Image :
9/20
André Diot le souligne bien dans les suppléments : Michel Deville est "un impatient et la lumière vient en dernier". Le transfert de ses films ne présentent donc pas de difficultés particulières à l'inverse au hasard des films de maniaques comme Michael Mann ou David Fincher. Premier bon point, tous les films du coffret sont présentés dans un transfert 16/9, aussi bien les films tournés en 1.85:1 (La Divine poursuite, Nuit d'été en ville, La Lectrice) que ceux tournés en 1.66:1 (La Femme en bleu, Raphaël ou le débauché, La Petite Bande). Autre bon point, le peu de poussière ou de griffure encore présents sur les masters. Gaumont étant connu pour sa rigeur éditoriale, la compagnie à la marguerite ne nous déçoit pas une nouvelle fois. La photographie de chacun des films est agréablement restituée (la gestion des contrastes y est remarquable) agrémentée qui plus est d'un joli piqué procurant à l'image une belle profondeur de champ. Nous sommes d'ailleurs heureux de constater que l'image n'a pas fait l'objet d'un lissage ou d'un réétalonnage excessif qui auraient pu supprimer le charme discret (grain et colorimétrie) des films français des années 70-80. Du très beau travail !
Raphaël ou le débauché
Son :
8/20
Le coffret regroupant six films réalisés entre 1971 et 1997, ceux-ci ne sont d'un point de vue sonore (et c'est normal) pas logé à la même enseigne. En effet, mis à part Nuit d'été en ville et La Divine poursuite tous deux tournés dans les années 90, les quatre autres films sont accompagné d'une piste Mono 2.0, à défaut d'une piste Stéréo. Quoi qu'il en soit, l'ambiance sonore de chacun des films est restituée avec une grande précision, la musique de Saint-Saëns (Nuit d'été en ville) et Beethoven (La Lectrice) ne prennant jamais le dessus des dialogues. Encore une victoire de Canard !
Bonus :
9/20
A l'instar des deux précédents volumes, la troisième fournée est bourrée à craquer de suppléments permettant de mieux appréhender Michel Deville en tant qu'homme et cinéaste. Chaque disque se voit donc adjoint une heure de suppléments aux multiples intervenants (comédiens, techniciens...), tous visiblement admiratifs du cinéaste sans pour autant que ceux-ci ne retiennent leurs pensées profondes. Une véritable mine d'information dévoilant un cinéaste unique, qui ne marquera certes pas d'une pierre blanche le cinéma hexagonal, mais qui n'aura eu comme ambition que d'apporter sur chacun de ses films quelque chose de neuf au public.
La Lectrice
Un film très Miou Miou (21min)
Sur de nombreux points, La Lectrice est une première pour Michel Deville. Tout d'abord, contrairement à son habitude (il préfère développer librement ses personnages sans être astreint au jeu et tics d'un comédien), le cinéaste avoue qu'il a dès l'écriture pensé à Miou Miou pour incarner le rôle de la lectrice. Ce film fut aussi l'occasion pour Rosalinde Deville de se lancer dans l'écriture, la compagne du cinéaste n'ayant jusqu'alors que joué un rôle de conseiller. Pour le film, elle a rapidement réécrit le premier jet de Michel Deville, pour premièrement permettre aux personnages de parler de manière plus juste et secondement choisir des extraits littéraires plus perceptibles à l'écran que ceux présents dans le livre original (que ce que lit Miou Miou ait un rapport concret avec l'image ou la narration). Patrick Chesnais et Miou Miou avouent avoir été enchantés dès la lecture par ce scénario "très bien écrit", aux "dialogues brillants" et au "tempérament très français" (dixit Chesnais).
Du module on retiendra surtout deux choses de Deville : il n'aime pas mettre de musique sur une scène parlée, de peur de la parasiter (il s'est donc engagé à n'en mettre que sur les déplacements de Miou Miou d'un client à un autre) et qu'il est "dans la vie quelqu'un d'abominablement simple et terre-à-terre et [que] donc [il se] défoule dans quelques films".
