Allemagne, mère blafarde

Avec un regard glacial, Helma Sanders-Brahms raconte sa mère, sa propre enfance et l'Histoire de son pays dans Allemagne, mère blafarde, film culte de toute une génération. La réalisatrice évoque sans fioritures la période la plus noire de l'Allemagne en imbriquant des images d'archives du Berlin en ruines avec une fiction largement inspirée des premières années de sa vie. Si la première partie est très prenante durant les séquences d'affrontement puis de l'exil, le dernier tiers n'épargne pas le spectateur en le mettant face à la violence du traumatisme des personnages, leurs violences psychologiques et physiques (la paralysie de la mère est bouleversante), où la forme, pesante, prend finalement le pas sur l'émotion. Si la dimension autobiographique interpelle, Helma Sanders-Brahms n'évite pas certaines longueurs et la facture académique d'une réalisation trop démonstrative finit par lasser. Dans le même genre, on lui préférera le chef d'oeuvre de Rainer Werner Fassbinder, Le Mariage de Maria Braun dont l'histoire est très proche.