Test Blu-ray : L'Agence

Ecrin parfait pour redécouvrir ce petit bijou qu'est L'Agence, cette édition HD frôle la perfection et restitue superbement les volontés artistiques du chef opérateur John Toll (Tonnerre sous les tropiques, La Ligne rouge) alliant les teintes bleues, sensiblement désaturées et froides, avec un superbe grain habilement conservé. Le relief est immédiat lors des séquences de discours de Matt Damon devant son parterre de supporters, les contrastes sont très tranchés et denses, les noirs abyssaux, mais les partis-pris entament quelque peu le piqué et les détails, notamment sur les scènes en intérieur. La compression VC-1 consolide les plans plus agités à l'instar de la course-poursuite finale à travers les portes, la définition demeure de haute volée même si elle n'est pas optimale sur les plans larges ou repris en postproduction.

Comme d'habitude, seule la version originale bénéficie d'une piste DTS HD Master Audio 5.1, tandis que les langues française, italienne, allemande, espagnole et japonaise doivent "se contenter" d'un encodage DTS 5.1. Il va de soi que la piste anglaise révèle une dynamique, un coffre et une spatialisation beaucoup plus denses et tapageuses que ses homologues, même si ces dernières s'en tirent remarquablement du point de vue immersion. L'environnement sonore de la version originale est immédiat, la balance frontales-latérales est subtile et percutante, et le caisson de basses s'invite à la partie avec quelques effets bien sentis. La précision des dialogues est remarquable, jamais noyée par le fracas des enceintes avant et la superbe musique très présente mais non envahissante de Thomas Newman (Wall-E, Les noces rebelles). L'Agence ne croule pas sous les effets spéciaux et les effets virevoltants, mais favorise plutôt le réalisme des scènes en extérieur et les ambiances naturelles caractéristiques de New York (trafic dense, klaxons en folie, pluie diluvienne dans la dernière partie), magistralement réparties sur l'ensemble des enceintes. Les alternatives acoustiques se focalisent surtout sur le rendu des voix, les dialogues ayant une fâcheuse tendance à prendre le dessus sur l'ensemble et altérant le réalisme des situations. Evitez la version française au doublage calamiteux, en particulier celui de Matt Damon dont la voix sans relief ne convient décidément guère au comédien. 

Commentaire audio du réalisateur George Nolfi (vostf)
Tout d'abord scénariste, on lui doit par exemple les scripts d'Ocean's Twelve et de La Vengeance dans la peau, George Nolfi passe ici son temps à analyser minutieusement l'histoire de L'Agence. Très à l'aise dans l'exercice, notre interlocuteur évoque brièvement la courte nouvelle de Philip K. Dick qu'il s'est littéralement approprié pour se concentrer sur la romance des deux personnages principaux (qui n'existent d'ailleurs pas dans la nouvelle). George Nolfi partage ainsi durant 1h40 quelques anecdotes liées au tournage du film, revient sur le fond de l'histoire tout en justifiant ses partis-pris esthétiques et formels, et passe enfin en revue le choix des costumes, des décors et des effets spéciaux. S'il tombe parfois dans la paraphrase en expliquant tout simplement ce qui se déroule à l'écran, George Nolfi livre un commentaire audio plutôt agréable, sincère et détendu, et n'exclut pas en fin de course de réaliser une suite de L'Agence dans les prochaines années.


Scènes coupées et versions longues (6min54)
Ces séquences laissées sur le banc de montage ne présentent que peu d'intérêt, hormis celles mettant en scène un élément perturbateur de l'Agence qui souhaite visiblement prendre la place de Richardson et qui apparaît ici dans deux séquences plutôt réjouissantes de confrontations entre les deux hommes. Comme quoi, la rivalité et l'arrivisme existent aussi dans cette "entreprise". Vous y verrez également une version longue du spectacle de danse au Cedar Lake, un dialogue supplémentaire de Thompson (Terence Stamp) expliquant à David (Matt Damon) que l'Agence a influencé quelques célébrités comme Steve Jobs ou même Thomas Edison dans leur carrière respective.


S'élancer à travers New York (7min36)
Si nous sommes ici en plein territoire promotionnel avec les interviews des acteurs, du réalisateur George Nolfi et des producteurs, cette visite à travers la Grosse Pomme n'est vraiment pas désagréable. Si les extraits du film abondent, quelques images du tournage viennent heureusement illustrer l'ensemble, les propos des intervenants ne sont pas dénués d'intérêt. Le contexte visuel du film est finement abordé et les effets spéciaux sont même rapidement mais habilement analysés, notamment la fameuse séquence finale des portes.


Destiné à être (4min51)
Ce segment sympathique se concentre sur l'évidente complicité de Matt Damon et d'Emily Blunt à travers les interviews des deux intéressés. L'histoire y est encore une fois racontée en grande partie, les personnages passés au crible et les propos dithyrambiques ne manquent pas. Cette fois encore, les images du tournage témoignent de l'osmose entre les deux acteurs y compris en dehors des plateaux où ils s'amusent comme des gamins.


Devenir Elise (7min08)
Dans L'Agence, Emily Blunt interprète une danseuse de ballet contemporain. Ce dernier module se concentre sur la préparation intensive de la comédienne (qui n'avait jamais fait de danse de sa vie), à la fois physique, psychologique et alimentaire. Emily Blunt intervient avec humour sur son entraînement avec un chorégraphe et avoue que le plus difficile a été de se restreindre à manger tout ce qui se présentait à elle alors que son partenaire Matt Damon ne se privait pas pour tout engloutir devant ses yeux.


L'éditeur joint également dans cette édition Blu Ray de L'Agence le DVD du film ainsi que la copie digitale.