Jusqu'à maintenant, Né un 4 juillet n'avait pas été aidé par ses multiples éditions en DVD et même en feu HD-DVD. Les transferts étaient fort médiocres et à une époque le film n'avait été proposé qu'en 4/3. Ce nouveau transfert Blu-ray mettra tout le monde d'accord car il offre enfin une copie digne de ce nom même si tout n'est pas parfait. Cette fois, la définition rend hommage aux partis-pris esthétiques du chef opérateur et fidèle collaborateur d'Oliver Stone (11 films ensemble à ce jour), Robert Richardson. Comme nous l'avons dit, une nouvelle restauration n'aurait pas été un mal puisque certaines scories demeurent présentes, en particulier des points blancs et autres poussières notables. Le grain demeure persistant, en particulier sur le générique d'ouverture qui n'annonce rien de bon, les couleurs ne sont peut-être pas aussi pimpantes qu'espérées mais l'ensemble retrouve un éclat qui faisait défaut aux précédentes éditions. Les quelques fourmillements frappants sur l'édition HD-DVD sont ici évités grâce une compression VC-1 plus solide, même si la profondeur de champ demeure décevante et que le piqué ne peut évidemment pas rivaliser avec les standards actuels. En revanche, les séquences se déroulant au Vietnam, caractérisées par l'usage d'un filtre orangé, sont lisses, propres, lumineuses et fort agréables à regarder. Les séquences post-Vietnam sont étonnamment les plus soignées de ce master avec des couleurs plus saturées, plus vives voire psychédéliques, les noirs étant quant à eux denses et profonds. Néanmoins, les contrastes auraient mérité d'être rééquilibrés et apparaissent souvent trop appuyés. Notons enfin que l'apport HD est indéniable sur l'ensemble des scènes en extérieur avec un relief épatant.
Il n'y aura pas de jaloux ici puisque toutes les pistes sonores sont proposées en DTS 5.1. La restauration acoustique ne fait aucun doute dès les premières notes signées par monsieur John Williams. D'ailleurs, s'il y a bien un élément qui profite de la spatialisation c'est la superbe composition du maestro américain car les mixages sont bien avares pour ce qui est de distiller les ambiances naturelles sur les latérales. En anglais comme en français, l'action est donc essentiellement frontale et il faut attendre les séquences de manifestations, de défilés ou d'affrontements au Vietnam pour que le caisson de basses et les latérales offrent un spectacle phonique plaisant et prenant. Bien entendu, la version originale est plus homogène et fluide que son homologue française qui elle met les voix (très bon doublage d'ailleurs) trop en avant au détriment des effets annexes. Aucun accroc n'est à déplorer, l'ensemble est dynamique quelque soit votre sélection, le spectacle est suffisamment assuré, mais la piste anglaise l'emporte sur de nombreux points. Pour info, le film avait été à l'origine mixé en stéréo.
Commentaire audio d'Oliver Stone, vosft.
Ce n'est pas une surprise, le réalisateur américain a toujours été très prolixe dans ses commentaires audio et celui de Né un 4 juillet ne dément pas à la règle. Il passe en revue tous les aspects du film (biographique, technique, thématique) tout en partageant de nombreuses anecdotes liées au tournage ainsi qu'à la préparation de Tom Cruise, sans qui le film n'aurait d'ailleurs pas pu se faire. On y apprend entre autre que Né un 4 juillet a été un film très difficile à réaliser pour Oliver Stone puisque le projet remontait déjà à 1978 et que William Friedkin devait réaliser le film avec Al Pacino dans le rôle principal. Oliver Stone devait produire le film mais faute de financements (personne à Hollywood ne voulait entendre parler de cette histoire) le projet avait du être abandonné. Oliver Stone avait alors promis à Ron Kovic de porter son histoire à l'écran le jour où il aurait réussi à se faire une place à Hollywood. L'immense succès de Platoon et la récompense suprême aux Oscar en 1987 (meilleur film, meilleur réalisateur) ont permis à Oliver Stone de tenir sa promesse et s'attela immédiatement à la mise en chantier de Né un 4 Juillet. Comme nous l'explique le cinéaste, l'engagement de Tom Cruise pour interpréter Ron Kovic a fortement aidé à trouver les financements puisque le comédien sortait des triomphes de Top Gun et de Rain Man. Tout est passé au peigne fin, des décors à la photo en passant par les mouvements de caméra, la musique de John Williams, la reconstitution, la mise en place des plans, sans oublier les souvenirs personnels du Vietnam que le réalisateur confie avec émotion. C'est ce qu'on appelle un grand commentaire audio, de ceux qui croisent habilement le fond et la forme du film sans aucun temps mort ou redondance, tout en donnant l'impression au spectateur d'avoir été convié à une indispensable leçon de cinéma.
Les coulisses de Né un 4 juillet (21min37)
Déjà présent sur les anciennes éditions, ce documentaire issu des archives de la NBC met en parallèle les interviews du véritable Ron Kovic, Tom Cruise et d'Oliver Stone à l'occasion de la sortie du film. On passera rapidement sur la qualité technique de ce module pour se concentrer sur l'intelligence des propos tenus ici. Evidemment, certains arguments tenus par Oliver Stone n'évitent pas la redite avec ce que nous avons déjà entendu dans son commentaire audio et nous retiendrons surtout le témoignage poignant de Ron Kovic (né en 1946) qui se livre sur son expérience personnelle du Vietnam et la préparation de Tom Cruise à ses côtés. Quelques images d'archives de Ron Kovic illustrent ces interviews et démontrent la rigueur d'Oliver Stone à reconstituer les faits réels. Il est cependant dommage que les extraits du film parasitent quelque peu l'ensemble.