Le coach
Le 07/09/2009 à 17:10Par Michèle Bori
Malgré l'affection que l'on peut porter à Olivier Doran, son nouveau film Le Coach se révèle être une petite déception. Car pour être francs, nous nous attendions sincèrement à quelque chose de moins convenu de la part de celui qui, avec Pur week-end, nous avait offert une comédie d'aventure drôle, rythmée et autrement plus audacieuse. Là où cette dernière se permettait de sortir des sentiers battus (au sens propre comme au sens figuré), Le Coach, lui, reste un peu trop dans les clous et manque cruellement de la touche de singularité qui le rendrait mémorable. Et avec son humour très "vieille France", se situant quelque part entre du Francis Veber et du Olivier Lejeune, ses comédiens peu inspirés (la palme revenant à Richard Berry, qui semble reprendre son rôle de 15 Août) et son scénario bien prévisible, Le Coach fait figure de petite comédie française mineure, bien propre sur elle, pas déplaisante, mais surtout pas vraiment emballante.
Découvrez ci-dessous la critique de Le coach
Francis Veber est de retour ! Après L'emmerdeur, voici Le Coach. Jean-Paul Rouve y incarne l'éternel François Pignon, gauche, timide et dans les pattes d'un Richard Berry cynique, taciturne et fatigué par le manque de réactivité de cet acolyte au premier abord un peu limité, mais qui lui apportera finalement un peu d'humanité dans sa triste existence. Une belle leçon de vie qui vient apporter une pierre à l'édifice de ... hein ? Pardon ? Ah ... Excusez-nous, on nous annonce dans l'oreillette que Le Coach n'est pas réalisé par Francis Veber, mais par Olivier Doran (Pur Week-end). Autant pour nous mais la ressemblance était vraiment troublante. En même temps, on s'étonnait de voir autant de mouvements de caméra dans un film de Veber.
Attention, de ne pas mal comprendre : un "Francis Veber-like", nous, on a rien contre. Que le papa du Diner de con ait fait des émules n'est pas chose blâmable ni regrettable, tant le bonhomme nous a offert par le passé quelques bobines bien marrantes (la Chèvre n'est elle pas une des meilleures comédies que l'Hexagone nous ait offert ?). Par exemple, il y a quelques mois, dans le même registre, Incognito nous avait franchement emballés. Néanmoins, une chose est sûre : lorsqu'on sort un film qui marche dans les pas de Veber : 1/ il faut que ce soit drôle et 2/ il ne faut pas s'attendre à provoquer la grande révolution d'Octobre dans le paysage cinématographique français. C'est dans les vieilles marmites qu'on fait les meilleures soupes, certes. Mais parfois, une nouvelle recette ne ferait pas de mal pour rajeunir un peu la carte. Le coach serait-il l'exemple parfait d'un cinéma comique national qui préfère se tourner vers le passé plutôt que de chercher à se renouveler ? Nous serions proche de répondre par l'affirmative. Et voilà donc le problème de ce film : il sent cruellement le renfermé. Pire, il sent même la naphtaline. Et si on l'avait découvert un lundi soir sur NRJ 12, on aurait presque pu penser qu'il était sorti dans une autre décennie. Dès lors, à l'instar de ces comédies vieillotes, il ne fait pas rire. Ou très peu, car on a l'impression de le connaître par coeur, pour l'avoir déjà vu une bonne demi-douzaine de fois ailleurs. Mais, notre déception vis-à-vis du Coach ne vient pas tant de son manque d'originalité et de son humour rétro que du metteur en scène qui nous l'aura apporté, Olivier Doran.
Nous espérions sincèrement de Doran une comédie moins banale, plus dynamique, et, qui plus est, qui viendrait confirmer les ambitions de cinéma de ce réalisateur après Pur Week-End. Car malgré ses défauts, Pur Week-end reflétait une audace certaine, un désir d'offrir au spectateur quelque chose de plus recherché qu'une sempiternelle histoire de trentenaires qui se posent des questions en randonnée (n'est-ce pas Philippe Harel ?), et ne serait-ce que par son côté "comédie d'aventure" finissait par se démarquer du tout venant franchouillard. Pas Le coach, qui lui s'enlise au contraire dans des clichés conventionnels en enchainant les situations clefs-en-mains et les rebondissements faciles. Côté personnages, ce n'est pas folichon non plus puisqu'on trouvera - outre le tandem comique Veber-esque Rouve / Berri - un chef d'entreprise veule, une petite sœur envahissante, une jolie blonde qui ne sert qu'à caser une love-affair sans passion, un collègue jaloux et psychorigide qui convoite le poste et la copine du héros et même, comble de la ringardise, des chinois qui viennent signer un juteux contrat ! Olivier Lejeune n'est pas loin ... ne manque plus que l'amant dans le placard. Peu aidés par ces personnages bien clichés, les comédiens (pourtant forts sympathiques : Anne Marivin, Mélanie Bernier, Jean-Noël Brouté, David Watteau...) nous offrent une partition peu joyeuse et bien prévisible. En particulier Richard Berry. Il n'y a rien d'étonnant à ce que Richard Berry fasse du Richard Berry. Mais pas grand chose ne nous étonne dans ce film. Et c'est peut-être ce qu'il y a de plus triste...