Hell Driver
Le 22/03/2011 à 14:50Par Arnaud Mangin
Décidemment à l'affut des projets qui ne lui rendent pas service, Nicolas Cage se fourvoie dans une tentative d'hommage aux films d'exploitation des années 70 mélangé avec beaucoup trop de choses et dans un état d'esprit trop aérien pour tenir la route. Encore plus en de mauvaises mains. Hell Driver aimerait s'appuyer sur son ton décalé et son côté bourrin pour maintenir l'attention du spectateur mais peine à évoluer vers quelque direction. Lunaire, d'accord, mais on aurait aimé ne pas s'ennuyer...
Découvre ci-dessous la critique de Hell Driver
Hell Driver est un film pour le moins particulier, à la limite du bizarre, où se mélange un peu de tout et beaucoup de n'importe quoi. Dans sa quasi-indépendance artistique, Patrick Lussier, déjà réalisateur de Meurtres à la Saint-Valentin 3D, semble vouloir s'éloigner de l'étiquette slasher de son précédent film (avec tout ce que ça peut avoir de négatif) pour transfigurer ce qui s'apparente à une sorte d'amour cinéphilique en déversant tout ce qui l'éclate et tout ce qu'il connait... Et comme tout le monde, il suit la mode. Patrick Lussier aime donc les films d'exploitation façon Grindhouse/70's un peu tartes, borderline, assumant leur côté Z un brin débile, violents... Mais il développe son regard de façon cool, avec le recul nécessaire pour que l'on comprenne que si c'est idiot, c'est délibéré. De quoi s'absoudre de n'importe quelle remarque sur le bon sens des images qui défilent à l'écran, et ainsi se lâcher gaiement ! Si tout le monde trouve ça génial chez Tarantino, pourquoi pas chez lui ? Surtout qu'au-delà de ces références rétrogrades qui ne parleront pas forcément à la jeune génération (à qui s'adresse pourtant ce film), Hell Driver revendique une part de modernité dans le métissage cinéma/bande dessinée/jeu vidéo qui le caractérise. Pas étonnant que le film semble choisir ses principaux emprunts chez Mad Max, Hellblazer et Shadowman, tant dans la forme que dans le fond, et ainsi rallier les médias en un sacré fourre-tout. Le résultat essaie en plus d'être une amélioration de Ghost Rider...
Mais les intentions de Hell Driver sont d'ailleurs bonnes et nombreuses : élever le cinéma bis à un rang plus intègre en le modernisant constamment, être rentre-dedans, bad-ass et gonzo (puisque ce sont les termes à employer obligatoirement maintenant) mettre plein de filles nues partout et des morceaux de cadavres aux quatre coins de l'écran. Quand on aime le genre, difficile de ne pas apprécier... Surtout qu'on a même droit à une séquence où Nicolas Cage fait ses petites affaires avec une serveuse siliconée tout en réduisant en charpie une demi-douzaine d'agresseurs !
Tous les ingrédients sont donc réunis et pourtant, hélas pourtant, Patrick Lussier ne sait malheureusement pas s'y prendre convenablement. Perdu entre de mauvais tics scolaires et la naïveté de l'entertainer qui veut beaucoup en donner, il soigne, tout au plus, une amusante séquence de poursuite en voiture en milieu de film... A force de trop vouloir caricaturer, les acteurs sont horriblement mauvais (Nicolas Cage en tête, histoire de gonfler son palmarès) et le film se perd dans une intrigue presque trop développée dans ses thématiques, au point d'en oublier ses devoirs... Pas très drôle, faussement inventif, pas assez fun, le film finit par tourner en rond, la faute à un abus de poncifs gratuits. On aurait bien voulu un Boulevard de la mort trash, mais on n'a que le trash... essoufflé.
Date de première publication : 18 février 2011 à 13h10