Michel vu par... (18min)
Différents intervenants dévoilent une facette du cinéaste. C'est le "prototype du cinéaste [qui] a du naitre avec une caméra dans son berceau" (Patrick Chesnais). Quelqu'un de "très ferme sans hausser le ton" (Miou-Miou), "toujours très calme, civil et obstiné" (Gilles Perrault) mais "extrêmement méticuleux et précis, très secret et discret" (Michel Piccoli). Le chef opérateur André Diot poursuit en révèlant le rôle primordial joué par sa compagne Rosalinde Deville qui le couve "non-stop, elle fait garde du corps, secretaire, productrice, comptable, ils écrivent à quatre mains, ils choississent le sujet ensemble, c'est la pièce indispensable de son dispositif". Gilles Perrault concluera en déclarant qu'il "n'a jamais fait deux fois le même film, c'est un aventurier, il a déjà démontré ce qu'il a fait dans le même genre, donc il va prendre un nouvelle piste à la machette".
Raphaël ou le débauché
Passons rapidement sur les deux modules de la série Faire un film par Michel Deville, Filmer des maison (5 min) et Films des fenêtres sur cours, sur rues et sur jardin (11 min). Nous nous attendions à des sortes de master-class dans lesquels le cinéaste nous aurait expliqué comment mettre en scène de tels lieux. Que nenni ! Ce ne sont que deux montages d'extraits de ses films, de photos personnelles et de production, sur lesquels le cinéaste énumère en off toutes les maisons et fenêtres qu'il a filmé au cours de sa carrière, en revenant très succintement sur comment et pourquoi il les a choisis. Comme quasiment la série de Faire un film par Michel Deville, tristement anecdotique.
Raphael/Ronet (33 min)
Dernier film de Deville écrit par Nina Companeez, cette dernière avait proposé au cinéaste le choix entre un scénario de film sur la guerre de 14 ou un "drame romantique à la Musset". Deville choisira la seconde option. Pas démontée pour autant, Nina Companeez adaptera et mettra en scène elle-même sous forme de feuilleton télévisé cette histoire de guerre de 14 (Les Dames de la côte, 1979). La scénariste concèdera que Raphaël ou le débauché est un film qui lui ressemble plus qu'à Michel Deville de part son côté romantique, opératique et par ses scènes de bordel.
Elle revèlera que Catherine Deneuve et Alain Delon étaient pressentis pour tenir les rôles principaux, mais lorsqu'après trois mois d'hésitation le Samourai cher à Melville refuse de faire le film (ne voulant pas refaire un nouveau film à costume après La Tulipe Noire), Deneuve se désiste également. Deville et sa scénariste se tourneront alors vers Françoise Fabian et le regretté Maurice Ronet, ravi que Deville lui propose un rôle si proche de sa personnalité.
Le module se clot sur le souvenir de la projection calamiteuse à la Columbia qui imposa que le film soit remonté par quelqu'un d'autre que Companeez parce que trop concernée (une double casquette scénariste/monteur n'est jamais bon pour un film) : après avoir fait appel à Claude Barrois (monteur de Claude Lelouch) qui refuse de le massacrer en le remontant, Nina Companeez se retrouve forcée d'effectuer elle-même les coupes "au ras du kiki" (sic), principalement les monologues théâtraux de Raphaël, des scènes dans lesquels on devinait que le personnage entretenait des rapports homosexuels, ou dans lequel il faisait des cocottes en papier...
La Femme en bleu
Faire un film par Michel Deville : écrire, tourner, monter en musique (19 min)
Sans doute le seul module intéressant de la série Faire un film par Michel Deville, le cinéaste dévoilant réellement sa manière d'appréhender la musique. "Toutes les occasions sont bonnes pour mettre de la musique dans un film, dit-il, mais pas une musique qu'on plaque sur les images pour agrémenter, leur donner du rythme ou de l'émotion". Il poursuit on souligant l'importance dans son cinéma (et pourquoi pas dans le cinéma en règle générale ?) du respect des trois principes qui suivent :
1/ choisir une musique attractive, attrayante avec un thème immédiatement réceptif
2/ choisir une musique dans le répertoire classique
3/ et ne pas chercher à illustrer platement l'image, mais au contraire de faire raconter à la musique autre chose que ce que l'on voit.
