Le générique et les plans d'ouverture font un petit peu peur en raison de nombreux fourmillements, du grain très appuyé, une définition chancelante, etc. Puis, au premier changement de plan, le piqué se raffermit instantanément, les contrastes sont tranchés et les détails apparaissent aux quatre coins de l'écran. La restauration est également très impressionnante, aucune scorie n'a succombé au lifting numérique et la clarté sur les séquences diurnes est indubitablement HD. Certaines séquences nocturnes sont néanmoins plus altérées, quelques arrière-plans demeurent sensiblement confus et les fondus enchaînés entraînent un léger décrochage. Il n'empêche que ce nouveau master 1.33 Haute Définition en met souvent plein les yeux, bien que le film ait été tourné en 16mm pour la télévision, les gros plans sont superbes et la colorimétrie bénéficie d'une vivacité inédite. Les partis-pris esthétiques de Michael Ballhaus, indispensable collaborateur de Rainer Werner Fassbinder, trouvent grâce à cette édition Blu ray un écrin inouï et édifiant.
Comme pour l'image, la bande-son a également subi un dépoussiérage de premier ordre puisque aucun souffle n'est à déplorer sur cette piste allemande PCM mono. L'écoute demeure d'une limpidité exemplaire, tout craquement intempestif a été éradiqué, la musique de Peer Raben (le compositeur régulier de Rainer Werner Fassbinder) est élégamment restituée et les silences parfois glaçants du film sont irréprochables. L'alliance entre les dialogues, les effets sonores et la musique est exceptionnelle.
De l'Amour et des contraintes : suppositions sur "Je veux seulement que vous m'aimiez" (1h)
Ce documentaire rétrospectif d'une heure réalisé en 2010 par Robert Fisher donne la parole à l'ensemble des comédiens du film (Vitus Zeplichal, Elke Aberle…), au chef opérateur Michael Ballhaus, au preneur de son Karsten Ulrich (décédé depuis), ainsi qu'aux producteurs du film, le tout étant largement illustré par des images et des photos issues du tournage. A travers de nombreuses anecdotes, tous les intervenants évoquent longuement et avec émotion leur collaboration avec Rainer Werner Fassbinder, l'écriture du scénario (inspiré de faits rééls), les thèmes abordés (la recherche d'amour, l'attente, l'insatisfaction), la casting, la mise en scène, tout en réhabilitant le film jusqu'alors considéré injustement comme une œuvre mineure du réalisateur. Quelques images d'archives rares nous montrent Fassbinder s'exprimant face caméra sur la situation du cinéma allemand ou donnant quelques indications à ses techniciens. La deuxième partie de ce film rétrospectif dresse un parallèle troublant entre la véritable histoire de Rainer Werner Fassbinder et celle racontée dans Je veux seulement que vous m'aimiez avec notamment le rapport du réalisateur avec ses parents et sa quête permanente de reconnaissance.