Le second effet kiss-cool, plus subjectif pour les fans hardcores, c'est que nettoyé de son grain, de ses nombreux artefacts et épousseté numériquement (un élément parfois décelable) pour en faire une copie totalement inédite (presque trop propre), Predator perd paradoxalement ce qui lui offrait son aspect documentarisé et pris sur le vif, la texture un brin crapouillotte qui n'allait pas si mal à son propos global. Chose qui ne nous aurait pas gêné si les responsables du remastering n'avaient pas eu la main parfois un peu lourde sur le réducteur de bruit (destiné à flouter les passages trop granuleux) sur certains plans sans doute jugés comme irrécupérables. Rien de trop laid qui saute aux yeux (on est encore loin du rajeunissement numérique des comédiens de Clones, par exemple), mais certains grains de peau ou effets de brumes y sont plus lisses que naturels. Un bidouillage qui empêche l'image d'atteindre la note maximale, mais dont la rareté ne gâche pas le spectacle.
Se faire donc à l'idée que Predator est un film plus frais, aux teintes plus vives et à la copie plus ciselée est essentiel pour l'apprécier dans son nouvel écrin et enfin dans un encodage digne de ce nom. Compte tenu de son âge et de ses copies précédentes, le résultat est tout simplement inespéré.
Retrouvez ci-dessous nos captures Blu-Ray en Full HD (1080p) :
C'est bien évidemment le sort alloué à la VF (et quelle VF !) qui fait chuter un peu notre note puisque cette réédition n'aura pas poussé à l'éditeur à revoir ses ambitions à la hausse. On écope donc du même DTS standard mi-débit de l'édition précédente, déjà proposé sur le DVD de 2002, qui ne fait pas le poids une seule seconde face à la stupéfiante performance de la VO. Restent néanmoins la qualité exceptionnelle du doublage et un mixage qui fais ce qu'il peut pour bénéficier d'un vrai relief mais qui perd énormément d'effets comparativement aux pistes anglaises.
Pour l'occasion, Fox fait un léger (mais vraiment très léger) effort en lui administrant une poignée de nouveautés. Nouveautés pas très utiles puiqu'elles sont surtout là pour faire la promo du prochain Predators. Ainsi, Predators - Premières images (1min44) est la première petite featurette tombée sur le web il y a quelques semaines et qui accompagne la bande annonce officielle ouvrant ce disque. Predator - Evolution d'une espèce (11min13) est une très rapide analyse du film de John McTiernan par... Robert Rodriguez et Nimrod Antal, à qui l'on doit justement Predators. Rodriguez y explique par ailleurs le développement scénaristique qu'il avait sous le coude depuis des années. Le pont entre les deux opus destiné à nous trainer dans les salles n'est pas très fin, mais business is business.
Plus concret, le Commentaire audio de John McTiernan est déjà digne d'intérêt en soi compte tenu de l'intervenant concerné. Pourtant, c'est ici un peu l'histoire du verre à moitié vide. McTiernan n'est pas fan de commentaires audio et on le ressent ici plus que jamais. Pas spécialement motivé, et nourrissant sa prestation de nombreux blancs, le réalisateur ne brille pas ici par un enthousiasme démesuré. Pourtant le naturel revient de nombreuses fois au galop et lorsque le bonhomme a des choses à dire, le propos demeure en tous points fascinant. Véritable analyste du cinéma d'action dans ses fondements propres et dans sa technique, McT nous donne une leçon d'un cinéma. Toujours bon à prendre. C'est en tout cas toujours plus attrayant que la seconde piste de commentaires, uniquement sous forme de sous-titres, qui donne la "parole" à l'historien du cinéma Eric Lichtenfelo. Si le contenu n'est pas inintéressant, c'est bien évidemment l'aspect formel qui lasse. Chose d'autant plus regrettable sur un Blu-Ray, qui aurait permis de délivrer le même type d'information sous forme de bulles ou de vignettes.
S'il peut saigner, on peut le tuer (28min47) est le fameux making-of parfaitement décomplexé qui s'attarde essentiellement sur la grosse aventure humaine qu'était Predator pour son équipe et ses techniciens, plus qu'un véritable décorticage technique du film. Bourré d'anecdotes en tous genres, notamment sur la faiblesse du budget (sans comparaison hasardeuse, le film a couté 27 fois moins qu'Avatar) et des conditions d'hébergement qui auront rendu malade pratiquement tout le monde, le documentaire se compose de nombreuses images de tournages ainsi que des interview "promos" d'époque et d'autres plus récentes. Le terme promo est entre guillemets tant le discours des uns et des autres demeure bien éloigné du miel habituellement destiné à vendre un film. A cela s'ajoute la section Au cœur de Predator (30min14), prenant la forme de sept petits modules thématiques dont la durée oscille globalement entre 4 et 5 minutes, complétant le précédent making of mais se répétant aussi pas mal avec celui-ci. La sensation de redite est un peu là, mais les fans qui veulent s'abreuver d'informations ont largement de quoi faire.
Quand y'en n'a plus, y'en a encore ! La section Courts extraits (10min23) regroupe en fait ce qui faisait office de bonus cachés sur l'ancienne édition DVD collector. Cinq petites vidéos, toujours tirées des interviews récentes, où l'on y retrouve quelques anecdotes croustillantes sur le tournage et des sujets un peu plus légers. Ajoutons à cela un chapitre sur les Effets spéciaux (4minutes) composé de petites vidéos dévoilant la façon dont a été créée l'invisibilité du Predator, même si tout ceci manque d'explications claire sur le procédé. Enfin, l'interactivité se conclue sur quatre petites Scènes coupées (5min20) à l'intérêt un peu limité mélangeant une séquence inédite et des prises ratées, les bandes annonces de Predator et Predator 2 en HD (étrangement "recadrées" en 2.35 alors que les films n'ont pas été tournés dans ce format), une Galerie de photos et un Portrait du Predator expliquant l'accoutrement du dangereux extra-terrestre.