Duplicity

Espionnage et glamour ont toujours fait bon ménage. Tony Gilroy, scénariste méritant de la trilogie Bourne et réalisateur débutant sur Michael Clayton, le sait et est parfaitement conscient de la popularité de ce mélange, où le divertissement peut trouver ses lettres de noblesses. Sans copier ses voisins (L'Affaire Thomas Crown), il impose ici un style ouvertement décontracté, du découpage de l'image en split-screen jusqu'à la musique exotique et enjouée de James Newton Howard (lorgnant sur celle de Shaun Davey pour The Tailor of Panama, le ton est donné). Toute sa mise en scène est au service de l'histoire, de ses nombreux rebondissements et de ses acteurs, lesquels s'amusent comme des fous à jouer des personnages s'entre-manipulant, avec une certaine maëstria pour en faire des tonnes sans sombrer dans le cabotinage (mention spéciale à Paul Giamatti). « Qui manipule qui ? » nous demande le film, une question à laquelle on serait tenté de répondre « peu importe » puisque le but est d'assister à l'un de ces divertissements glamour hollywoodien méritant car ne cédant jamais à la simple superficialité des paillettes.

Mais là où le bât blesse, c'est dans l'absence totale d'ambition de l'histoire. Si le genre l'impose en quelque sorte au niveau du scénario, la mise en scène ne se doit pas d'être totalement anecdotique. Car si l'on excepte quelques rares moments où le réalisateur se sent inspiré (le générique de début au ralenti jouissif), il ne parvient jamais à faire décoller Duplicity au delà du contrat de base qu'il devait remplir. En somme, tout l'inverse d'un John McTiernan, qui, pour son remake de L'Affaire Thomas Crown, débordait de générosité sur tous les plans, sans pour autant s'afficher ouvertement.

Mais mis à part ce reproche (important), on se prend de plaisir à suivre pendant deux heures bien remplies ce méli-mélo d'espionnage industriel, lorgnant plus vers la comédie glam des années 60 que vers le bling bling d'un Ocean's Eleven façon Steven Sorderberg. Et au milieu de cet océan de détente inoffensive, agréable mais oubliable, le cinéphile s'amusera de voir Clive Owen dans ce registre, quelques jours seulement après la sortie de L'Enquête - The International, qui, quant à lui, sent bon le thriller des années 70.