Image :
9/20
Le film a beau bientôt souffler ses soixante-dix bougies, la restauration produit des merveilles. Le master est impeccable et toutes les nuances de la photographie d'Armand Thirard, à qui nous devons la lumière de quelques unes des plus grandes réussites françaises (L'assassin habite... au 21, Le Salaire de la peur et Quai des Orfèvres de Henri-Georges Clouzot, La Symphonie fantastique de Christian-Jaque) magnifiquement retranscrite par un transfert frôlant la perfection. Au rang des qualités, on citera la profondeur de champ épatante, une luminosité splendide, des contrates élégants, des noirs denses, le tout au service d'une image d'une netteté et d'un piqué extraordinaire. Et dire que le film est également disponible un Blu-ray...
Son :
8/20
La restauration entreprise par la compagnie à la marguerite a permis de supprimer une grande partie des parasites indésirables, et c'est donc tout naturellement que nous profitons de dialogues d'une grande clarté. On notera ici et là quelques effets de saturations lorsque la musique s'emballe, mais pour autant rien de bien méchant.
Bonus :
9/20
La Continental, le cinéma français dans La Main du Diable ? (44') par Pierre-Henri Gibert
L'éditeur complète le disque d'un documentaire donnant la parole à Serge Bromberg, aux scénaristes Pierre Billard et Jean Cosmos, ainsi qu'aux chefs opérateur Alain Choquart et Ricardo Aronovic. Ce documentaire est l'occasion de revenir sur la création de la Continental Films par Joseph Goebbels afin de conserver la mainmise sur l'industrie française du cinéma. Le ministre de la Propagande du parti nazi en accordera la direction à Alfred Greven, ancien militaire francophile et cinéphile averti. Seulement ce dernier ne suivra pas les recommandations de Goebbels qui souhaite un cinéma abrutissant, et produira notamment l'adaptation d'Au Bonheur des Dames d'Émile Zola (auteur naturellement proscrit sous l'occupation pour son article J'accuse !) ou encore Le Corbeau de Henri-Georges Clouzot. Il embauchera également des Juifs tel que Jean-Paul Le Chanois, né Jean-Paul Étienne Dreyfus, scénariste et dialoguiste de La Main du Diable justement. "Il mérite de ne pas être considéré comme les fanatiques au service duquel il était", soutient Jean Cosmos.
Cela n'empêchera pas les metteurs en scène et techniciens de travailler avec une économie de moyen, la pellicule notamment étant soumise au rationnement, interdisant "des plans trop long et un trop grand nombre de prises", il fallait par conséquence "que les techniciens soient vraiment au summum de leur vigilance et de leur maître technique" assure Alain Joquart dans le documentaire. La seconde partie du documentaire est davantage consacrée au film lui-même, notamment à la collaboration entre Maurice Tourneur et son assistant Jean Devaivre. Pour l'anecdote, Bertrand Tavernier s'inspirera de ses mémoires (Actions !, 2002) pour mettre en scène Laissez-passer (2002).