Chef opérateur sur plus d'une dizaine des films des frères Coen, Roger Deakins a momentanément passé le flambeau à Emmanuel Lubezki pour cause du tournage du chef d'œuvre de Sam Mendes, Les Noces rebelles. Ayant déjà impressionné le spectateur avec sa photo des Fils de l'homme, Le Nouveau monde et Sleepy Hollow, la légende du cavalier sans tête, le directeur de la photographie n'assure ici que le minimum syndical et le passage en dvd n'arrange en rien les partis-pris esthétiques du film. Burn after reading se caractérise par des couleurs froides, métalliques (exemple dans les bureaux de la CIA) où un manque d'éclat fait cruellement défaut tout du long. Pire que tout, les arrière-plans accusent une granulation perfectible (8min45) ainsi que de sensibles fourmillements ressortant sur la couleur bleue du ciel. Les comédiens ne sont guère à leur avantage avec un teint blafard et sans détails, avec une mention spéciale attribuée aux scènes du club de sport où les couleurs s'avèrent être les plus ternes. L'uniforme bordeaux des employés apparaît trop contrasté et détonne pleinement avec la pâleur des comédiens. StudioCanal aurait-il pris son boulot à la légère ? Toujours est-il que la définition a bel et bien été négligée (sur l'autel de la popularité des deux frangins ?) et la photographie monochrome n'est guère aidée par le transfert en numérique. Heureusement que le master se montre propre et que la compression revigore discrètement le pressage.
Puisqu'il faut bien sauver quelque chose à cette édition il faudra se tourner vers l'acoustique et encore... L'éditeur propose pas moins de trois options sonores. Une piste en version originale DD 5.1. et deux versions françaises en 2.0. et 5.1. La version originale assure sur les frontales avec des dialogues corrects sur la centrale et des graves saisissants comme le démontre le générique de début avec la composition de Carter Burwell, grand complice des frères Coen. Le subwoofer est ainsi utilisé avec discernement et donne un peu d'ardeur à l'ensemble qui en a grand besoin ! En effet ce ne sont pas les surround qui risquent de déranger vos voisins tant les effets dispensés sur les enceintes latérales sont insignifiants. Seuls demeure la composition et divers effets environnants que l'on remarque avec peine ! La version française 5.1. s'avère équivalente à son homologue américaine, doublée d'un doublage exécrable à éviter bien entendu. Ne comptez pas sur la stéréo française pour relever le niveau des deux précédentes. Sans véritable relief, cette option manque de mordant et d'ampleur, et ne parvient jamais à donner un semblant de vigueur au film.
On reste pantois devant une interactivité aussi inepte où la futilité des propos qui sont tenus dans les trois segments - qui visiblement n'en formaient qu'un seul à la base mais que l'éditeur a préféré scinder en différentes parties pour donner un poids banal - renvoie aux prémices du support... à l'époque où les éditeurs n'avaient que du matériel promotionnel à nous proposer en guise de « cerise sur le gâteau » ! En un mot, accablant !
L'idée de départ (5min29)
On commence cette interactivité avec un module superflu où les deux frangins tentent d'expliquer le pourquoi du comment de leur film tout en laissant la parole à l'ensemble du casting (sauf Brad Pitt) heureux de pouvoir incarner des « personnages d'âge mûr ». Ce ne sont pas les rares images du tournage qui vont donner un quelconque intérêt à ce supplément.
Pétage de plombs à Washington D.C. (12min21)
Ce segment insignifiant débute par un effrayant passage de pommade où tous les comédiens (encore une fois sans Brad Pitt) tiennent des propos dithyrambiques les uns sur les autres à tel point que cela en devient rapidement insipide. C'est ensuite au tour de la costumière Mary Zophres de s'extasier devant le charme de Brad Pitt et de George Clooney et d'expliquer comment elle s'y est prise pour « transformer ces deux hommes superbes en abrutis de banlieue ». Autant dire que l'artifice principal tient à l'essayage d'un vieux jean cintré pour l'un et d'une brosse décolorée pour l'autre ! Les deux actrices Frances McDormand et Tilda Swinton surenchérissent en exposant l'importance de leur coiffure dans la création de leur personnage (sic !). Sans crier gare, voici venu le chef décorateur Jess Gonchor qui tente d'expliquer la « transformation » réalisée d'un quartier de New York censé représenter Georgetown. C'est déjà terminé ?
George est de retour ! (2min49)
C'est une blague ? Non ? Parce qu'il faut dire que l'on se contrefout totalement d'entendre tout le bien que pensent les frères Coen de George Clooney qu'ils retrouvent pour la troisième fois avec Burn after reading. La costumière fait un retour rapide pour s'extasier à nouveau devant la barbe de Mister George... et sa belle chemise à carreaux. Ca c'est de l'interactivité !