L’éditeur livre une copie remasterisée immaculée, dépourvue de scorie et de poussières diverses de La Carrière d’une femme de chambre. Cela est d’autant plus impressionnant que le film demeurait jusqu’alors inédit en DVD. Si le piqué n’est évidemment pas aussi affûté qu’un film récent, le master s’en sort vraiment très bien et offre de belles conditions de visionnage avec des contrastes corrects, une palette colorimétrique légèrement fanée mais respectant la photo originale de l’immense directeur de la photographie Claudio Cirillo (Parfum de femme, Nous nous sommes tant aimés). Le grain est finalement assez limité, les gros plans pointus et les fourmillements sporadiques. Que demander de plus ?
Comme souvent dans ce genre de mixage, la version italienne n’est pas exempte de saturations mais demeure propre et surtout jamais dénaturée par un souffle chronique. La version française est en revanche plus couverte, grave, marquée par un petit bruit arrière, mais malgré tout auréolée d’un excellent doublage. Le fidèle collaborateur de Dino Risi, Armando Trovajoli signe une fois de plus la musique du film mais les notes aigues de sa composition vrillent parfois les tympans. La piste italienne est évidemment à privilégier avec ses dialogues clairs, son homogénéité jamais prise en défaut et surtout pour le jeu inégalable des acteurs transalpins.
Ce segment exhaustif sur la production de La carrière d’une femme de chambre reprend des extraits d’un entretien en français donné par le réalisateur Dino Risi peu de temps avant sa mort en 2008. Parallèlement, l’historien du cinéma Patrick Brion propose un petit tour rapide des plus grands films du cinéaste transalpin que l’on comparait volontiers à Billy Wilder, évoque sa collaboration avec les plus grands acteurs de la comédie à l’italienne, en particulier Vittorio Gassman (disparu en 2000), véritable alter ego de Dino Risi avec qui il a tourné une quinzaine de fois. Notre interlocuteur en vient au titre original du film "Telefoni bianchi" en expliquant qu’il s’agit d’un genre cinématographique propre à l’Italie qui renvoie aux productions réalisées durant l’époque fasciste, principalement des comédies bourgeoises où tout allait bien dans le meilleur des mondes. De nombreux grands réalisateurs ont fait leurs armes dans ce genre qui n'était pas du tout sous-estimé mais que Dino Risi prend un malin plaisir à détourner dans La Carrière d’une femme de chambre en mettant à l’avant les problèmes sociaux-politiques de son pays. De son côté, Dino Risi parle tendrement de son "double", Vittorio Gassman, de la comédie à l’italienne, du travail avec les scénaristes et enfin du cinéma en général, "un métier magnifique qui est aussi un travail" qu’il juge cruel et fatiguant.
L’interactivité se clôt sur des notes de production et la bande-annonce (3min07).