Le transfert du film est immédiatement agréable à l'oeil, grâce à une belle luminosité, une gestion des contrastes satisfaisante et surtout de très jolies couleurs. On pourra reprocher à cette édition une définition perfectible, qui gagnerait à être un peu plus précise, mais la compression se fait suffisamment discrète pour que cela passe relativement inaperçu. L'étalonnage est harmonieux et cette harmonie d'ensemble met en valeur non seulement les personnages mais aussi les décors urbains ou naturels très détaillés dans lesquels ils évoluent. L'atmosphère très particulière du film est ainsi restituée avec soin, pour le plus grand plaisir des yeux.
La Traversée du Temps nous est proposé accompagné de pas moins de sept pistes audio ! A l'exception de l'italien, disponible uniquement en stéréo, les langues japonaise, française et allemande bénéficient toutes d'une piste Dolby Digital 5.1 et d'une piste stéréo. De manière surprenante, les deux pistes françaises ne sont pas, loin de là, les meilleures de toutes. La piste DD 5.1 fait pâle figure face aux pistes japonaise et allemande, toutes deux beaucoup plus puissantes et environnantes. Non seulement les musiques et les voix y sont atténués, mais les bruits d'ambiance y sont mis considérablement en sourdine comparé aux autres DD 5.1. Concernant ces derniers, si la piste allemande s'avère être indéniablement la plus satisfaisante en termes de volume sonore (la différence avec la piste française est frappante), elle souffre d'un mixage un peu déséquilibré qui donne trop d'importance aux voix des comédiens - dommage car ceux-ci ne sont pas mauvais du tout. En définitive, et c'est une bonne nouvelle, la piste DD 5.1 japonaise s'impose comme la plus harmonieuse, la plus agréable de toutes. Le mixage y est très équilibré, et les sons ambiants restituant l'atmosphère estivale du film très bien mis en valeur, de même que les voix des excellents comédiens. Parmi les pistes stéréo, la piste japonaise ne se distingue cependant pas vraiment, et c'est la piste allemande qui emporte l'adhésion haut la main. La piste stéréo italienne ne mérite guère que l'on s'y attarde tant elle manque de coffre, à l'instar de la piste stéréo française.
Cette édition propose, outre le story-board du film, un morceau de pellicule et un très beau livret 48 pages exhaustif, pléthore de bonus tous plus incontournables les uns que les autres. La remarque n'est pas anodine, tant il est rare - et c'est regrettable - de trouver matière aussi passionnante liée à un film d'animation. L'éditeur a fait les choses en grand, en proposant d'une part les bonus japonais (parmi lesquels une captivante leçon de cinéma de Mamoru Hosoda) sur le DVD bonus 1, et d'autre part un reportage exclusif très complet sur la venue du réalisateur au festival du film d'animation d'Annecy en 2007 sur le DVD bonus 2. Le contenu de ce dernier DVD, qui donne abondamment la parole au passionnant Mamoru Hosoda et à son producteur Takashi Watanabe, fait de l'acquisition de cette édition collector 3 DVD un must absolu pour tous les passionnés d'animation.
DVD bonus 1
Présentation de l'équipe lors de l'avant-première (13'45)
Toute l'équipe du film était réunie lors de l'avant-première de La Traversée du Temps en juillet 2006 au Japon. Le réalisateur Mamoru Hosoda se présente au public, avant que les doubleurs ne prennent la parole à leur tour. Riisa Naka, qui interprète l'héroïne Makoto Konno, livre brièvement son sentiment au sujet du film, qu'elle a déjà vu - ce qui n'est pas le cas de tous ses collègues - et qui l'a beaucoup émue. Puis c'est au tour de Sachie Hara (Kazuko Yoshiyama), Takuya Ishida (Chiaki Mamiya), Mitsutaka Itakura (Kôsuke Tsuda), Mitsuki Tanimura (Kaho Fujitani), Ayami Kakiuchi (Yuri Hayakawa), Yuki Sekido (Miyuki Konno)... Comme c'est souvent le cas dans les films d'animation destinés au grand écran, la plupart sont des comédiens oeuvrant dans des séries et films live, et non des seiyuu professionnels. La compositrice et interprète Hanako Oku prend elle aussi la parole, ainsi que Yasutaka Tsutsui, l'auteur de l'œuvre originale, qui en profite au passage pour faire la publicité de son livre. Pour finir, chacun se plie avec humour au petit jeu du "quel vœu souhaiteriez-vous voir exaucé ?", même si tout ça reste très promotionnel et sans grande surprise.
