Hugo Cabret
Le 29/11/2011 à 17:30Par Camille Solal
Notre avis
Hugo Cabret : Critique
Martin Scorsese est un amoureux du cinéma. Il le prouve autant en tant que président de la Film Foundation (une organisation dédiée à la préservation des oeuvres cinématographiques) que dans les références plus ou moins évidentes dont il parsème ses longs métrages. Pourtant Hugo Cabret se trouve être, de loin, sa plus flamboyante lettre d'amour au septième art. Car sous couvert d'un joli conte pour enfant, c'est un merveilleux hommage aux pionniers du Cinéma que Scorsese offre à son audience. Alors oui les cinéphiles les plus optus seront un chouïa décontenancés par le contenu "mainstream" tiré des oeuvres du patrimoine cinématographique, mais comment ne pas ressentir une certaine émotion lorsqu'au détour d'un plan ou d'une séquence entière on retrouve la poésie d'un Jean Vigo, l'imaginaire d'un Fritz Lang ou encore le sens des situations cocasses d'un Harold Lloyd ?
Une fabuleuse mécanique du coeur
Pourtant, au coeur de cette révérence, le réalisateur n'en oublie bien sûr pas l'histoire qu'il veut raconter, celle d'un enfant qui, pour accepter la mort de son père et embrasser pleinement son enfance, doit résoudre une bien curieuse énigme qui le propulsera dans une foultitude d'aventures. Et c'est bien là que se dissimule la plus grosse faiblesse du film : si le synopsis nous promet de l'épopée, on ne peut que regretter une carence certaine en aventure, action et tension ! Tout cela est d'autant plus regrettable que Scorsese arrive à projeter le spectateur dans ce monde merveilleux et magique d'un Paris fantasmé (dans lequel on parle anglais) avec une maîtrise absolue de son cadre, de très bons acteurs, des décors grandioses et une 3D qui, à défaut d'être la révolution attendue, sublime les teintes et permet au réalisateur de jouer pleinement sur la profondeur de champ. Tel un Georges Méliès des temps modernes, Scorsese semble donc s'amuser comme un petit fou avec cette 'nouvelle forme de cinéma', préférant créer une atmosphère qui enveloppe le spectateur telle une couverture chaude un soir d'hiver plutôt que de lui projeter à la va-vite divers objets au visage.
Quelque part entre les boulons, vis et écrous, le film plonge ainsi le spectateur dans les rouages d'une véritable mécanique du coeur. Et si les illusions et autres trompe-l'oeil du "cinéma d'antant" font encore merveilles c'est bien parce qu'elles font appel à notre imaginaire. Et comme Scorsese le sait mieux que tout le monde, il libère l'enfant qui sommeille en lui (et en nous) et arrive à émouvoir autant par la gêne occasionnée par un chef de gare qui ne peut retenir son visage de glisser dans un bouquet de fleurs que par l'hommage d'une audience évoquant celui, très tardif, de l'Académie des Oscars à Charlie Chaplin en 1972. Même s'il aurait mérité de posséder une ampleur héroïque et épique aussi extravagante que les oeuvres fondatrices dont il s'inspire, Hugo Cabret est avant tout un merveilleux cadeau de Noël bourré de références et particulièrement bien emballé. Conte, film familial et véritable machine à rêves, le film est en effet une réussite et pourra sans nul doute toucher les spectateurs les plus émotifs... Et bien d'autres encore !
Hugo Cabret : bande annonce VOST