FilmsActu.com

Inglourious Basterds

Le 17/08/2009 à 18:21
Par
Notre avis
2 10

Projet vieux de huit ans, Inglourious Basterds avait de quoi attiser notre curiosité, non seulement par la présence de Quentin Tarantino au scénario et à la réalisation, mais aussi par son concept de soldats juifs américains partis pour dérouiller du nazi en France pendant la seconde guerre mondiale. Au final le film surprend car il ne correspond pas à ce à quoi on s'attendait, notamment en s'inscrivant comme un film de... dialogues. Les assassinats de nazis sont quasiment absents (les fameux « scalps » de Brad Pitt se limitent à 2-3), l'action est presque intégralement présente dans la bande-annonce, et le film ne se compose au final que d'une dizaine de scènes, 4-5 prédominant largement par leurs extrêmes longueurs et se résumant à des discussions autour d'une table. Même le final, où tout est censé « péter », déçoit par sa rapidité, son manque d'inspiration, et même sa fantaisie puisque des personnages historiques se font tuer alors que le film jouait la carte du réalisme jusqu'à présent. Un étrange film, loin des attentes, mais surtout loin de la consistance qu'on pouvait en espérer. Nous nous attendions à un film de guerre, ou d'action, ou les deux, et nous voilà face à un film très creux, loin d'être aussi exaspérant que Boulevard de la Mort, mais anodin et qui s'oublie pratiquement dès la sortie de la salle. Un triste sort lorsqu'on parle d'un film de Quentin Tarantino...


Critique du film Inglourious Basterds

Si tout le monde s'attendait avec Inglourious Basterds à un film d'action, un film de vengeance, bref à un film « bad-ass » mâtiné de scènes de guerre, Quentin Tarantino surprend avec une approche au final radicalement opposée. La bande-annonce promettait de l'action à gogo, il n'y en aura que 4-5 minutes dans ce film qui affiche pourtant au compteur une durée de 2h28. Les fameux « scalps » que Brad Pitt réclame à ses soldats se limiteront au nombre de 3-4, découpés en général sur des nazis tués avant même le début de la scène en question, tandis que les Basterds du titre n'écopent finalement que d'un temps à l'écran très minime, se résumant à environ 20-25 minutes sur tout le film ! Mais que contient alors Inglourious Basterds ? Des dialogues ! Si l'on devrait grossièrement résumer le film, il se limiterait à 5-6 scènes principales, d'une durée de 20 minutes environ chacune, ce qui est très long, où des personnages sont assis à une table et discutent en tournant autour du pot avant qu'il arrive enfin quelque chose dans les 30 dernières secondes. Voilà, Inglourious Basterds, c'est ça.

 

Critique du film Critique du film Inglourious Basterds

 

Sur le plan des dialogues, il faut d'ailleurs souligner une sacrée audace : les trois-quarts du film sont tournés en langues française et allemande, ne laissant à la langue anglaise que très peu de place. Des demi-heures complètes de dialogues se déroulent ainsi dans la langue de Molière ou de Gutenberg, apportant au film un souci de réalisme historique. Mais étrangement ce souci est abandonné dans le quart d'heure final puisque, sans aucune explication, Tarantino se permet de tuer des personnages historiques qui ont pourtant vécus plus longtemps et surtout ont eu une incidence dramatique sur la seconde guerre mondiale. Fable ou film de guerre réaliste ? Le film ne sait pas trop sur quel pied danser, affichant certes un « Once Upon a Time » en guise de titre de son premier chapitre (le film est chapitré comme Kill Bill, à la différence que sa linéarité ne rendait pas cette idée nécessaire), mais n'assumant jamais cet aspect sauf dans sa conclusion. A partir de là il est impossible de qualifier Tarantino de révisionniste, mais sa démarche laisse tout de même dubitatif.

 

Critique du film Critique du film Inglourious Basterds

 

Mais le plus dérangeant reste la structure du film en elle-même. Certes un film avec plusieurs personnages nécessite de découper son scénario de façon à tous les faire exister. Cette mission était remplie haut la main dans Pulp Fiction ou Jackie Brown, mais l'approche est tout à fait différente ici. Pour commencer, les Basterds du titre brillent par leur absence à l'écran, le principal (Brad Pitt) n'écopant d'ailleurs que de six scènes éparpillées sur toute la longueur du film, sans presque aucun dialogue en dehors de son discours à ses soldats au début de l'histoire (celui vu dans la bande-annonce, à peine plus long dans le film). Les autres Basterds sont en arrière-plan, Tarantino préférant se concentrer sur le méchant de l'histoire, un général nazi « chasseur de juifs » interprété par Christopher Waltz (inconnu au bataillon), sur les épaules duquel on peut dire que le film repose presque intégralement. Les personnages féminins (qui ne sont PAS des Basterds contrairement à ce qu'annoncent les affiches), à savoir Mélanie Laurent et Diane Kruger, sont également mis en avant, mais au beau milieu de seconds rôles inexistants. Difficile alors de les mettre en valeur, leurs personnages ne devenant jamais attachants.

 

Critique du film Critique du film Inglourious Basterds

 

Il ne reste alors dans Inglourious Basterds que des dialogues autour de tables (on le répète, c'est 90% du film !) et une scène finale très vite expédiée, où Tarantino se permet une audace hallucinante (tuer deux personnages historiques, comme dit plus haut), qui n'est même pas exploitée dans sa mise en scène. Résumons alors : les rares scènes d'action ne sont pas marquantes, le principal ingrédient du film est ses dialogues, lesquels ne sont absolument pas mémorables (même si beaucoup d'entre eux concernent le cinéma !), et les personnages sont beaucoup trop inexistants, le meilleur d'entre eux, le méchant, étant juste un « méchant réussi » (ce qui le hisse au-dessus de tous) sans être pourtant à tomber par terre.

 

Critique du film Critique du film Inglourious Basterds

 

On s'attendait à un grand film de guerre et d'action, nous voilà finalement face à un « film de tables » autour desquelles les personnages discutent, certes plus inspiré que Boulevard de la Mort, mais loin, très loin des standards tarantinesques d'un Pulp Fiction, d'un Jackie Brown ou même d'un Kill Bill. L'impression d'avoir vu du vide prédomine à la sortie de la salle, nos mémoires commençant déjà à l'oublier au début de son générique de fin pour passer à autre chose. C'est ce qu'on appelle une sacrée déception.

 

Première publication le 20 mai 2009 à 15h31






Depuis 2007, FilmsActu couvre l'actualité des films et séries au cinéma, à la TV et sur toutes les plateformes.
Critiques, trailers, bandes-annonces, sorties vidéo, streaming...

Filmsactu est édité par Webedia
Réalisation Vitalyn

© 2007-2024  Tous droits réservés. Reproduction interdite sans autorisation.