La Piscine
Le 06/10/2007 à 08:59Par Sabrina Piazzi
Le film emblématique des deux monstres sacrés du cinéma français, Romy Schneider et Alain Delon, demeure après énième vision un huis-clos toujours aussi fascinant de sensualité et de suspense.
Alain Delon et Jacques Deray signent leur première collaboration avec La Piscine en 1968. Ils tourneront par la suite ensemble à neuf reprises, dont Borsalino, Flic story et pour la dernière fois dans L'Ours en peluche en 1994. Neuf ans après Plein Soleil de René Clément, Alain Delon et Maurice Ronet s'affrontent pour l'amour d'une femme, Romy Schneider, qui il faut bien le dire, n'a jamais été aussi sexy et sensuelle que dans ce film. Ce huis-clos tourné sur les hauteurs de St-Tropez sous un soleil de plomb s'ouvre sur une image mythique : le couple Delon-Schneider, anciennement fiancés dans la vraie vie, s'enlace au bord d'une piscine. Leurs longs baisers fougueux et passionnés paraissent non feints. Si l'histoire et ses quatre personnages principaux se distillent au compte-goutte, la tension va crescendo et le malaise s'installe progressivement dès lors que le meurtre advient.
Que dire des personnages si ce n'est qu'on ne sait que très peu de choses d'eux, seulement des bribes par-ci par-là, l'intérêt étant de laisser le spectateur reconstituer le puzzle des évènements et de leur vie passée à travers les quelques éléments sécrétés ici et là dans le film. Les répliques se font rares, mais lorsque les personnages se mettent à parler, les dialogues se remplissent de sous-entendus, comme s'ils voulaient signifier leur sens contraire. Tout cela souligne l'un des thèmes principaux du film, le manque de communication entre Marianne et Jean-Paul. Celui-ci, quelque peu sauvage et distant avec les humains, se réfugie souvent dans un mutisme que Marianne ne parvient pas toujours à comprendre. Pénélope (Jane Birkin -son premier film français) est l'exact contraire de son père Harry : jeune mais taciturne, elle s'ennuie et tourne en rond, ne sachant que faire de ses journées, lassée à la fois par Harry, bavard et très à l'aise, et les jeunes de son âge. Voilà pourquoi Jean-Paul et Pénélope vont se rapprocher, mais une fois de plus leur relation reste mystérieuse et on ne saura pas vraiment ce qu'il advient entre eux. De son côté, Marianne joue la carte de l'ambiguïté, ne semblant pas rejeter les avances de Harry, qui tente clairement de la reconquérir. De là naît la tension entre les deux hommes puis la mésentente totale. La scène de l'affrontement fatal entre Delon et Ronet demeure d'ailleurs encore aujourd'hui flippante et inattendue, venant rompre la monotonie apparente de l'histoire. Maurice Ronet prouve une fois de plus quel grand comédien il était. Disparu trop tôt, l'acteur a définitivement marqué le cinéma français par sa présence imposante et son immense talent, privilégiant les rôles d'hommes bons vivants en apparence mais brisés intérieurement.
Jacques Deray exploite son décor restreint au maximum et sa réalisation participe grandement à la réussite du film. Rarement Romy Schneider aura été aussi sensuelle et désirable au cinéma et le couple Delon-Schneider est éclatant de beauté. La Piscine : plongée en eaux troubles...