Le Livre d'Eli
Le 20/01/2010 à 20:25Par Kevin Prin
Voilà qui est bien dommage : nous voici devant un film au potentiel certain, à la sympathie tout d'abord immédiate, mais qui ne cesse de déraper jusqu'à s'envoyer dans le décor avec fracas pour devenir un nanar post-apocalyptique catholico-ringard sous influence de Zatoichi. Quelque part, c'est un nouveau genre en soi...
Découvrez ci-dessous la critique du film Le Livre d'Eli avec Denzel Washington
On a beau aimer ou détester les films des Frères Hughes, leur soin technique apporté à la mise en scène a tout de même sauvé From Hell du naufrage en 2002. Les jumeaux Albert et Allen se répartissent en effet le travail d'une façon assez originale, l'un portant son attention en priorité à l'image et l'autre au son. Après une absence de sept ans, les revoici aux commandes d'un film assez excitant, Le Livre d'Eli, dont le récit prend place après une apocalypse transformant le monde en un simili Mad Max violent et poussiéreux. Un homme au milieu doit protéger un mystérieux livre, convoité de tous...
Ce livre, on le comprend très rapidement, c'est La Bible, la dernière au monde puisque les humains ont désigné les religions responsables des guerres entraînant l'Apocalypse, brûlant tout livre religieux à sa suite. Inutile de faire plus de détours, le film n'en prend pas avec son message limpide : le salut de notre monde viendra par La Bible, Denzel étant le bras vengeur de Dieu. Argh ! Bien caché avant la sortie du film (bandes-annonces, extraits, affiche), le vrai sujet du film est d'un puritanisme chrétien absolu dans ce qu'il a de pire, puisqu'il renvoie aux discours et à la violence des pires moments de la chrétienté. Un message qui atteindra son apogée dans ses vingt dernières minutes, comprenant un twist, bien trouvé se dit-on sur le moment, mais qui ne fait que renforcer cette idéologie au-delà du douteux.
Le Livre d'Eli commence pourtant très bien, par une vingtaine de minutes où la mise en bouche fonctionne à merveille, comme dans une série B rondement menée, violente et plutôt jolie, portée par un Denzel Washington toujours autant en forme. Mais si les dérapages thématiques s'enchaînent aussi tôt, ils s'accompagnent de choix de mise en scène également regrettables, des effets empruntés à gauche et à droite (Bad Boys 2 par exemple) d'un niveau technique ici très faible, au casting carrément lourdeau (Gary Oldman qui ressort ses tics du Cinquième élément, jusqu'à sa dernière scène, très proche de celle du film de Besson !). Quelque part, c'est très drôle. Mais c'est également horripilant !