eu avec Elaine. Ajoutez à cela les deux commentaires audio mentionnés plus haut, l’éditeur n’a pas non plus gardé deux autres modules notamment un excellent documentaire qui donnait la parole aux cinéastes Harold Ramis, David O. Russell, Marc Forster, Jonathan Dayton et Valerie Faris (Little Miss Sunshine) sur l'influence du Lauréat dans leur carrière.