La Vie Devant Ses Yeux
Le 16/09/2008 à 16:22Par Elodie Leroy
Le scénario avait peut-être du potentiel, notamment l'histoire d'amitié des deux amies d'enfance campées par les talentueuses Evan Rachel Wood et Eva Amurri, mais La Vie Devant Ses Yeux multiplie les séquences inutiles et s'assortit d'un propos en retard de dix ans sur la sexualité des adolescentes. Vadim Perelman ne transforme pas l'essai et délivre un film anecdotique plombé par un montage poussif, ne réussissant qu'à provoquer une irrépressible envie de se laisser doucement tomber dans les bras de Morphée... Découvrez ci-dessous la critique de Devant ses Yeux...
Adapté du roman éponyme de Laura Kasischke, La Vie Devant Ses Yeux possédait des intentions louables, comme d'utiliser l'argument fantastique pour raconter une histoire d'amitié entre deux adolescentes, Diana (Evan Rachel Wood) et Maureen (Eva Amurri), dont les caractères et les aspirations s'opposent priori radicalement. Tandis que la première collectionne les conquêtes et s'attire régulièrement des ennuis, la seconde obéit à des principes religieux stricts prônant l'abstinence. On aurait pu faire plus fin, mais admettons. Raconté en flash-back, leur quotidien est mis en parallèle avec celui de Diana adulte (Uma Thurman), devenue professeur d'université. La jeune femme traverse une période de dépression et connaît quelques difficultés relationnelles avec son entourage. Au début, la sauce prend plutôt bien grâce à une entrée en matière violente sur le drame qui a brisé la vie de Diana et de Maureen lorsqu'elles étaient au lycée, une agression par un élève armé dont l'issue est l'objet d'une ellipse plutôt habile. Pourtant, c'est rapidement l'ennui qui succède au mystère et à l'envie de connaître l'issue de la tragédie, la répétition de la séquence introductive devenant d'ailleurs vite assez pesante.
Les flash-backs montrant les deux adolescentes réussissent tout de même sporadiquement à arracher quelques émotions. Mais si leurs échanges relèvent incontestablement le niveau, ce n'est pas vraiment grâce à l'écriture des personnages, trop schématique dans la manière dont les caractères des deux jeunes filles sont mis en opposition, mais davantage au talent des deux actrices Evan Rachel Wood et Eva Amurri. Pourtant, il y a quelque chose d'un peu surprenant, voire dérangeant, dans la manière explicite dont le film tente de démontrer, comme si cela n'était pas évident, qu'aucune des deux jeunes filles ne devrait être jugée à travers son comportement sexuel. On se croirait revenu dix ans en arrière. Contrairement à ce que l'on pouvait attendre, ce n'est pas la présence d'Uma Thurman qui tire le métrage vers le haut : ses séquences léthargiques s'avèrent vite totalement dénuées d'intérêt et alourdissent inutilement la narration. Vadim Perelman fait de son mieux pour captiver l'attention en multipliant les effets de mise en scène esthétisants, mais ces derniers se voient plombés par un montage poussif témoignant d'une absence totale de sens du rythme. Ajoutons à cela que l'amateur de thrillers fantastiques à la Carnival of Souls aura vite deviné le fin mot de l'histoire. Dans le genre, on vous conseillera de (re)découvrir l'excellent Frozen Days (Danny Lerner), film israélien un peu passé inaperçu lors de sa sortie en novembre dernier, mais bien plus stimulant que cette production hollywoodienne complètement insipide.