La Planète des Singes : les origines
Le 09/08/2011 à 10:59Par Michèle Bori
Critique de La Planete des Singes : les origines
Plus de quarante ans après que Charlton Heston ait foulé La Planète des Singes, la franchise simiesque demeure l'une des plus profitables de la Fox. Cinq films, une série TV, une série d'animation, un remake (la coquille vide à la production design soignée réalisée par Tim Burton), tous multidiffusés à la télé et multi-édités en DVD et Blu-ray. On comprend d'autant mieux le besoin du studio de remettre la machine à fric au goût du jour. Conséquence de l'essai raté du remake du génie de Burbank, le studio décide de revenir de nouveau aux origines de la franchise - ou comment les singes se sont soulevés face aux hommes. Rupert Wyatt réalise donc un hard reboot qui reprend les bases de La Conquête de la planète des singes en suivant le soulèvement simiesque mené par César, le premier singe a s'être levé et dit NON à la barbarie humaine. Signe des temps, le studio évite soigneusement de redessiner l'analogie avec les mouvements afro-américains.
La série originelle réalisée dans les années 70 était le témoin des préoccupations et bouleversements de son époque, la menace nucléaire (on était alors en pleine Guerre froide) mais aussi, en filigrane, la ségrégation raciale. Du leader à la carrure d'un Malcom X dépeint dans La Conquête de la planète des singes, César devient une sorte de Moise qui conduit son peuple vers sa destinée. Il n'accepte plus de voir les coups, les humiliations gratuites et les maltraitances qu'endurent les siens. Andy Serkis est à ce titre incroyable. Le comédien parvenait déjà à restituer avec justesse la dualité psychologique de Gollum/Smeagol dans Le Seigneur des anneaux et à faire ressortir la part d'humanité de King Kong à travers les gestes et le regard de l'animal ; sous le masque numérique de César, c'est bien lui, et surtout pas James Franco ou Freida Pinto, parfaitement transparents, qui tient tout le film sur ses épaules. Contrairement au gorille géant aux caractères anthropologiques mais mu par des instincts primaires, César est un singe qui évolue au niveau de l'être humain, doué de conscience et de raison. Sa besoin de liberté est d'abord un choix. L'interprétation de Serkis s'appuie sur un véritable tour de force mené par les équipes de WETA. Le sérum qui aide César à prendre conscience, à raisonner, se lit dans les yeux (ils deviennent vert), l'élément du visage le plus complexe a reproduire numériquement. Cependant, Serkis n'est pas aidé par Rupert Wyatt, peu inspiré aux commandes d'un tel blockbuster. Le réalisateur qui signe ici son second film, ne parvient pas à donner corps au récit et ce n'est qu'aux dernières minutes qu'il daigne libérer sa caméra et assure toute la liberté de mouvement que le sujet demandait. Alors, si La planète des Singes : Les origines est une déception au regard de ce qu'il a à offrir, le final est suffisamment excitant pour donner envie de connaître la direction que prendront Fox et Wyatt sur les épisodes suivants.
Critique de La Planète des Singes : les origines publiée le 04 août 2011.