Date limite

Critique Date Limite

Todd Philips n'a pas le profil d'un cinéaste prompt à gravir les échelons d'une certaine maturité à chacune de ses œuvres, le condamnant sans doute à rester dans la pantalonnade populaire. Mais est-ce un défaut ? Après l'accueil enjoué de son précédent Very Bad Trip, tant par la presse que par le public et ayant couté quelques séances de fous rires collectifs bien mérités, il remet le couvert en suivant les mêmes balises, mais en demeurant tout aussi efficace. S'il y a bien une chose qu'on ne peut pas lui reprocher, c'est de rester fidèle à certains principes pas déplaisants (redevenir ado l'espace de quelques jours, ça défoule), parvenant à défendre l'esprit de camaraderie et quelques valeurs sociales sans jamais basculer dans la moralisation ni la mièvrerie assommante. Le héros de son précédent film devait être à temps à son propre mariage, celui-ci doit l'être pour la naissance de son enfant, et ça ne les empêche pas de sublimer le grain de folie qui les entoure. Un point que nous aurions aimé d'avantage développé, mais nous ne sommes pas là pour taper sur Judd Appatow... En bref, Date Limite réitère à sa façon l'exploit de Very Bad Trip en utilisant les mêmes ingrédients, le même ton, les mêmes audaces et les mêmes folies tout en étant malgré tout un film différent dans certains aspects de son caractère.

D'une part, on adore son aspect hurluberluesque pour gamins attardés mené par quelques pointures hollywoodiennes qu'on n'attendait pas ici. Outre son pote Zach Galifianakis, qu'il a lui-même révélé dans Very Bad Trip, le réalisateur s'offre le désormais hyper bankable Robert Downey Jr, Michelle Monaghan ou bien encore quelques guests comme Juliette Lewis ou Jamie Foxx dont l'image contrastante offre une saveur bien particulière au spectacle. Ensuite, il est facile d'adhérer à la manière talentueuse dont peut fonctionner un film au pitch aussi éculé que le road-movie con-con (et donc initiatique dans le fond) dont le casse-pied de service met à l'épreuve les nerfs du type posé qui le subit. On pense forcément à quelques grands classiques du type La Chèvre avec un brin de Pignon dans l'air (tant dans la maladresse que dans la tendresse profonde) et l'on se rend surtout compte que, si Francis Weber avait l'étoffe d'un vrai réalisateur, ses films ressembleraient à ça. L'un des plaisirs évident repose d'ailleurs sur le personnage de Robert Downey Jr., dans une sorte de contre-emploi d'homme d'affaire très sobre, couplé à des élans de méchanceté et donc forcément drôle lorsqu'il nous sort, avec la plus grande des sincérités, qu'il n'a jamais consommé de drogue.

Date Limite ne va donc surprendre personne mais respecter les attentes en accumulant frénétiquement les situations tantôt hilarantes, tantôt poussives ou émouvantes (parfois les trois en même temps), où se bousculent des bagarres avec des jeunes enfants et des infirmes, des chiens qui se font cracher dessus, ou quelques séquences de tôles froissées pas piquées des hannetons. Dans son genre, voici un moment de détente très recommandable.