Interview du réalisateur Mamoru Hosoda (34'24)
Dans une ambiance décontractée, le réalisateur répond aux questions de Kô Furukawa sur le film, en s'appuyant sur des scènes bien précises. Son interlocuteur commence par l'interroger au sujet du procédé de "l'angle fixe", largement utilisé dans La Traversée du Temps mais aussi dans les œuvres précédentes de Hosoda. Il prend pour exemple la scène du karaoke, qui joue énormément sur ce type de répétitions. Ce à quoi le réalisateur répond que ce procédé est certes né à la Toei dans le but d'alléger la charge de travail des dessinateurs, mais qu'il a une fonction bien précise dans ce film qui parle de retour dans le temps. L'intérêt de cette interview, comme on le voit dès cette première question, réside dans la précision des justifications de Hosoda concernant ses choix de mise en scène. Il commente la pertinence de chaque plan ainsi que de leurs enchaînements, en expliquant de manière détaillée pour quelle raison il s'éloigne - dans cette scène en tout cas - de ce qui se pratique habituellement au cinéma. Même chose avec la scène suivante, celle de l'embranchement, qui reprend le même procédé en recourant à une symbolique plus forte, dans le décor-même, et sur laquelle le réalisateur s'est permis une gestion audacieuse du temps - les fameuses "8 secondes de vide" pendant lesquelles Makoto et Chiaki regardent Kôsuke s'éloigner. Puis on passe à la scène où le temps est figé, à l'occasion de laquelle Mamoru Hosoda se livre à une analyse plus détaillée et plus profonde encore de l'impact des plans et de leurs enchaînements ; le documentaire se termine sur un petit débat entre les deux hommes au sujet de la fin du film. Une passionnante leçon de cinéma, et de toute évidence l'un des bonus les plus incontournables de cette édition.
Les coulisses (9'38)
Ce petit reportage nous replonge dans les coulisses de la première projection du film devant le public, soit celles de l'avant-première montrée dans le premier bonus de ce DVD. Dans une ambiance effervescente, Mamoru Hosoda papillonne d'un endroit à l'autre, à la fois ému et stressé. Il est visiblement ravi de voir que son casting s'est mis en quatre pour faire une très bonne impression, mais angoisse un peu de rencontrer l'auteur du livre, dont il ne sait pas encore s'il a vu son film. Il va interroger tous les comédiens, qui pour la plupart assisteront à la projection, puis félicite la compositrice au sujet de la chanson du générique de fin et pour le clip qui lui est associé. On assiste aussi et surtout à un gros moment d'émotion pour le réalisateur lorsque son idole, M. Yasuhiko Yoshikazu (character designer de Mobile Suit Gundam et réalisateur de Venus Wars entre autres), lui demande un autographe. Un bonus très sympathique, grâce à la personnalité chaleureuse de Mamoru Hosoda.
Clip musical : Garnet de Hanako Oku (5'17)
Le clip de la chanson de fin du film composée et chantée par Hanako Oku, qui est ici seule à l'écran. Un clip sobre, tout comme la chanson.
Bande-annonce du manga (1'53)
Une bande-annonce en musique du manga adapté du film, qui sortira le 16 janvier prochain.
Bandes-annonces promotionnelles (2'16)
Deux bandes-annonces japonaises, diffusées au moment de la sortie du film et du DVD.
DVD bonus 2
Interview du réalisateur Mamoru Hosoda (36'10)
Il s'agit cette fois d'un entretien exclusif réalisé par Pierre Xavier lors de la venue du réalisateur au Festival d'Annecy 2007, où il est accueilli par un public manifestement en délire. Au cours de l'entretien, Hosoda revient sur les raisons qui l'ont poussé à se tourner vers l'animation dans sa jeunesse, et sur sa longue carrière à la Toei, où il est parvenu à débuter en tant que réalisateur pour le cinéma en 1999 avec Digimon Adventures, d'une durée de 20 minutes, pour parvenir à diriger le film One Piece - Omatsuri Danshaku to Himitsu no Shima en 2004. Il rend évidemment hommage au patron de MadHouse, Masao Maruyama, qui lui a permis de prendre son envol par la suite en tant que réalisateur indépendant en respectant ses exigences artistiques (et en lui accordant notamment quasiment carte blanche pour choisir son équipe sur La Traversée du Temps). Il revient sur son admiration de longue date pour M. Tsutsui et sur la genèse assez spontanée de La Traversée du Temps au sein de MadHouse. On le sent encore intimidé par l'auteur, dont la réaction face à ce scénario si différent de son œuvre fut pourtant excellente à l'époque. Mamoru Hosoda exprime aussi sa reconnaissance envers le public qui a soutenu le film dès sa sortie pourtant confidentielle au Japon, avant de donner son sentiment sur les nombreux prix qu'il a accumulés en festival - phénomène dont il ne revient toujours pas - et sur la sélection du film en compétition du festival d'Annecy. Une fois de plus, un bonus très riche en contenu, la pertinence des questions permettant à M. Hosoda de démontrer si besoin en était qu'il est décidément un réalisateur à ne surtout pas perdre de vue.
