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Le Jour où la terre s’arrêta – 2008

Le 10/12/2008 à 00:01
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Notre avis
3 10 Il parait que la chance sourit aux audacieux... De l'audace, ceux qui se sont attelés à ce remake d'un grand classique parmi les classiques de la SF n'en n'ont pas manqué. En flanquant l'enveloppe charnelle de Keanu Reeves à Klaatu, extra-terrestre mythique du Jour où la terre s'arrêta venu tirer les oreilles aux terriens pour leur mauvais comportement, on joue ouvertement avec le feu. Une prise de risque qui force presque l'admiration à tel point qu'on se dit que seul un mec vraiment sûr de ce qu'il fait s'engagerait dans une pareille entreprise. Pour l'audace, c'est bon ! Pour la chance, les mêmes responsables ont un peu trop compté dessus. Un film qui n'accorde pas ses violons ne peut fonctionner qu'avec de la chance : un réalisateur (déjà responsable de L'Exorcisme d'Emily Rose) qui saute sur l'opportunité pour étoffer sa filmo sans se soucier de marcher sur des braises, la volonté de faire un blockbuster sans en être un, un discours qui se perd entre ce que racontait l'original et la façon maladroite dont on veut le faire évoluer et des producteurs qui misent tout sur le titre... Le tout aboutit malheureusement à un film qui passe justement à côté de sa chance. Comme le spectateur, qui n'attend qu'une seule chose : Le Jour où les remakes inutiles s'arrêteront !

Critique Le Jour où la terre s’arrêta – 2008

On attend de pied ferme le sacrilège ultime, qui arrivera inéluctablement un jour (où le cinéma s'arrêtera peut-être) et aura dépassé suffisamment de bornes pour réveiller les consciences. Ce jour, où on sortira un gars de son trou pour mettre en boite le remake de Citizen Kane n'est pas encore arrivé, mais l'espèce de fiasco que constitue celui de Le Jour où la terre s'arrêta est réellement un premier pas vers une inquiétante consternation. Pas pour les qualités du film en lui-même, plus proche d'un nanar moyen que d'un navet honteux, mais pour l'espèce de négligence flagrante dans laquelle sa conception a vraisemblablement baigné. Le genre de mauvais présage insufflé par une espèce de mépris, non seulement sur les démarches artistiques (ça on le savait déjà), mais surtout sur leurs propres sources culturelles, leurs propres œuvres iconiques qui ont constitué un véritable tournant dans l'histoire du cinéma. Et ce sont donc les mêmes qui se foutent royalement de ce genre de chose qui décident de piocher dedans pour en tirer un remake. Le problème, c'est que ce n'est pas si simple dans un cas comme celui-ci et foutre la tronche photoshopée d'un Keanu Reeves sur un ersatz d'affiche d'Independance Day pour tromper le public bourrin ne fait pas tout. Eh oui, le film de Robert Wise avait des vertus pacifiques, voire carrément politico-sociales pour calmer les tensions de l'époque à qui on essaie un peu bêtement de rendre hommage ici. Entre ça et le déferlement numérique consistant à épicer un peu le spectacle, la tambouille aurait pu prendre. Ouais, elle aurait pu.

 

Critique Le Jour où la terre s’arrêta – 2008

 

Dans les faits, le topo est approximativement le même que celui du film original. Klaatu, un extra-terrestre au calme olympien déboule en grande pompe sur terre pour y rencontrer ses principaux dirigeants. Sa mission consiste à dialoguer et stopper un maximum de conflits entre habitants de la planète bleue puisque son propre écosystème en souffre massivement. Son discours est pourtant clair : si personne ne se calme, tout le monde y passe et le gus a des arguments de poids pour convaincre. En particulier un gros robot, Gort, qui tire à vue sur ce qu'il constitue comme une menace. Mais ces bons vieux terriens, décidemment pas civilisés, l'accueillent avec agressivité et le mettent aux arrêts en attendant de mieux pouvoir l'étudier. Comme il n'a pas envie de finir comme le pauvre type écrasé à Roswell, qui a fini ouvert sur une table d'opération, Klatuu s'évade et rencontrera une gentille famille sur qui il basera son propre jugement pour savoir si, oui ou non, les humains méritent d'être sauvés. Jusque là c'est top, parce que ça l'était déjà depuis 57 ans de toute façon. Ca se gâte surtout pour tout ce qui vient s'y greffer. En bonne relecture, on apporte de nouvelles idées, on en soustrait d'autres, et pendant une bonne demi-heure le parti pris mystérieux du film fonctionne plutôt efficacement. La demi-heure durant laquelle on ne voit pratiquement pas le type dont on aperçoit la grosse tête sur l'affiche en fait.

