Angles d'attaque
Le 17/03/2008 à 08:55Par Arnaud Mangin
Pas de grosses illusions à se faire, Angles d'attaque est un film d'action ne cassant pas vraiment trois pattes à un canard, mais d'une efficacité particulièrement appréciable... comme une grande majorité des blockbusters américains attendus depuis plus longtemps et coûtant surtout nettement plus chers... La modestie (commerciale) paye, donc, dans cet ersatz à peine voilé de 24 heures chrono sur grand écran dopé à juste titre aux séries télés parkinsoniennes qui comble son topo global un peu trop carré par une narration concept franchement fun. Carré et fun, soit, mais joyeusement accrocheur, rapide (1h25, juste ce qu'il faut) sans temps mort et idéalement calibré comme tout bon film du dimanche soir qui se respecte. Alors celui-là, allez le voir dimanche !
Un "petit" film de genre qui s'adresse aux amateurs, donc, et qui ne tarit pas des essentiels ingrédients pour faire monter la sauce. Des thrillers pop corn comme ça, avec un faux fond politique mais une vraie forme badaboum, on est bien évidemment habitué à en voir à la pelle, mais on joue ici sur un concept narratif pas totalement débile, à défaut d'être original. Les fameux Angles d'attaques sont ceux des huit personnages principaux, ayant chacun droit à ses 10 minutes de gloires ici. Soit huit histoires complémentaires tournant autour d'une même intrigue, plus mystérieuses les unes que les autres prises indépendamment mais qui, une fois emboîtées ensembles, résolvent une énigme impossible : qui a abattu le Président des Etats-Unis lors d'une conférence mondiale en Espagne alors que tous les protocoles de sécurité étaient mis en place ? Oh oh oh... la résolution ne scotchera personne parce qu'elle reste malheureusement bateau au possible, mais là encore, c'est décidément la narration et donc la façon dont les choses sont amenées qui parviennent à fasciner.
Une réalisatrice de journal TV couvre le discours événementiel en braillant sur son équipe technique, et bang ! Coup de feu, le président s'écroule, panique dans les rues de Salamanque et dans le car régie avant qu'un agent de la sécurité surgisse à bord, examine les écrans et découvre déjà le tireur. Les personnages ont une sérieuse avance sur nous, une seule demi heure s'est déjà écoulée dans l'intrigue (une dizaine de minutes pour nous, à tout casser) et le film est déjà terminé. Enfin pas tout à fait puisque l'on aura droit à un rewind pour revivre la même histoire via l'agent de sécurité en question, et ainsi de suite. Un gimmick concept qui nous renvoiera à la tronche le même topo (via des nababs, l'entourage du Président et fatalement le méchant lui-même) entretenant un aspect non linéaire assez fascinant durant une bonne première du moitié du film tant il entretient le mystère avec des similis cliffhanger à la fin de chaque partie. Et oui, parce que Angles d'attaque est conçu comme une série TV accélérée composée de 7 ou 8 minis épisodes, il est bien évidemment impossible de ne pas penser aux fameuses aventures de Jack Bauer...
Le problème ici, c'est que de 24 heures chrono, on en récolte aussi les quelques fautes de goûts et la volonté d'un peu trop saborder l'originalité de la narration pour vite foncer dans le grand spectacle commun pour flatter l'ego de chacun. Les ficelles s'effilochent aussi vite dans la deuxième moitié qu'elles avaient ingénieusement été tendues dans la première et l'on regrettera que l'exercice de style ne s'exploite pas jusqu'au bout là où d'autres (les géniaux 11h14 ou Cours Lola Cours, par exemple) multiplient délibérément les point de vues pour se compléter intelligemment.
Outre quelques futilités comme un surplus de morts gratuites virant dans l'excès (une femme de ménage au mauvais endroit, au mauvais moment) ou trop de personnages inutiles, on ne boudera pas le plaisir parce que dans l'absolu, ça marche plutôt bien. Tout le monde s'éclate, Dennis Quaid prend son panard à courir un flingue à la main et à piloter une Opel Corsa dans une interminable poursuite en voiture, ça se bastonne pas mal et ça dépeint un patriotisme musclé dans tout ce que ça peut avoir de jubilatoire. Pas honteux.