Des vents contraires
Le 29/07/2011 à 16:45Par Michèle Bori
Adapté du roman éponyme, le film Des vents contraires parvient à retranscrire à l’écran ce qui faisait la force des mots d’Olivier Adam, à savoir faire naitre quelques rayons de bonheur dans un récit d’une noirceur quasi totale. Constamment sur le fil, ce film signé Jalil Lespert se retrouve bringuebalé par les vents (forcément contraires) entre le lacrymal facile et la sincérité poignante. Dès lors, les écueils du mélo ne sont pas tous esquivés. Mais l’implication totale des comédiens, Benoît Magimel et Isabelle Carré en tête, parvient à faire du film de Des vents contraires une œuvre touchante, tout en émotion.
CRITIQUE DU FILM LES VENTS CONTRAIRES
Paul fait partie de ces personnes sur lesquelles le destin semble prendre un malin plaisir à s’acharner. Après la disparition de sa femme, cet écrivain ayant perdu l’inspiration se voit plus ou moins offrir une chance de recommencer sa vie en Bretagne, loin de cette capitale qui cherche à l’attirer vers le fond. Hélas pour lui, cette opportunité va vite virer au cauchemar, puisqu’en aménageant dans une paisible bourgade bercée par les vents de l’Atlantique, il va devoir faire face, pêle-mêle, aux humeurs de son fils, aux remontrances de son frère, aux déboires d’un ancien alcoolique, à la libido d’une mineure en mal d’amour, aux coups de tête d’un père de famille dérangé qui souhaite passer du temps avec son fils et même de la police locale, qui voit en ce parisien un oiseau de bien mauvaise augure. Ce qui s’annonçait donc comme une reconstruction se transforme donc en lente descente aux enfers, où Paul n’aura d’autre choix que de toucher le fond pour mieux refaire surface.
Adapté du roman éponyme d’Olivier Adam, Des vents contraires n’a pas peur d’y aller à fond pour nous faire comprendre que son héros est dans une spirale négative, tant et si bien qu’il évoluera constamment sur le fil du rasoir, entre le lacrymal facile et la sincérité poignante. Dans la première partie du film, on passera donc d’une séquence à l’autre, en se demandant si cet amoncèlement de rebondissements dramatiques n’est pas un peu exagéré et si un peu de retenue n’aurait pas été la bienvenue. Fort heureusement, les comédiens, tous plus brillants les uns que les autres, ramènent le film sur le droit chemin. Le regard perdu d’un Benoît Magimel, celui plein de sous-entendus d’une Isabelle Carré, le sourire d’Antoine Duléry, les exclamations de Ramzy Bedia … Tous sont justes et viennent nous offrir les uns après les autres des petits rayons de lumière dans cette histoire pourtant très sombre. Parfois même glauque, sinistre. Grace à eux, Des vents contraires sort de la grisaille du mélo et finit par trouver un point d’encrage dans le drame intimiste qui sait se montrer touchant lorsqu’il le faut, souvent pudique, parfois explosif, mais toujours emprunt d’une profonde sincérité. Un beau film.