Hitman

Inutile de prendre des gants : Hitman est un accident qui prend l'eau de toutes parts et qui supporte très mal cette (première ?) adaptation sur grand écran. On découvre une œuvre accumulant les maladresses, utilisant des détours inutiles pour toucher des impasses systématiques, ou tout simplement un pur produit de cinéma - commercialement parlant - qui a perdu tout repère artistique pour satisfaire un trop grand nombre de producteurs sur le projet. Un vrai rafistolage d'idées divergentes, de grandes fidélités au matériel d'origine, des égarements totalement improbables pour un résultat qui non seulement n'a pas trouvé sa propre identité, mais a aussi perdu celle du jeu... Un tableau bien peu reluisant n'est-ce pas ?

Le plus dur dans une démonstration comme celle-ci, frôlant le ratage le plus complet, c'est de chercher un responsable. Xavier Gens ? En bon fanboy qui fait son petit bonhomme de chemin sans être passé par l'école de cinéma, le réalisateur se retrouve joyeusement parachuté sur une énorme production américaine comme un singe dans une usine de bananes. Il s'essaye à tout, s'autorise des fusillades et explosions à foison et on ne peut pas vraiment l'en blâmer. Même si sa tentative Wooienne au sein d'une soirée privée brille par son grotesque... Quand bien même sa volonté de bâtir une atmosphère baroque ne tient pas trois secondes (esthétiquement, c'est même carrément laid), le réalisateur persiste à fureter ça et là quelques idées de mise en scène efficaces comme son introduction africaine. Chose qui ne facilite peut être pas forcément la tâche d'un monteur, bidouillant raccords foireux et une narration tortueuse qui s'embrouille à force de précipitation. On décroche très vite pour ne plus jamais s'y intéresser à nouveau.

Mauvaise histoire et mauvaise mise en scène, les deux mamelles quasi victimes de l'ombre ténébreuse qu'est la franchise puisque le vrai défaut du film, c'est peut-être encore son existence. De par ses remontages, ses scènes retournées par un autre réalisateur (entre autres celle du métro, tournée par Olivier Mégaton), sa violence complètement évincée du montage, les nombreuses coupes narratives efectuées en dernière minute de l'aveu même du réalisateur, Hitman, le film ressemble probablement plus à la cour des comptes où se bousculent américains économes (Fox) et français alléchés par le projet (Europa), qu'à un film homogène. Les deux partis n'ont trouvé leur accord que dans un fouillis général destiné à une satisfaction nombriliste. Ni Xavier Gens, ni le spectateur se s'y retrouveront en tout cas, noyés dans les tentatives maquillées de voler la vedette à James Bond pour les uns, et un mix entre Le Transporteur et Le Baiser mortel du Dragon (à qui il vole deux scènes concrètes) pour les autres, alors que le jeu n'a jamais flirté avec n'importe lequel de ces univers...