Across the universe est un film qui impressionne par ses choix esthétiques audacieux, ses couleurs chaudes et outrancières (voire psychédéliques) et une photographie riche en détails et en fioritures. Il faut distinguer deux parties : les séquences tournées dans les docks de Liverpool qui sont d'aspect très froides avec un choix de couleurs opaques tirant vers les gris, brun et bleu, alors que dans la partie américaine tournée à New York, la réalisatrice a opté pour des teintes pétulantes et vives, puisant vers les jaunes, dorés, des couleurs rappelant l'énergie qui se dégage des personnages et de la ville de New York dans les années 60. Le transfert parvient heureusement à retranscrire cette foisonnante palette colorimétrique à la perfection, la luminosité et les contrastes étant également très soignés. Du vrai travail d'orfèvre.
Choix étonnant et finalement légèrement navrant de la part de l'éditeur que de ne proposer que deux pistes Dolby Digital 5.1 en anglais et espagnol. Pour les réfractaires aux versions originales, sachez donc qu'il n'y a pas de piste française. Si une piste DTS n'aurait pas été de refus, le traitement sonore est à placer au même niveau que l'image, c'est-à-dire qu'il frise le nec plus ultra. Les deux mixages remportent totalement l'adhésion et sont vraiment similaires à peu de choses près en termes de clarté, de dynamisme et de restitution des différentes ambiances. Notre choix se portera sans conteste vers la piste originale qui offre un festival de sons permanent, les surround étant constamment sollicités et les basses trépidantes. La musique a beau être omniprésente, elle n'empêche pas les dialogues d'être très percutants et dynamiques. Les ambiances sont généreuses et chaque morceau musical devrait ravir les fans des Beatles (mais pas que). Un rendu sonore qui a de quoi vous fâcher avec vos voisins !
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Commentaire audio de la réalisatrice Julie Taymor et du compositeur Elliot Goldenthal (vost)
On le devinait en voyant le film que la réalisatrice aurait beaucoup de choses à dire sur la création de Across the universe. Accompagnée de son époux et collaborateur, ils évoquent chacun des aspects techniques du film sans oublier le recrutement de chaque acteur, l'évolution du scénario écrit en fonction des chansons des Beatles sélectionnées pour l'occasion, véritablement ancrées dans la dramaturgie. La conversation débouche ensuite sur les couleurs, les décors, le montage, les chorégraphies, les personnages et l'arrangement musical proprement dit où on apprend que les acteurs interprétaient les chansons en live dans 80% des cas et non en playback. Nous ne sommes pas étonnés d'apprendre qu'une de ses références au niveau de la liberté de ton provient du film de Richard Lester A hard day's night, sorti en France sous le titre Quatre garçons dans le vent, déjà critiqué dans nos colonnes. Ceux qui ont adoré le film (comme nous) ne pourront être que ravis tant ils en apprendront à l'écoute de ce commentaire essentiel, riche et dense.
Genèse du film (29min10)
Un making of à l'image du film, coloré, complet, divertissant et didactique. On suit la réalisatrice en compagnie de tous les acteurs, des différents essais en passant par les répétitions jusqu'au tournage. Ce documentaire n'est pas avare en images de tournage et dresse surtout le portrait d'une cinéaste passionnée, touche à tout, profondément artiste, créative et toujours à l'écoute de ses acteurs. Julie Taymor est omniprésente dans les moindres départements artistiques, de la conception des décors à l'élaboration des costumes, des chorégraphies au maquillage. Les propos de la réalisatrice viennent compléter ceux de son commentaire audio, chose rare pour être signalé car habituellement la redondance est inévitable.
La réalisatrice Julie Taymor
Les acteurs Joe Anderson, Jim Sturgess, Evan Rachel Wood ainsi que Bono et Dana Fuchs s'éloignent de toute interview promotionnelle pour délivrer leurs émotions, leur préparation et la direction d'acteurs de Julie Taymor. Cette dernière se penche sur la création de cette comédie musicale inspirée des chansons des Beatles dont les textes mettent en avant les émotions et l'action des personnages. Ne tirant aucunement la couverture, elle rend hommage à tous ses collaborateurs, un film étant pour elle un processus créatif collectif.
