Ce nouveau master restauré, présenté dans son format original 1.85, présente encore quelques tâches et scories survenant notamment durant la première partie du film. La granulation demeure évidente sur les plans en basse lumière, avec un bruit vidéo plus ou moins prononcé, mais l'ensemble technique demeure de bonne qualité. La palette colorimétrique est lumineuse avec des teintes chaudes légèrement sépia, renvoyant aux photos d'archives ouvrant le film, et met en valeur le relief des paysages et plus particulièrement des champs de canne à sucre. Les gros plans sont d'excellente facture même si l'on peut déplorer un petit manque de piqué. Mise à part une ou deux scènes un peu plus altérées avec des couleurs plus délavées (visible au niveau des verts), et une dernière bobine plus éraflée, ce master offre un joli lifting au film d'Euzhan Palcy.
Présenté dans sa version française et créole en stéréo, ce mixage peine à rendre de manière intelligibile l'intégralité des dialogues souvent étouffés. Carlotta aurait mieux fait de proposer des sous-titres français sur l'intégralité du film plutôt que sur les dialogues en créole uniquement et il vous faudra de temps en temps tendre l'oreille afin d'y percer ce qui est dit. Quelques saturations se font entendre par ci par là mais aucun souffle n'est à déplorer, le silence y étant par moments olympien. Cette piste unique est propre mais l'ensemble manque d'ardeur et les voix souvent sourdes des comédiens gâchent un peu le visionnage.
L'Amour sans "je t'aime" (29min38)
Durant cet entretien, la réalisatrice Euzhan Palcy évoque la genèse de son premier long métrage, ses thèmes et son succès. A la base, il y a le roman autobiographique de Joseph Zobel (1950) qui se penche sur l'enfance de l'écrivain dans la Martinique des années 30. Euzhan Palcy explique avoir découvert le roman à l'âge de 14 ans, qui devient alors son livre de chevet. Déjà passionnée par le cinéma, elle se fait la promesse d'adapter l'oeuvre de Joseph Zobel si elle devient un jour réalisatrice. De fil en aiguille, la cinéaste évoque son parcours professionnel, comment elle est rentrée en contact avec Joseph Zobel pour lui faire part de son projet et surtout, comme celui-ci lui a offert gratuitement les droits d'adaptation. Malgré une avance sur recettes conséquente pour l'époque, aucun producteur ne semble vouloir la soutenir dans cette aventure et il lui faudra le soutient de François Truffaut, qui l'encourage vivement en devenant son conseiller technique, pour la seule et unique fois de sa carrière. Grâce à cette rencontre, Euzhan Palcy trouve grâce à Claude Nedjar (distributeur et producteur du Souffle au coeur de Louis Malle, La Guerre du feu de Jean-Jacques Annaud) et Michel Loulergue (producteur) les fonds nécessaires et le tournage peut alors commencer. Après ces souvenirs, la réalisatrice parle du travail avec les acteurs non professionnels, de la reconstruction de la fameuse rue cases-nègres éponyme, du casting des enfants, de l'apparition de Joseph Zobel dans le film et des quelques changements apportés lors de l'adaptation du livre. Un très beau et exhaustif retour sur le film.
Euzhan Palcy au Trianon (14min46)
Dans le cadre d'une projection de Rue Cases-Nègres avec les élèves du collège Gustave Courbet de Romainville, Euzhan Palcy vient à la rencontre des jeunes spectateurs pour leur parler du film et répondre aux questions qui lui sont posées. La réalisatrice évoque le travail avec les comédiens non professionnels, le succès du film (17 Prix internationaux), ses autres longs métrages, ses références cinématographiques (Billy Wilder, François truffaut, Costa-Gavras) et l'évolution de la place des femmes réalisatrices au sein de l'industrie cinématographique. C'est ainsi l'occasion de voir que le film traverse et interpelle les générations puisque ces jeunes collégiens semblent avoir été émus à l'issue de la projection.
Galerie photos (2min15)
Une fois n'est pas coutume nous nous pencherons sur cette galerie photos qui a l'originalité de proposer une sélection d'affiches du film réalisées par les élèves des écoles martiniquaises à l'occasion de la sortie du film en 1983. Ce concours avait été organisé par le distributeur de Rue Cases-Nègres et l'affiche qui avait remporté le premier prix est présentée en dernier.
L'interactivité se clôt sur la bande-annonce (1min09). Vous retrouverez également un livret exclusif de 36 pages intitulé "De la Rue Cases-Nègres à Venise", reprenant les notes prises par Joseph Zobel, auteur du roman autobiographique, tout au long de l'aventure du film. Un témoignage personnel de l'écrivain publié ici pour la première fois avec l'accord de ses descendants.