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Harry Potter et le Prince de Sang-mêlé

Le 10/07/2009 à 02:09
Par
Notre avis
8 10

Bonne nouvelle, la franchise Harry Potter assume enfin sa part de ténèbres. Baigné dans une ambiance visuelle lorgnant vers le troisième opus de Cuaron, Harry Potter et le Prince de Sang-mêlé impose une succession d'images d'une beauté plastique stimulant l'imagination grâce à une réalisation classieuse et une photographie à tomber par terre. Plus inspiré dans le drame que dans la fantaisie, David Yates délivre un film très respectueux du roman, plus violent et plus noir que les précédents même s'il s'autorise quelques notes d'humour rafraîchissantes. Face à un Daniel Radcliffe charismatique, Tom Felton surprend par l'épaisseur soudaine de son jeu tandis que Michael Gambon et Alan Rickman confirment qu'ils ont parfaitement saisi leur personnage respectif. Un bon cru Harry Potter.


Critique du film Harry Potter et le Prince de Sang-mêlé, de David Yates

Après avoir honorablement relevé le défi de porter à l'écran le cinquième tome, soit le plus difficile à adapter de la saga Harry Potter, David Yates poursuit son exploration du monde fou créé par J.K. Rowling avec le très attendu Harry Potter et le Prince de Sang-mêlé. Dans l'opus précédent, le cinéaste parvenait à mettre en place la plupart des enjeux amenés à prendre de l'importance par la suite, démontrant au passage une réelle compréhension du sens de l'histoire, mais évacuait du même coup une bonne partie des sous intrigues développées dans le roman, délivrant un film certes cohérent pour les novices mais qui laissait les initiés un peu sur leur faim. Le sixième film devrait en rassurer plus d'un puisque non seulement le scénario de Steve Kloves, à qui l'on doit les quatre premiers opus, s'avère d'une extrême fidélité à l'œuvre d'origine mais il a le bon goût de réintégrer quelques éléments oubliés dans le précédent, le tout reposant sur une narration plus limpide soutenue par une réalisation classieuse. On n'en attendait pas moins de l'adaptation du tome qui reste le préféré de bon nombre de fans.

 

Critique du film Harry Potter et le Prince de Sang-mêlé, de David Yates

 

Harry Potter et l'Ordre du Phoenix voyait Harry (Daniel Radcliffe) élargir sa perception du monde en dépassant les simples enjeux liés à sa famille et à sa vie scolaire pour prendre conscience de son univers politique et s'impliquer dans la guerre opposant le clan de Dumbledore et les adeptes de Lord Voldemort. Pour la seconde fois, le jeune sorcier à la cicatrice se confrontait à la mort, à ceci près que la victime était cette fois un proche, à savoir son parrain Sirius Black, et c'était donc un Harry Potter très perturbé que l'on quittait à la fin du film. Ce qui n'empêchait pas ce dernier de s'achever sur la petite note d'espoir de rigueur pour toute grosse production hollywoodienne qui se respecte. Or s'il faut reconnaître immédiatement une qualité à ce Harry Potter et le Prince de Sang-mêlé, c'est d'aller plus loin dans l'exploration du contenu tragique de la saga sans aucune tentative de l'édulcorer. Au point que le drame prend le pas sur la folie ambiante de l'univers de Poudlard : les tableaux animés se font de plus en plus rares et les gadgets barrés se voient quelque peu mis en sourdine, exceptés lorsqu'ils servent directement l'intrigue comme c'est le cas du philtre d'amour consommé par erreur par Ron (Rupert Grint). N'allons donc pas croire que la comédie ait été gommée : peut-être conscient qu'il s'agit là des derniers soubresauts de légèreté de la franchise, David Yates remet en jeu la carte du teen movie introduite dans Harry Potter et la Coupe de Feu (quatrième de la saga), et il s'en sort plutôt bien puisqu'il parvient à mener de front un sympathique embrouillamini sentimental entre étudiants donnant lieu à quelques notes d'humour savoureuses avec des enjeux nettement plus graves, certaines séquences pouvant d'ailleurs changer brusquement de ton. Le principal bémol que l'on émettra tient à une direction d'acteurs un peu statique, ce qui se ressent surtout dans les séquences comiques où David Yates fait parfois déclamer ses comédiens sans les faire évoluer dans l'espace, là où Mike Newell créait une véritable dynamique entre les jeunes gens.

 

Critique du film Harry Potter et le Prince de Sang-mêlé, de David Yates

 

Ce petit défaut de mise en scène ne signifie pas pour autant que la réalisation de David Yates manque de consistance. Revenant vers une esthétique burtonienne que l'on doit à la splendide direction de la photographie de Bruno Delbonnel (Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain) et qui s'avère assez proche de celle du troisième opus d'Alfonso Cuaron, Harry Potter et le Prince de Sang-mêlé impose une succession d'images chiadées dont certaines frappent littéralement l'imagination. On savait depuis l'opus précédent David Yates attentif à la qualité visuelle de ses films, on ne le connaissait pas aussi perfectionniste sur la composition des plans, aussi inspiré sur l'exploitation des décors. On pense bien sûr aux toutes premières images du film, captivantes, mais aussi à la scène tant attendue plongeant Harry et Dumbledore dans les profondeurs de la grotte, une réussite esthétique époustouflante malgré des Inferis trop digitaux pour susciter l'effroi (nous avions la folie d'espérer des zombies à l'ancienne). Enfin, citons le plan presque dérangeant voyant Drago Malefoy (Tom Felton) parcourir les couloirs de l'école pour mener à bien ses noirs desseins tandis que des élèves, au premier plan plongé dans l'obscurité, se livrent à quelques séances de flirt assez poussées. A ce titre, s'il est un acteur qui surprend dans ce sixième opus, c'est bel et bien Tom Felton qui trouve le ton juste pour figurer la descente aux enfers du petit caïd des précédents volets. Les autres comédiens maintiennent eux aussi la barre très haut, à commencer par un Daniel Radcliffe charismatique mais aussi un Jim Broadbent à la fois excentrique et amer, tandis que Michael Gambon et Alan Rickman prouvent qu'ils ont parfaitement compris leur personnage. On s'étonnera en revanche du traitement étonnamment léger du personnage de Lord Voldemort mais peut-être le meilleur reste-t-il à venir, certains plans de la bande-annonce demeurant absents du montage. David Yates semble avoir conçu les trois derniers films comme un tout et l'on ne peut que s'en réjouir.

 

Critique du film Harry Potter et le Prince de Sang-mêlé, de David Yates

 

Porté par la partition élégante de Nicholas Hooper, Harry Potter et le Prince de Sang-mêlé s'achève par une dernière demi-heure intense traversée par quelques visions poétiques mais aussi empreinte d'un pessimisme rare pour un blockbuster hollywoodien. Difficile d'affirmer que le succès de The Dark Knight l'été dernier a ouvert la voie chez Warner, mais ce final cruel amorce de belles perspectives pour le dénouement qui se profile avec l'adaptation en deux films du septième et ultime tome. On aime.








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