 

Critique Le Jour où la terre s’arrêta – 2008

 

Un premier chapitre reposant sur les craintes d'un débarquement extra-terrestre, s'accommodants aux technologies modernes et qui trouve surtout un moyen très habile d'introduire les personnages dans l'intrigue. Compte à rebours, grosse boule magnétique (en lieu et place de soucoupe volante) hélicos de l'armée qui volent partout et tout le toutim imposent ainsi une véritable énergie à l'introduction du film jusqu'à l'arrivée de la star. On n'a rien contre Keanu Reeves, mais on a à ce moment l'impression que c'est de sa faute si le film ne fonctionne pas ! L'oiseau de mauvais augure vient vraiment du ciel. D'abord parce qu'il déboule au moment où l'entreprise file directement en pente douce sans jamais la remonter, parce que son inexpressive interprétation flirte un peu avec un mauvais jeu pur et simple, mais surtout parce que sa propre présence trahit un tant soit le concept initial que Wise avait pourtant insisté à mettre en place : celui qu'un alien, le plus étranger des étrangers, ne soit pas campé par une star ! Parti de là, tout fout le camp (ou presque) et enchaîne les fautes de gout que le film original avait judicieusement contourné : la SF moderne qui débarque avec ses énormes sabots écrasant tout semblant de sobriété, pas deux minutes sans effets spéciaux (parfois grossiers), de la démonstration poussant le vice jusqu'au débarquement d'un Gort de 30 mètres de haut totalement en 3D à mi-chemin entre Godzilla et un playmobil de dieu grec, mais surtout une histoire qui passe son temps à chercher à tâtons un fil qu'elle a perdu dès le début, ne sachant plus comment moderniser le propos initial.

 

Critique Le Jour où la terre s’arrêta – 2008

 

Au final, comme les gens qui ont écrit cette redite, on ne sait plus vraiment de quoi parle le film. Après la longue première moitié s'évertuant à dresser une jolie introduction (que Wise avait expédiée en 10 minutes chrono), le temps restant se précipite alors pour raconter beaucoup, beaucoup de choses empaquetées n'importe comment. Une histoire humaine, une histoire de famille, une histoire sans frontière, une histoire intergalactique, de rédemption, de jugement, de colère, d'appréhension, d'amour et de plein d'autres choses comme ça qui sont toutes balancées dans un Blender au lieu d'avoir été soignées ou au moins triées. Parce qu'on essaye d'être fidèle au premier opus, qui raisonnait comme un avertissement des étoiles pour cesser le feu, on en conserve l'idée en mâtinant tout de même l'ensemble de sentence, parce qu'il faut tout de même faire péter des trucs à l'écran, tout en réduisant le propos à un manichéisme primaire. Une confusion de ton et de message hors du temps qui se cherche entre une certaine radicalité d'idées et d'exécutions et un conformisme manichéen, moralisateur au possible sans jamais assumer aucun des deux aspects. Un film qui ne sait pas ce qu'il veut, finalement, souhaitant secouer son public mais pas trop et qui passe la majorité de son temps à se chercher. A ce moment là, on n'est même plus un spectateur. Juste le témoin malheureux d'un spectacle inachevé ou alors à la hâte et qui se terminera par un générique de fin tombant comme un cheveu sur la soupe, comme si le réalisateur ne savait même pas conclure son histoire porridge. En tout cas, ce n'est pas ce que l'on peut appeller un bon film. Et le monde continuera de tourner sans lui.








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