Treizième ou premier film ? (25min)
Pendant dix ans (Ce soir ou jamais pour être précis), tous ses films ont été écris par Nina Companeez, et parce que cette dernière s'est lancé dans la réalisation (Faustine, 1971), Michel Deville s'est retrouvé à repartir à zéro, comme un cinéaste préparant son premier film. Le cinéaste explique qu'il s'est alors plongé dans ses nombreux carnets de notes, carnets dans lesquels il note toute idée qui lui passe par la tête (décors, musiques, dialogues...). Avec un comédien tel Michel Piccoli dans le rôle de cet homme, nous pourrions penser que Deville laisserait l'acteur imposer au personnage sa personnalité, mais le cinéaste s'en défend affirmant catégoriquement : "non, ce n'est pas sa méthode !"
A Michel Piccoli de conclure : "sa pudeur, ses secrets font parti de ses films".
La Petite bande
On passera à nouveau rapidement sur les deux modules de la série Faire un film par Michel Deville, qui s'intéresse ici aux enfants (Filmer les enfants, 5 min) et aux voitures (Filmer les voitures et autres moyens de locomotion, 12 min) simples énumération à base d'extraits de ses films. On remarquera au passage le nombre important de voitures rouges qui jalonnent sa filmographie : mode à l'époque ou fascination d'un artiste ?
Du fait divers au conte fantastique (25 min)
A l'origine de La Petite bande, il y a un fait divers : sept petits anglais entre sept et dix ans qui ont réussi à traverser seuls La Manche et ont vadrouillés pendant plus d'une semaine dans la campagne française avant de se faire arrêter par les gendarmes. La question que se pose Deville alors : comment ont-il fait et qu'ont-ils fait durant ces jours de liberté ? Une idée de film en tête, il propose à son ami Gilles Perrault d'en écrire le scénario, mais ce dernier refuse arguant que sa spécialité c'était plus l'espionnage. N'abandonnant pas, Deville demande à trois écrivains d'écrire chacun de leur côté, mais trouve le résultat guère convainquant. Perrault se dit alors capable de faire mieux et élabore ainsi cette histoire sans dialogue, pour des raisons économiques et narrative. Economique parce si les personnages parlaient anglais, les jeunes spectateurs français n'auraient pas été capable de les comprendre ou de lire les sous-titres. Narrative, parce qu'en parlant anglais, ils se seraient vite fait repérer. La musique de Edgar Cosma se retrouve donc à jouer un rôle primordial en étant collée parfaitement aux images.
Les "bailleurs de fond" qui rétissaient de produire un film trop expérimental furent surpris de la formidable adhésion de la part des enfants devant le film. Le soucis, c'est que les enfants ne veulent pas voir des films pour enfants. "Chaque mots enjoleurs (beaucoup de charme, pas de dialogues, etc...) faisaient un peu plus fuir les gens"...
Nuit d'été en ville
Faire un film par Michel Deville : filmer la nudité en ville et à la campagne (23 min)
Nouveau montage d'exraits de ses films sur le thème de la nudié, dans lequel le cinéaste déclarera que "la nudité est beaucoup plus intéressante, dramatiquement parlant bien sûr, si elle n'est pas complète" et qu'un "pied nu peut-être aussi troublant qu'un corps nu".
En élaborant ce module, le cinéaste découvrira finalement qu'il a bien (comme l'avait accusé un journaliste une fois) une addiction à la petite culotte : "je suis ce quon appelle vulgairement un petit branleur" (Claude Piéplu dans Le Paltoquet).
Entretiens (31 min)
Nuit d'été en ville, c'est le premier scénario entièrement écrit par Rosalinde Deville d'après une idée à elle qui venait d'une envie de raconter une histoire dans un seul décor, en une nuit, avec un homme et une femme permettant une étude au microscope de leur relation. C'est Marie Trintignant, que Michel Deville avait choisi pour sa pudeur, qui soufflera le nom de Jean-Hugues Anglade au cinéaste. Pour ce film intimiste tourné rapidement (cinq semaines) dans un même décors de studio, Deville avait besoin de répétitions, chose qu'il ne fait jamais, les gestes amoureux de ses personnages ayant besoin d'être précisèment exécutés.
La Divine poursuite
Faire un film par Michel Deville : filmer des baisers (9 min)
"30 films cela veut dire beaucoup de baiser et de toutes sortes" : le cinéaste énumère de façon très poétique les différents types de baiser qui jalonnent son oeuvre : les champêtres, les entousiastes, les "sur ordre", les pudiques, les premiers baisers, les littéraires, les censurés...
