Brothers
Le 03/02/2010 à 09:28Par Caroline Leroy
Découvrez ci-dessous la critique de Brothers
Depuis quelques années, la frénésie hollywoodienne du remake ne connaît plus de limites. Les cinémas asiatiques et européens sont les cibles privilégiées de cette course au scénario voire au simple concept un tant soit peu exploitable. Au milieu de ce maelström de resucées aussi inutiles que déplaisantes, il arrive parfois qu'émerge un long métrage digne de ce nom, dont l'existence se justifie par une réelle volonté de réinterpréter l'œuvre de départ, si réussie soit-elle. C'est le cas de Brothers, remake du film danois Bodre écrit et réalisé par Susanne Bier en 2004, que l'Irlandais Jim Sheridan replace dans un contexte très américain. Dans cette nouvelle version, il n'est plus question d'Afghanistan mais de traumatisme lié à la guerre en Irak, un sujet toujours d'actualité exploré ici à travers le destin d'une famille « comme les autres ». Toutefois, la question posée reste la même : passée une certaine limite, y a-t-il un retour en arrière possible ? Cette interrogation cruciale, chacun des personnages du film y est confronté à son niveau et tente d'y répondre à sa manière. Sobre dans sa réalisation, peut-être même un peu trop eu égard à un sujet aussi fort, Brothers ne porte pas de manière frappante la patte visuelle du réalisateur d'Au nom du père à l'exception de quelques scènes de guerre très réalistes. Le plus grand mérite de Sheridan se situe ailleurs, dans sa capacité à extraire le meilleur d'acteurs que l'on croyait connaître sur le bout des doigts.
Les têtes d'affiche de Brothers ont beau composer un casting de rêve, on a peine à imaginer Tobey Maguire et Natalie Portman en jeunes parents de deux filles, ou - quoique dans une moindre mesure si on a subi le médiocre The Good Girl - Jake Gyllenhaal en petit voyou à peine sorti de prison. Si Natalie Portman écope du rôle le moins intéressant, celui de la jeune épouse de militaire en deuil, elle apporte suffisamment de naturel et de vérité à son personnage pour ne pas le faire sombrer dans la mièvrerie. Mais les performances sont plutôt à chercher du côté des deux stars masculines du film, les frères ennemis que le drame irréparable causé par une guerre lointaine va amener à prendre des chemins rigoureusement inverses. Tobey Maguire, l'éternel ado de Spider-Man, est certainement celui qui surprend le plus en ce qu'il se métamorphose tout au long du film pour devenir à peu près méconnaissable, dans tous les sens du terme. Un tour de force impressionnant sans lequel Brothers n'aurait pas le même sens. Plus en intériorité dans le rôle du fils malaimé qui se rachète courageusement une conduite, Jake Gyllenhaal livre lui aussi une prestation très émouvante, l'une des plus sensibles, des plus belles de sa jeune carrière. Jim Sheridan ne pouvait pas être mieux servi que par ces deux là pour explorer ses thématiques favorites sous un jour neuf. Rien que pour eux, Brothers mérite le détour.