Interview du producteur Takashi Watanabe (29'27)
Autre bonus exclusif, cet entretien donne la parole au producteur du film qui a lui aussi fait le déplacement à Annecy. Issu à la fois du monde de l'édition (il est encore à ce jour rédacteur en chef du magazine New Type) et de celui de la musique, celui-ci raconte comment il en est arrivé à travailler à la production d'un film d'animation. Il précise au passage qu'il s'est cru dans un rêve lorsque Masao Maruyama lui a proposé de produire le film de Mamoru Hosoda, dont il connaissait et respectait le travail. A la question concernant les différences entre le métier de rédacteur en chef et celui de producteur, il répond très sincèrement, en évoquant sans détour les frustrations liées à son expérience de journaliste. Il explique ensuite en quoi consiste exactement son travail de producteur, qu'il résume à l'alliance des désirs des créateurs et des investisseurs, tâche qu'il a menée à bien main dans la main avec l'autre producteur du film, M. Saito de MadHouse. Il s'étend bien sûr sur le choix d'une sortie de La Traversée du Temps dans un nombre réduit de salles, qui lui a posé problème à l'époque, ainsi que sur l'accueil chaleureux du public qui a finalement amené le film à tenir l'affiche si longtemps. Un entretien très intéressant qui apporte un éclairage différent sur le film.
Interview croisée de Mamoru Hosoda et Takashi Watanabe (23'22)
Pierre Xavier réalise là aussi ce reportage au festival d'Annecy, en interrogeant cette fois les deux hommes en même temps. L'entretien commence fort puisqu'il leur demande de but en blanc ce qu'ils pensent de la situation du monde de l'animation au Japon actuellement. Mamoru Hosoda se montre particulièrement optimiste, expliquant pourquoi il a le sentiment que les films d'animation deviennent de plus en plus intéressants à mesure que le temps passe, exemples à l'appui. Abordant la question sous un angle plus pragmatique, Takashi Watanabe se montre de son côté nettement moins confiant de prime abord. Les deux opinions divergeant assez fortement, Mamoru Hosoda se permet de taquiner un peu son producteur en insinuant que ses propos ne sont peut-être pas bienvenus dans les bonus d'un DVD. La petite confrontation amicale et inattendue qui émerge durant quelques minutes ne manque pas de sel, d'autant qu'elle fait avancer le débat de manière intéressante - et que Mamoru Hosoda a décidément énormément d'humour. Si la seconde partie de l'entretien est plus légère, elle n'en est pas moins très drôle et conduit à découvrir le message final très émouvant que le réalisateur adresse au public français. Un excellent reportage, on en redemande.
Conférence de presse (22'53)
Dernier reportage au festival d'Annecy, cette conférence de presse donne la parole au réalisateur, toujours aussi intéressant malgré un temps de parole plus réduit sur chaque question. Il rend hommage à l'excellent travail de la scénariste Satoko Okudera, qui a su retranscrire à merveille l'émotion de cette histoire originale et pourtant toute simple, avant d'exprimer sa gratitude envers le studio MadHouse, qui accorde selon lui une bien plus grande liberté aux créateurs que la Tôei, par exemple. Il revient sur certains thèmes évoqués précédemment dans les entretiens, comme le choix de la sortie du film en été dans un nombre réduit de salles, et l'engouement du public qui a suivi. Il parle d'autre part du projet Peggy Sue, envisagé un temps avec les studios Gonzo et finalement abandonné. Un bon complément aux précédents bonus, même si le contenu reste plus succinct.
Enfin, n'oublions pas sur le DVD du film les crédits et les bandes-annonces des titres de l'éditeur.