Ce Michel Deville est très bizarre (26 min)
Après des films intimistes (Au petit bonheur et Nuit d'été en ville), Michel Deville voulait revenir à vers la comédie "très gaie, très légère" (Denis Podalydès) et s'essayer au film d'action. Il s'est très vite intéressé aux romans de gare pleins de rebondissements de Donal Westlake, lui permettant comme il dit de "faire un film sur le mouvement". Rosalinde Deville renchérit en déclarant que "le film pour Michel n'est pas de trouver la statuette, c'est juste le plaisir de courir après rien, c'est changer de vie, c'est tout lâcher pour partir comme un fou à travers un champ, et éventuellement faire des rencontres amoureuses". C'est pour cette raison que le cinéaste n'a une nouvelle fois pas utilisé de musique classique, mais plutôt demandé à Quentin Damamme de composer une "musique de dessin animé".
Rosalinde et Michel Deville avoueront leur déception face à l'échec critique et public de La Divine poursuite, ces derniers n'y voyaient (par incompréhension ou non envie) qu'une course poursuite au premier degré.
La Lectrice
Un film très Miou Miou (21min)
Sur de nombreux points, La Lectrice est une première pour Michel Deville. Tout d'abord, contrairement à son habitude (il préfère développer librement ses personnages sans être astreint au jeu et tics d'un comédien), le cinéaste avoue qu'il a dès l'écriture pensé à Miou Miou pour incarner le rôle de la lectrice. Ce film fut aussi l'occasion pour Rosalinde Deville de se lancer dans l'écriture, la compagne du cinéaste n'ayant jusqu'alors que joué un rôle de conseiller. Pour le film, elle a rapidement réécrit le premier jet de Michel Deville, pour premièrement permettre aux personnages de parler de manière plus juste et secondement choisir des extraits littéraires plus perceptibles à l'écran que ceux présents dans le livre original (que ce que lit Miou Miou ait un rapport concret avec l'image ou la narration). Patrick Chesnais et Miou Miou avouent avoir été enchantés dès la lecture par ce scénario "très bien écrit", aux "dialogues brillants" et au "tempérament très français" (dixit Chesnais).
Du module on retiendra surtout deux choses de Deville : il n'aime pas mettre de musique sur une scène parlée, de peur de la parasiter (il s'est donc engagé à n'en mettre que sur les déplacements de Miou Miou d'un client à un autre) et qu'il est "dans la vie quelqu'un d'abominablement simple et terre-à-terre et [que] donc [il se] défoule dans quelques films".
Michel vu par... (18min)
Différents intervenants dévoilent une facette du cinéaste. C'est le "prototype du cinéaste [qui] a du naitre avec une caméra dans son berceau" (Patrick Chesnais). Quelqu'un de "très ferme sans hausser le ton" (Miou-Miou), "toujours très calme, civil et obstiné" (Gilles Perrault) mais "extrêmement méticuleux et précis, très secret et discret" (Michel Piccoli). Le chef opérateur André Diot poursuit en révèlant le rôle primordial joué par sa compagne Rosalinde Deville qui le couve "non-stop, elle fait garde du corps, secretaire, productrice, comptable, ils écrivent à quatre mains, ils choississent le sujet ensemble, c'est la pièce indispensable de son dispositif". Gilles Perrault concluera en déclarant qu'il "n'a jamais fait deux fois le même film, c'est un aventurier, il a déjà démontré ce qu'il a fait dans le même genre, donc il va prendre un nouvelle piste à la machette".
Raphaël ou le débauché
Passons rapidement sur les deux modules de la série Faire un film par Michel Deville, Filmer des maison (5 min) et Films des fenêtres sur cours, sur rues et sur jardin (11 min). Nous nous attendions à des sortes de master-class dans lesquels le cinéaste nous aurait expliqué comment mettre en scène de tels lieux. Que nenni ! Ce ne sont que deux montages d'extraits de ses films, de photos personnelles et de production, sur lesquels le cinéaste énumère en off toutes les maisons et fenêtres qu'il a filmé au cours de sa carrière, en revenant très succintement sur comment et pourquoi il les a choisis. Comme quasiment la série de Faire un film par Michel Deville, tristement anecdotique.
