Afin d'ancrer son film dans une ambiance froide distillée par la ville de Toronto en hiver, Atom Egoyan et son chef opérateur ont opté pour une large gamme de couleurs glacées alliant les vert menthe-à-l'eau, des blancs cassés et des bleus givrés. Les intérieurs se caractérisent eux par des teintes plus chaleureuses (brun et bois) moins bien rendues que les séquences en extérieur, la compression étant légèrement défaillante par moments avec une granulation infime mais omniprésente. Si les noirs se révèlent compacts, les contrastes déçoivent quelque peu avec une palette colorimétrique bigarrée trop souvent appuyée et pas vraiment agréable pour les yeux. Pourtant, l'éditeur respecte en tous points les volontés artistiques de l'auteur vues en salles mais ces partis-pris ont parfois du mal à passer le cap du petit écran. Le master manque cruellement de piqué et d'harmonie, les visages ne sont guère détaillés, bref cette édition est une petite déception.
L'éditeur nous propose deux mixages 5.1 immergeant immédiatement le spectateur dans l'ambiance du film. Si l'une des faiblesses de Chloe provient d'un lourd environnement musical quasiment omniprésent, les latérales s'en donnent à coeur joie durant 1h30 avec une ampleur inégalée. Le caisson de basses brille à quelques reprises avec des pics musicaux faisant littéralement vriller les tympans. La version française ne brille certes pas par son doublage, exécrable, mais n'a rien à envier à la version originale en terme de spatialisation et fait quasiment jeu égal avec cette dernière. Peut-être que les dialogues sont un poil plus dynamiques en français qu'en anglais mais le mixage y perd en naturel. Un véritable travail d'orfèvre permettant au spectateur de visionner le film dans les meilleures conditions acoustiques possibles.
Making of (25min45)
Comme à son habitude, l'éditeur nous concocte un making of complet et largement illustré d'images du film, dans lequel tous les comédiens, le réalisateur, la scénariste, le directeur de la photographie et les producteurs (dont Ivan Reitman insistant bien sur les scènes érotiques du film) exposent intelligemment les enjeux de Chloe. Même si le film d'Anne Fontaine, Nathalie..., n'est pas mentionné une seule fois (il le sera brièvement dans l'interview d'Atom Egoyan plus loin dans l'interactivité), tous les thèmes abordés dans le film sont finement analysés par l'équipe. Ce documentaire propose également une analyse pertinente des personnages et de leurs rapports, ainsi qu'un bref mais passionnant retour sur la ville de Toronto où se déroule le film.
Un jour à Toronto (20min30)
Le 29 septembre 2009, une caméra s'immisce dans le bureau personnel d'Atom Egoyan, dans lequel nous retrouvons en premier lieu le critique français N.T. Binh, réalisateur d'un récent documentaire consacré au cinéaste canadien intitulé Le Mystère Atom Egoyan. Il nous passe rapidement en revue ce qui orne les murs de ce lieu de travail à savoir des affiches de films, des photos issues entre autres des films d'Alfred Hitchcock et d'Ingmar Bergman, des coupures de presse, des livres et des DVD, un véritable atelier d'artiste. Dressant un portrait dithyrambique d'Atom Egoyan, N.T. Binh laisse ensuite la place à ce dernier qui nous convie à un petit tour dans la ville de Toronto afin de nous montrer des lieux vus dans ses films y compris dans Chloe.
Scènes coupées (5min05)
Comme Atom Egoyan l'indique dans l'entretien suivant, les séquences coupées fort intéressantes reposent sur deux éléments narratifs passés sous silence dans le film. Dans une première scène, Chloe parle à Catherine de son passé, en l'occurrence de sa mère, en lui révélant qu'elle est partie de chez ses parents à l'âge de 15 ans. De son côté, Catherine lui avoue que son fils s'est enfuit à l'âge de 16 ans avec sa professeur de musique de 10 ans son aînée, jusqu'à ce qu'elle s'interpose dans cette relation ce qui a conduit Michael à revenir chez ses parents. On comprend mieux pourquoi la mère et le fils sont ainsi constamment en conflit. La deuxième séquence marquante intervient au moment où Chloe se rend chez Catherine à la fin du film. Avant de coucher avec Michael, Chloe lui demande de lui raconter toute son escapade avec sa professeur racontée précédemment. Chloe lui rétorque alors de manière inquiétante "c'est vrai qu'elle a la manie de contrôler et de trahir les gens".
Fin alternative (5min09)
En réalité il s'agit de deux fins alternatives. Si le montage final ne change pas, ou très peu, le gros changement provient dans le premier cas de l'usage de la voix-off de Chloe, commentant son influence sur Catherine et sa famille. Un souvenir indélébile avec lequel chacun devra vivre toute sa vie. Par la suite, nous retrouvons le même montage mais cette fois c'est la voix de Catherine (Julianne Moore) qui clôt le film en expliquant que la tragédie survenue la soirée d'avant l'a « sauvée », grâce à quoi Catherine explique être retombée amoureuse de son mari bien qu'elle sente encore la présence de Chloe. Si ces deux fins alternatives ne manquent pas d'intérêt, Atom Egoyan semble avoir fait le bon choix en otant tout commentaire, laissant ainsi au spectateur le droit de se faire sa propre opinion sur le devenir de la famille.
Interviews (33min58)
Enregistrés à l'occasion de la sortie du film, ces entretiens d'Atom Egoyan (22min04), Amanda Seyfried (7min) et de Julianne Moore (4min54) évitent l'éternelle publicité où les comédiens et le réalisateur n'ont de cesse de trouver de nouveaux qualificatifs élogieux. Si Amanda Seyfried apparaît nettement plus réservée que son personnage et ne sait au final pas trop quoi dire en dehors de l'évolution de Chloe dans le film, Julianne Moore aborde les thèmes du long métrage de manière approfondie, tandis qu'Atom Egoyan nous présente une véritable leçon de cinéma. Pourtant, s'il commence par quelques propos basiques, le réalisateur en vient hâtivement aux faits et traite de toutes les phases de production du film : le choix de la ville de Toronto pour le lieu de l'intrigue, les changements apportés au script, l'évolution des personnages, l'architecture et les ambiances voulues, les décors, le cadre, le montage et bien évidemment la constitution du casting.
L'interactivité se clôt sur la bande-annonce (1min48) et une galerie de photos.