Braquage à l'anglaise

Il y a quelques semaines, dans sa critique de la Momie 3, notre très chère Elodie Leroy faisait état du fait que, quelque soit les films dans lesquels il peut jouer, Brendan Fraser dispose toujours d'un certain capital sympathie grâce auquel même le pire de ses films ne peut pas être tout à fait détestable. Et bien pour le Cro-Magnon qui sommeille en chaque homme, qui sait apprécier les choses simples de la vie - comme par exemple les belles filles, les grosses voitures et les machines qui font « boom » (tiens, on dirait un synopsis de Michael Bay) - et qui ne rechignera jamais à l'idée de laisser son cerveau sur off en rentrant dans une salle obscure, c'est un peu pareil avec Jason Statham. Mince quoi, comment peut-on décemment en vouloir à un mec qui avoue avoir tourné avec Uwe Boll juste parce qu'il voulait faire un film pour enfant ? Bref, on l'avoue, avec n'importe qui d'autre en tête d'affiche, ce Braquage à l'anglaise n'aurait même pas eu sa place dans nos colonnes... Mais comme c'est notre bon copain Jason et sa mâchoire carrée qui ont le privilège de se retrouver propulsés en argument de vente de cet énième film de braquage à moitié cool, à moitié Guy Ritchie, nous nous devions d'en dire un petit mot.

Et comme résumer un film en un petit mot n'a rien de facile (sauf pour notre ami Kevin Prin, qui n'hésite pas à sortir le mot en M dans un reportage à Gérardmer), nous le ferons avec deux mots : « déjà » et « vu ». Et pour ceux qui auraient du mal, mis ensemble ça fait « déjà-vu ». Déjà-vu ce scénario où les intrigues politico-mafieuses s'imbriquent les unes aux autres pour se démêler dans la dernière bobine. Déjà-vu ces personnages de gentils voyous faisant la nique aux méchants nantis à l'insu de leur plein gré. Déjà-vu ces rebondissements et ses péripéties tirés à la fois des « classiques » que sont la trilogie des Ocean's ou n'importe quel épisode de Mission Impossible, et par les cheveux. Bref, déjà-vu ce film, déjà-vu mille fois même, parfois en mieux, mais aussi souvent en beaucoup moins bien fait. Car en toute honnêteté, ce qui peut effectivement être considéré comme un manque évident d'originalité et de prise de risque de la part de Roger Donaldson (Le Pic de Dante) peut tout aussi bien être perçu comme un respect à la lettre des codes du genre, ces mêmes codes tellement malmenés dès lors qu'on cherche à les moderniser voire à les contourner. Braquage à l'anglaise brille donc par son aspect carré, bien fichu et ultra classique qui dénote de toute évidence d'une certaine humilité dont certains metteurs en scènes français feraient bien de s'inspirer. A l'instar d'un Go Fast qui a su nous séduire par sa simplicité et sa volonté de ne pas chercher à en faire des tonnes, Braquage à l'anglaise se place dans cette catégorie de film qui ne laisseront certes pas un souvenir impérissable mais qui, lorsque nous y repenserons dans quelques années, disposeront d'une aura de bons produits bien ficelés, qui auront eu le mérite de nous divertir durant deux heures. Et rien que ça, c'est pas donné à tout le monde, loin de là...