Raphael/Ronet (33 min)
Dernier film de Deville écrit par Nina Companeez, cette dernière avait proposé au cinéaste le choix entre un scénario de film sur la guerre de 14 ou un "drame romantique à la Musset". Deville choisira la seconde option. Pas démontée pour autant, Nina Companeez adaptera et mettra en scène elle-même sous forme de feuilleton télévisé cette histoire de guerre de 14 (Les Dames de la côte, 1979). La scénariste concèdera que Raphaël ou le débauché est un film qui lui ressemble plus qu'à Michel Deville de part son côté romantique, opératique et par ses scènes de bordel.
Elle revèlera que Catherine Deneuve et Alain Delon étaient pressentis pour tenir les rôles principaux, mais lorsqu'après trois mois d'hésitation le Samourai cher à Melville refuse de faire le film (ne voulant pas refaire un nouveau film à costume après La Tulipe Noire), Deneuve se désiste également. Deville et sa scénariste se tourneront alors vers Françoise Fabian et le regretté Maurice Ronet, ravi que Deville lui propose un rôle si proche de sa personnalité.
Le module se clot sur le souvenir de la projection calamiteuse à la Columbia qui imposa que le film soit remonté par quelqu'un d'autre que Companeez parce que trop concernée (une double casquette scénariste/monteur n'est jamais bon pour un film) : après avoir fait appel à Claude Barrois (monteur de Claude Lelouch) qui refuse de le massacrer en le remontant, Nina Companeez se retrouve forcée d'effectuer elle-même les coupes "au ras du kiki" (sic), principalement les monologues théâtraux de Raphaël, des scènes dans lesquels on devinait que le personnage entretenait des rapports homosexuels, ou dans lequel il faisait des cocottes en papier...
extrait de la bande annonce de La Femme en bleu
La Femme en bleu
Faire un film par Michel Deville : écrire, tourner, monter en musique (19 min)
Sans doute le seul module intéressant de la série Faire un film par Michel Deville, le cinéaste dévoilant réellement sa manière d'appréhender la musique. "Toutes les occasions sont bonnes pour mettre de la musique dans un film, dit-il, mais pas une musique qu'on plaque sur les images pour agrémenter, leur donner du rythme ou de l'émotion". Il poursuit on souligant l'importance dans son cinéma (et pourquoi pas dans le cinéma en règle générale ?) du respect des trois principes qui suivent :
1/ choisir une musique attractive, attrayante avec un thème immédiatement réceptif
2/ choisir une musique dans le répertoire classique
3/ et ne pas chercher à illustrer platement l'image, mais au contraire de faire raconter à la musique autre chose que ce que l'on voit.
Treizième ou premier film ? (25min)
Pendant dix ans (Ce soir ou jamais pour être précis), tous ses films ont été écris par Nina Companeez, et parce que cette dernière s'est lancé dans la réalisation (Faustine, 1971), Michel Deville s'est retrouvé à repartir à zéro, comme un cinéaste préparant son premier film. Le cinéaste explique qu'il s'est alors plongé dans ses nombreux carnets de notes, carnets dans lesquels il note toute idée qui lui passe par la tête (décors, musiques, dialogues...). Avec un comédien tel Michel Piccoli dans le rôle de cet homme, nous pourrions penser que Deville laisserait l'acteur imposer au personnage sa personnalité, mais le cinéaste s'en défend affirmant catégoriquement : "non, ce n'est pas sa méthode !"
A Michel Piccoli de conclure : "sa pudeur, ses secrets font parti de ses films".
La Petite bande
On passera à nouveau rapidement sur les deux modules de la série Faire un film par Michel Deville, qui s'intéresse ici aux enfants (Filmer les enfants, 5 min) et aux voitures (Filmer les voitures et autres moyens de locomotion, 12 min) simples énumération à base d'extraits de ses films. On remarquera au passage le nombre important de voitures rouges qui jalonnent sa filmographie : mode à l'époque ou fascination d'un artiste ?