Le compositeur Elliot Goldenthal revient quant à lui sur les arrangements des chansons déjà existantes. Lauréat d'un Oscar pour Frida (déjà réalisé par sa femme), il ne cache pas la joie que lui a apportée le projet qui lui a permis d'expérimenter de nouvelles approches musicales. L'évolution du scénario est explorée par Dick Clement et Ian La Frenais (scénaristes des Commitments d'Alan Parker) expliquant que l'histoire était guidée par les chansons elles-mêmes, une idée en emmenant à une autre. Ils prennent pour exemple la scène de l'incorporation sur la chanson I want you (She's so heavy) dont le titre a rappelé la célèbre image de l'Oncle Sam enrôlant les jeunes recrues dans l'armée.
Un making-of passionnant à ne surtout pas rater !
Tout sur la musique (15min25)
Ce segment prolonge et approfondit l'univers musical du film à travers des interviews de Dana Fuchs, Elliot Goldenthal, Julie Taymor et Evan Rachel Wood. Des images des différentes sessions d'enregistrement prouvent l'implication de la réalisatrice durant chaque phase de la production. Elliot Goldenthal dissèque plusieurs séquences ainsi que l'arrangement de All you need is love et If I fell dont les basses ont été réalisées à partir de balles en caoutchouc frottées le long d'un instrument en bois donnant un son inédit.
Scène supplémentaire - And I love her (58 secondes)
Unique scène écartée, du moins présentée dans suppléments, où Jojo (Martin Luther McCoy) compose une chanson pour Sadie (Dana Fuchs) allongée dans le lit, celle-ci le regardant amoureusement. La scène a probablement été écartée du fait que l'on assistait à la « création » d'une chanson déjà existante car évidemment créée par les Beatles en 1964.
Being for the Benefit of Mr Kite (5min37)
Deux prises alternatives (2min51 et 2min52) de la scène réalisées en live par l'acteur Eddie Izzard. Comme on avait déjà pu le voir dans les documentaires précédents, la réalisatrice laisse au comédien une grande place à l'improvisation.
Galerie de photos très imposante tirées du film (environ une centaine), du tournage et de la création des décors.
Films-annonces en vost de Saawariya (1min42), The Jane Austen Book Club (1min51) et Las Vegas 21 (2min24).
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Stars de demain (27min08)
Section complémentaire fort sympathique centrée sur les acteurs du film en compagnie de la cinéaste Julie Taymor. Le désir de cette dernière était d'engager des acteurs pas vraiment célèbres afin de mieux faire identifier les spectateurs aux personnages ainsi qu'à leur histoire. Comme dans les autres documentaires, nous avons le droit aux répétitions des comédiens avant le tournage, les essais de chant et les images de tournage. Agés pour la plupart d'une vingtaine d'années, les acteurs sont vite devenus amis et très liés, ce que Julie Taymor a aussitôt exploité. Evan Rachel Wood, Jim Sturgess, Joe Anderson, Dana Fuchs, Martin Luther McCoy et T.V. Carpio répondent à l'appel sur leur préparation, les répétitions au chant et à la danse.
Chorégraphie et répétitions (9min04)
S'il y a bien une personne qu'on attendait dans les suppléments c'est le chorégraphe Daniel Ezralow disséquant pour l'occasion la scène Come together illustrée des images tirées des répétitions jusqu'aux images du tournage de la scène où apparaît amicalement Joe Cocker. Toujours sous l'œil de Julie Taymor.
Daniel Ezralow
Animation visuelle (6min35)
Voici maintenant un petit tour tout aussi charmant à travers la création des effets spéciaux du film avec pour exemple les effets divers utilisés lors de la séquence admirable de Strawberry fields et de Mr Kite. Le responsable des effets spéciaux Kyle Cooper (Mimic, Se7en) décompose ces scènes pour une meilleure et passionnante exploration visuelle y compris pour le générique de fin où le procédé de la solarisation a été employé.
Scènes musicales étendues
Pour clore cette superbe édition quoi de mieux pour se replonger dans le film que de découvrir huit séquences musicales dans leur intégralité qui plus est présentées en 16/9 et en DD 5.1. !
Retrouvez Hold me tight (2min43), Come together (5min20), I am the Walrus (4min36), Dear Prudence (4min15), Something (3min08), Oh! Darling (3min40), While my guitar gently weeps (4min48), Across the universe / Helter skelter (5min).