L'Obsédé en plein jour
Le 04/03/2009 à 16:43Par Yann Rutledge
Deuxième production Sozosha que Nagisa Oshima fonda suite à l'affaire Nuit et Brouillard au Japon (par crainte qu'il déclenche de violentes émeutes, le film avait été supprimé par la Shochiku de l'affiche le lendemain de l'assassinat du premier secrétaire du parti socialiste nippon), L'Obsédé en plein jour poursuit la logique esthétique engagée avec Les Plaisirs de la chair, une mise en scène elliptique reposant structurellement et picturalement entièrement sur les troubles psychiques de ses personnages. Et pour cause, le cinéaste tire le sujet de son film d'un malheureux fait divers survenu à la fin des années 50 ayant vu une trentaine de femmes violées et tuées par un déséquilibré. Les longs plans séquences qui composaient Nuit et Brouillard au Japon se substituent ici au mépris de toute logique spatio-temporelle à une cascade de plans (on en compte plus de 2000 !) happant et égarant le spectateur au coeur des abîmes confus du désaxé libidineux incarné par Kei Sato. Formellement à la fois somptueux et chaotique, L'obsédé en plein jour démasque l'hypocrisie nationale et les pulsions obscènes refoulées qui gangrènent le Japon d'après-guerre.