Michel Deville enfant avec son camion
Du fait divers au conte fantastique (25 min)
A l'origine de La Petite bande, il y a un fait divers : sept petits anglais entre sept et dix ans qui ont réussi à traverser seuls La Manche et ont vadrouillés pendant plus d'une semaine dans la campagne française avant de se faire arrêter par les gendarmes. La question que se pose Deville alors : comment ont-il fait et qu'ont-ils fait durant ces jours de liberté ? Une idée de film en tête, il propose à son ami Gilles Perrault d'en écrire le scénario, mais ce dernier refuse arguant que sa spécialité c'était plus l'espionnage. N'abandonnant pas, Deville demande à trois écrivains d'écrire chacun de leur côté, mais trouve le résultat guère convainquant. Perrault se dit alors capable de faire mieux et élabore ainsi cette histoire sans dialogue, pour des raisons économiques et narrative. Economique parce si les personnages parlaient anglais, les jeunes spectateurs français n'auraient pas été capable de les comprendre ou de lire les sous-titres. Narrative, parce qu'en parlant anglais, ils se seraient vite fait repérer. La musique de Edgar Cosma se retrouve donc à jouer un rôle primordial en étant collée parfaitement aux images.
Gilles Perrault
Les "bailleurs de fond" qui rétissaient de produire un film trop expérimental furent surpris de la formidable adhésion de la part des enfants devant le film. Le soucis, c'est que les enfants ne veulent pas voir des films pour enfants. "Chaque mots enjoleurs (beaucoup de charme, pas de dialogues, etc...) faisaient un peu plus fuir les gens"...
Nuit d'été en ville
Faire un film par Michel Deville : filmer la nudité en ville et à la campagne (23 min)
Nouveau montage d'exraits de ses films sur le thème de la nudié, dans lequel le cinéaste déclarera que "la nudité est beaucoup plus intéressante, dramatiquement parlant bien sûr, si elle n'est pas complète" et qu'un "pied nu peut-être aussi troublant qu'un corps nu".
En élaborant ce module, le cinéaste découvrira finalement qu'il a bien (comme l'avait accusé un journaliste une fois) une addiction à la petite culotte : "je suis ce quon appelle vulgairement un petit branleur" (Claude Piéplu dans Le Paltoquet).
Entretiens (31 min)
Nuit d'été en ville, c'est le premier scénario entièrement écrit par Rosalinde Deville d'après une idée à elle qui venait d'une envie de raconter une histoire dans un seul décor, en une nuit, avec un homme et une femme permettant une étude au microscope de leur relation. C'est Marie Trintignant, que Michel Deville avait choisi pour sa pudeur, qui soufflera le nom de Jean-Hugues Anglade au cinéaste. Pour ce film intimiste tourné rapidement (cinq semaines) dans un même décors de studio, Deville avait besoin de répétitions, chose qu'il ne fait jamais, les gestes amoureux de ses personnages ayant besoin d'être précisèment exécutés.
La Divine poursuite
Faire un film par Michel Deville : filmer des baisers (9 min)
"30 films cela veut dire beaucoup de baiser et de toutes sortes" : le cinéaste énumère de façon très poétique les différents types de baiser qui jalonnent son oeuvre : les champêtres, les entousiastes, les "sur ordre", les pudiques, les premiers baisers, les littéraires, les censurés...
Ce Michel Deville est très bizarre (26 min)
Après des films intimistes (Au petit bonheur et Nuit d'été en ville), Michel Deville voulait revenir à vers la comédie "très gaie, très légère" (Denis Podalydès) et s'essayer au film d'action. Il s'est très vite intéressé aux romans de gare pleins de rebondissements de Donal Westlake, lui permettant comme il dit de "faire un film sur le mouvement". Rosalinde Deville renchérit en déclarant que "le film pour Michel n'est pas de trouver la statuette, c'est juste le plaisir de courir après rien, c'est changer de vie, c'est tout lâcher pour partir comme un fou à travers un champ, et éventuellement faire des rencontres amoureuses". C'est pour cette raison que le cinéaste n'a une nouvelle fois pas utilisé de musique classique, mais plutôt demandé à Quentin Damamme de composer une "musique de dessin animé".
Rosalinde et Michel Deville avoueront leur déception face à l'échec critique et public de La Divine poursuite, ces derniers n'y voyaient (par incompréhension ou non envie) qu'une course poursuite au premier degré.