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Blood : The Last Vampire

Le 17/06/2009 à 16:53
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Notre avis
2 10

Si le film d'animation de Hiroyuki Kitakubo révolutionnait en son temps les standards d'intégration 3D, cette adaptation live par Chris Nahon a au contraire pour particularité de nous ramener techniquement quinze ans en arrière, avec ses scènes d'action brouillonnes lorgnant vers les pires avatars de Matrix et ses effets spéciaux misérables trahissant un manque flagrant de moyens. De par sa volonté affichée d'imposer un style manga-live, l'entreprise n'est pas sans inspirer une certaine sympathie, d'autant que le choix de Gianna Jun Ji-Hyun dans le rôle de Saya s'avère judicieux, mais les quelques pistes intéressantes s'avèrent trop maigres pour empêcher le film de s'embourber dans les méandres de la nullité.


La critique de Blood : the last vampire

La critique de Blood : the last vampire

 

Au départ, il y a un film d'animation de 48 minutes au générique duquel on retrouve quelques noms phares ou prometteurs de l'animation japonaise, avec à la création Mamoru Oshii (Ghost in the Shell), à la réalisation Hiroyuki Kitakubo (Robot Carnival, Roujin Z), au scénario Kenji Kamiyama (la série Ghost in the Shell Stand Alone Complex) ou encore, à la direction artistique, Yusuke Takeda (Ghost in the Shell SAC, Le Comte de Monte Cristo). Peu fouillé sur le plan de l'intrigue, Blood : The Last Vampire s'imposait avant tout comme une superbe démonstration technique des moyens novateurs de Production I.G, à commencer par la fusion entre 2D et 3D qui n'avait alors jamais atteint une telle fluidité - James Cameron lui-même en était resté pantois d'admiration. Cette OAV posait en outre les bases d'un univers univers visuel et narratif propice à l'extrapolation. C'est ce qui s'est produit puisque Production I.G a par la suite lancé plusieurs oeuvres dérivées : un manga, des romans, un jeu vidéo sur PS2 et une série télévisée initulée Blood+. Coproduction entre Hong Kong, le Japon, la France et l'Argentine, le film en prise de vue réelle qui nous intéresse aujourd'hui devait à l'origine être réalisé par Ronny Yu mais c'est finalement le réalisateur français Chris Nahon qui en a pris les commandes. A l'actif de ce dernier, on trouve le très sympathique Le Baiser Mortel du Dragon suivi du catastrophique L'Empire des Loups. Les espoirs comme les craintes étaient donc permis. Malheureusement, après des premières minutes convaincantes, Blood : The Last Vampire penche dangereusement du mauvais côté de la balance et n'est pas prêt d'enterrer les essais japonais du genre.

 

La critique de Blood : the last vampire

 

Blood : The Last Vampire bénéficiait tout de même de quelques atouts, à commencer par le choix de Gianna Jun Ji-Hyun dans le rôle de Saya, pourfendeuse de démons vampiriques elle-même buveuse de sang. Connue pour son interprétation marquante dans My Sassy Girl, l'actrice coréenne reproduit très fidèlement l'attitude taciturne de l'héroïne, et ce dès la première scène - la meilleure du film. Dans un train plongé dans l'obscurité, la jeune fille armée d'un sabre guette sa proie, un homme apparemment sans défense, avant de se lancer à sa poursuite et de l'exécuter sauvagement sans une once de pitié. Une ouverture alléchante qui affiche une esthétique, une noirceur et une énergie très conformes au métrage d'origine, en plus d'en reprendre explicitement certains plans. Malheureusement, le bonheur des amateurs de mangas-live sera de courte durée. Si l'effort de créer un style visuel est bien là, l'univers auquel il aurait dû donner naissance échoue à s'imposer voire à exister, la faute à un traitement des effets spéciaux honteusement bâclé, au point que l'on a bien souvent l'impression de visionner une version non définitive du film. Entre les jets de sang numériques et les pauvres créatures dont le design risible aussi bien que l'animation achèvent de décrédibiliser l'affaire, c'est à croire que l'équipe d'effets spéciaux s'est vue couper les vivres au beau milieu de la post-production. Ce manque de moyens, les monteurs tentent de le cacher en intégrant des accélérations et ralentis à la sauce Matrix dans les scènes de combat. C'est-à-dire des effets complètement has been ayant pour grave conséquence de détruire le rythme et l'esthétique de chorégréphies qui auraient pu donner lieu à quelques bons moments mais qui, passées à la broyeuse d'un montage à côté de la plaque, se transforment en véritable bouillies visuelles. Une arnaque, un comble pour une production qui mise avant tout sur ses scènes d'action. On est loin des montées d'adrénaline d'Azumi.

 

La critique de Blood : the last vampire

 

Le problème, c'est qu'en dehors des combats et de l'ambiance visuelle, il n'y a pas grand-chose à sauver dans ce Blood : The Last Vampire. Après tout, le film d'animation d'origine lui-même ne brillait pas par la qualité de son intrigue, mais il avait au moins pour mérite de se limiter à 48 minutes et de proposer du spectacle, là où le film de Chris Nahon s'étale sur une durée deux fois plus longue pour ne rien offrir du tout. Et ce n'est pas le scénario qui va sauver les meubles, avec sa pitoyable histoire d'adolescente américaine (Allison Miller) en conflit avec son paternel et qui croise le chemin de notre héroïne après avoir vu tous ses proches se faire massacrer. Animée par le désir de vengeance, Saya se révèle fort heureusement assez charismatique pour permettre de passer le temps, à l'instar de son ennemie Onigen interprétée par Koyuki (Le Dernier Samouraï), dans un contre-emploi majestueux. Autant de pistes auxquelles on se raccroche pour éviter l'ennui et qui s'avèrent au final trop maigres pour empêcher le film de s'enliser dans les sables mouvants de la nullité. Blood : The Last Vampire confirme après Dragonball Evolution que les meilleurs essais du genre du manga-live à effets spéciaux restent décidément les productions japonaises. Plutôt que de prolonger le supplice, mieux vaut se revoir un Shinobi (Ten Shimoyama) ou un Dororo (Akihiko Shiota).









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